1. Accueil
  2. > Environnement économique
  3. > Emploi
  4. > A propos des emplois difficiles à pourvoir

A propos des emplois difficiles à pourvoir

samedi 26 octobre 2013

Il y a, et c’est heureux, toujours des emplois à pourvoir sur le marché du travail qui se caractérise par des flux permanents de création et de destruction d’emplois. En France, l’importance de ces flux est accrue par le poids des contrats courts : on dénombrait ainsi en 2012, 21,1 millions de déclarations préalables à l’embauche, dont 14 millions concernaient des embauches en contrats à durée déterminée de moins d’un mois.

Le Conseil d’orientation pour l’emploi estime à 820 000 les postes à pourvoir à un moment donné, voire 1,7 million en prenant en compte les contrats courts. Tous les postes inoccupés ne présentent pas difficultés de recrutement dans la durée.
Au total, un million d’emplois peineraient à être pourvus, soit parce qu’il a fallu plus de trois mois pour les pourvoir, soit parce que les offres ont été retirées faute de candidats. Si la baisse du chômage passe avant tout par la création de nouveaux emplois, on ne peut faire l’économie de réduire le nombre d’emplois durablement non pourvus.

Dans quels secteurs ou métiers ? les industries mécanique et du travail des métaux (ouvriers qualifiés travaillant par enlèvement et formage de métal, techniciens et agents de maîtrise des industries mécaniques) ; les dessinateurs en électricité et électronique ; les ouvriers qualifiés de l’impression et du façonnage des industries graphiques ; les techniciens et agents de maîtrise de la maintenance ; dans la santé : les aides-soignants, les infirmiers, les médecins, les professions paramédicales ; les ingénieurs et cadres d’études et développement en informatique ; les attachés et cadres commerciaux ; les aides à domicile, les métiers de l’hôtellerie-restauration (cuisiniers et employés et agents de maîtrise de l’hôtellerie-restauration), les conducteurs (engins agricoles, transport en commun, engins du BTP, etc.) ou encore les métiers de bouche (boucher, charcutier, boulanger, pâtissier, etc.).

Les raisons sont multiples : l’inadéquation des compétences (au sens large) des candidats, mais aussi le manque d’attractivité de certains métiers (image, salaire, conditions de travail), les importants problèmes de mobilité géographique (logement, couple), le caractère saisonnier des besoins, etc.

L’inadéquation entre les compétences attendues par les recruteurs et celles disponibles, en raison d’un déficit (réel ou ressenti) de compétences des candidats (formation initiale ou continue inadaptée, manque d’expérience professionnelle) ne se comble pas facilement. Le COE insiste donc sur la nécessité de progresser dans l’analyse précise dans les branches locales et au niveau des territoires, d’anticiper l’impact local des évolutions industrielles ou autres, de rendre du coup plus souple et plus réactive l’offre de formation, plus attentive aux compétences transférables d’un métier à l’autre.

Le déficit d’attractivité de certains métiers, qu’il soit lié à des facteurs objectifs (conditions de travail difficiles, horaires atypiques, salaires insuffisants, etc.) ou à des facteurs subjectifs (manque d’information, image négative du métier ou du secteur, absence de perspective de carrière) demande un effort spécifique des branches et des employeurs pour changer l’image et offrir des compensations. D’autant qu’il ne suffit pas de pourvoir à un emploi, il faut aussi fidéliser celui qui l’occupe pour diminuer le turn-over.

Autre axe d’action : le manque de fluidité du marché du travail en raison d’une segmentation du marché du travail selon les métiers (marché externe, interne, professionnel) ou le genre, d’une mobilité géographique insuffisante ou encore de certaines règles et du fonctionnement du service public de l’emploi. Le manque d’information de certains demandeurs d’emploi en matière de recherche d’emploi (et le manque de maîtrise de ces techniques) ainsi que les difficultés rencontrées par certains employeurs (notamment dans les entreprises de petite taille qui embauchent plus rarement) interviennent également.

La négociation territoriale, en liaison avec les collectivités territoriales et Pôle emploi, a là un vaste chantier. Le lancement d’opérations locales pour réduire le stock d’emplois durablement non pourvus devrait être répété, ne serait-ce que pour les enseignements qu’on peut en tirer.