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Accord Grèce – Zone euro : un accord gagnant gagnant s’il est appliqué

mercredi 4 mars 2015

Derrière les discours musclés de façade opposant le gouvernement grec (qui a cherché à se débarrasser de la Troïka sans y parvenir) ou du gouvernement allemand (qui menaçait la Grèce de sortie de la zone euro), les gouvernements de la zone euro et celui de la Grèce sont finalement parvenus à un accord, une nouvelle fois in extremis.

Cet accord permet de remplir quatre objectifs qui paraissaient jusque-là inconciliables :

  • Maintenir la Grèce dans la zone euro
  • Continuer la solidarité européenne en faveur de la Grèce avec le financement d’une nouvelle tranche de dépenses publiques par le Mécanisme européen de Stabilité
  • Rénover le plan d’austérité grec en instaurant des mesures sociales
  • Poursuivre les réformes financières structurelles dont la Grèce a le plus grand besoin.

Ainsi le gouvernement grec aura mis de l’eau dans son « ouzo », mais aura permis de faire évoluer les mesures d’austérité qui étaient imposées au peuple grec depuis la crise financière de 2008 et la fin du financement de la dette grecque sur les marchés financiers.

Finalement cet accord est gagnant-gagnant. Il permet aux Etats membres de la zone euro de continuer à financer les déficits grecs tout en maintenant un contrôle sur le budget de l’Etat grec.

Mais il a aussi permis au gouvernement grec d’innover en instaurant des mesures sociales au sein du programme de réforme et d’austérité présenté à ses partenaires européens. Le gouvernement prévoit ainsi de moderniser le système fiscal et le rendre plus efficace en remplaçant les exemptions d’impôt sur le revenu actuellement en place par des baisses d’impôts ciblées sur les personnes à faible revenu, de mettre en œuvre un cadastre comme dans les autres pays de l’UE, d’augmenter le salaire minimum en respectant la compétitivité des entreprises et la place de la négociation collective, de développer un système de revenu minimum garanti et des mesures comme des bons d’alimentation pour les personnes les plus pauvres. Il prévoit aussi de respecter ses engagements européens comme de garantir les privatisations en cours mais d’améliorer les recettes tirées des futures privatisations, d’améliorer la collecte de l’impôt, lutter contre la corruption et restaurer un Etat de droit.

Si elle instaure des mesures sociales au sein d’un programme de stabilité, la Grèce finalement prouvera qu’elle pouvait améliorer la politique d’austérité par des mesures nationales tout en respectant ses homologues européens qui financent son déficit et le tout sans sortir de la zone euro. Encore faut-il que les engagements généraux présentés par le gouvernement grec et sa majorité soient mis en musique rapidement. Dans ce cas, on pourra alors dire que la Grèce a peut-être paradoxalement contribué à sauver la zone euro de certains de ses démons…