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Apprentissage, voie scolaire, quelle insertion des jeunes ?

mercredi 7 septembre 2016

Progression des effectifs des jeunes issus de l’apprentissage

Le CEREQ, à travers ses enquêtes Génération 2004 et la dernière (publiée en 2013) sur les sortants 2010, fait apparaître le double phénomène d’accroissement des effectifs d’apprentis diplômés annuellement passant de 110 000 à 143 000 et d’une augmentation du niveau de diplôme acquis. Cette augmentation se construit ainsi, de 41 700 à 44 600 CAP BEP, 17 500 à 36 200 Bac, 13 600 à 18 400 Bac +2, Licence de 2 700 à 10 500, Master 5 000 à 6 500 et Écoles d’ingénieurs ou de commerce 2 300 à 6 100. Ainsi à une progression faible des jeunes en CAP BEP, correspond une « explosion » des jeunes issus des licences et des grandes écoles, déterminant la hausse des niveaux par une rapide diffusion de l’apprentissage dans les parcours de formation des étudiants.

Constat : en 2010 près d’un diplômé de licence professionnelle sur trois et un diplômé sur cinq de grande école termine la formation dans le cadre d’un contrat d’apprentissage.

Les apprentis ont une insertion professionnelle « nettement plus favorable que ceux issus de la voie scolaire ».

Si les taux d’insertion des apprentis demeurent nettement plus favorables, les effets de la crise de 2007 ont impacté l’insertion des jeunes sortants (chômage et rémunération) issus de l’apprentissage et ceux issus de la voie scolaire. Comparativement, l’insertion des apprentis démontre un plus faible taux de chômage. En effet le « surchômage » des scolaires (différence des taux de chômage) se confirme en 2004 et 2010, il est quasi stable pour les CAP BEP, a fortement progressé pour les Bac Professionnels, écart de 7 points en 2004 et de 13 points en 2010, 2 points à 1 point pour les Ecoles d’ingénieurs sur la même période.

L’impact se traduit également en termes d’évolution de salaire médian par la progression du « sur-salaire » (différence des salaires) des apprentis par rapport aux scolaires. Les progressions des écarts salariaux sont les plus importantes pour les CAP BEP passant de 2004 à 2010 de 20 à 100 points et parfois avec des effets contraires pour des niveaux intermédiaires. À noter que la différence est quasi nulle entre les apprentis et les scolaires pour les ingénieurs.

En 2010, le salaire médian des CAP BEP est de 1 300 € pour les apprentis et 1 200 € pour les scolaires, en Bac Pro respectivement 1 320 et 1 250, avec un BTS DUT 1 430 et 1 410, avec une licence professionnelle 1 650 et 1 520, avec un master professionnel 1 980 et 1 840, une école de commerce respectivement 2 560 et 2 220, et 2 360 à 2 350 en école d’ingénieurs.

Questions posées

Mais ce que révèle aussi l’étude du CEREQ c’est que les jeunes de bas niveau deviennent les plus grands absents de l’évolution de l’apprentissage. En effet, malgré une légère augmentation en nombre, pour le niveau CAP BEP si 50 % d’apprentis en 2004 sortaient à ce niveau, ils ne sont plus que 36 % en 2010. D’une manière plus large il est possible de constater que l’apprentissage « attire » de moins en moins les jeunes de bas niveau en difficulté qui dès lors entrent dans la voie scolaire avec la perspective d’une plus difficile insertion.

En fait, les avantages des apprentis sont le résultat de plusieurs facteurs, dont notamment : des profils sociaux différents, des territoires dont des quartiers plus ou moins favorisés et des tissus économiques plus ou moins favorables.

Les filles sont toujours peu présentes dans l’apprentissage voire quasi absentes dans certaines filières industrielles et par ailleurs fortement concentrées dans les spécialités tertiaires de la voie scolaire, affaiblissant ainsi leur potentiel d’insertion.

L’apprentissage se développe dans des filières plus porteuses d’insertion car offrant des débouchés mais en même temps dans une problématique de sélectivité des entreprises défavorable pour certains profils de jeunes en difficulté d’insertion.

Ces questions posées alimentent le débat sur le système de l’enseignement de la voie professionnelle par une demande qu’entre l’existence des deux voies, apprentissage et voie scolaire, un choix soit fait pour une refondation unitaire de la voie professionnelle autour de l’apprentissage.


Source
Bref 346 mai 2016, CEREQ :
http://www.cereq.fr/actualites/Insertion-des-apprentis-un-avantage-a-interroger