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Congrès de FO

samedi 21 juillet 2007

Le 21 ème congrès de CGT-FO : un congrès pour rien ?..

Certes la presse n’a pas manqué de mettre en scène les 2500 délégués votant à la quasi unanimité le rapport d’activité de Jean-Claude Mailly, puis à mains levées les résolutions, sa réélection à 100 % comme secrétaire général par le comité confédéral national, le renouvellement de l’équipe dirigeante avec les départs notamment de Jean-Claude Mallet, son concurrent d’hier, et de Jean-Claude Quentin, l’absence d’affrontements à la différence des précédents congrès et la clôture du congrès par le chant de l’Internationale.

Le style de Jean-Claude Mailly n’a pas la gouaille populiste, parfois scandaleuse, de Marc Blondel : réservé, il ménage ses relations avec les autres organisations, fait des ouvertures, invitant ses militants à éviter le dogmatisme, à ne pas oublier la tradition contractuelle de la CGT-FO de Bergeron, à jongler entre réformisme et contestation. « Renier le réformisme, c’est se politiser. Renier la contestation, c’est s’anesthésier »Pour autant, il n’y a pas eu de vrais débats tranchés par des votes sur des amendements, même si les sensibilités différentes s’exprimaient dans les interventions : nulle indication sur les rapports de forces internes. Pourtant cela aurait été bien utile pour savoir comment la politique syndicale de FO arrive à gérer sa zone d’influence bigarrée décrite par le vote des sympathisants de FO au premier tour des présidentielles : 19 % à la gauche radicale ; 25 % au PS ; 19 % au Centre : 20 % à l’UMP ; 14 % à l’extrême-droite.

Bravo à l’artiste qui arrive à piloter une organisation alliant des pratiques contrastées, où la capacité de signer des accords dans le privé de la métallurgie, de la pharmacie ou du bâtiment, cohabite avec le radicalisme du secteur public ou des assurances et de la chimie, sans qu’on parvienne à savoir, au bout du bout, quels sont ses choix stratégiques pour les années à venir.

Notons que les commentateurs soulignent à propos des règles sur la retraite, avec une étrange unanimité, les efforts de Mailly en faveur d’une position plus modérée que l’appel à la grève générale : pour notre part, nous trouvons étonnant de voir apprécier comme un progrès sur la voie du réalisme l’acceptation par FO comme un moindre mal de se battre sur les 40 annuités alors que tout le monde sait qu’aller au-delà est une des questions majeures de la négociation de 2008, d’autant que cette perspective est déjà inscrite dans la loi !

Pourtant la lecture attentive des résolutions adoptées par le Congrès (voir le site de FO : www.force-ouvriere.fr) n’incite pas à l’optimisme. Ces textes fournis sont un hymne au statu quo, voire au retour en arrière, anthologie des refus de toute modification et des surenchères de l’appel au financement de l’Etat et des entreprises : les revendications s’accumulent sans que jamais le moindre doute soit évoqué sur leur financement, pas plus que sur les arbitrages qu’il faut bien rendre à l’égard de salariés qui sont à la fois des cotisants et des contribuables. L’idéologie du service public, conjuguée avec un discours très antieuropéen, qui charpente la résolution générale, témoignent que FO a choisi de surfer sur la bonne conscience du village gaulois... et qu’elle est imprégnée du mode de pensée du courant trotkyste lambertiste du Parti des Travailleurs.

Pourquoi ? Parce que FO tente de renouer une coalition d’intérêts avec la majorité politique issue des élections présidentielles et législatives de 2007. Comme en 1958, face au gaullisme triomphant, en 2007, Mailly recherche une sorte de donnant-donnant, - le tête à tête au restaurant Sarkozy-Mailly n’est pas un épisode négligeable-, où FO se déclare prête à donner des gages sur les divers dossiers en négociation contre un report sine die de la réforme de la représentativité et des conditions de la validité des accords sociaux...et la non-reconnaissance de l’UNSA comme confédération. On peut cependant être sceptique, compte-tenu des positions arrêtées en congrès, sur sa capacité à retrouver un rôle d’interlocuteur solide du patronat et du gouvernement. A l’arrière-plan, l’enjeu des prochaines prud’hommales de 2008 où FO voudrait bien réussir, ce qu’elle fit en 1983, un meilleur score que ses 18 % de 2002, aux dépens des cinq autres confédérations et de la menace que constitue sur son pré-carré l’UNSA. Dans la recherche de compromis où elle se reconstituerait une image plus alléchante, elle peut espérer avoir l’oreille du conseiller social du Président de la République, Raymond Soubie, et dans le patronat du vice-président de l’UNEDIC, Gautier-Sauvagnargues et du président de la CGPME, Jean-François Roubaud

Il ne s’agit pas seulement pour elle d’améliorer son audience ; il lui faut aussi maîtriser le renouvellement de son corps militant : d’où l’apparition d’une résolution « syndicalisation » qui témoigne de sa préoccupation, alors qu’elle réfute tout scrutin de représentativité confédérale sur sigle et affirme son opposition au principe même de l’accord dit majoritaire. On n’aura pas pour autant d’éclaircissements sur le nombre réel d’adhérents de cette organisation (800 000 pour la Confédération Syndicale Internationale, 300 000 pour la presse), ni sur les évolutions d’une organisation interne, fragmentée en 15 000 syndicats, souvent groupusculaires, des fédérations très autonomes et des Unions départementales qui ne le sont pas moins.

Au total, seul le positionnement de FO dans les diverses consultations et négociations de l’année à venir permettront d’interpréter la portée réelle d’un congrès qui n’a pas manifesté une véritable clarification stratégique.

Le rendez vous clarificateur sera celui de la négociation engagée avec le Medef sur le marché du travail (contrat de travail, sécurisation des parcours professionnels, assurance-chômage). On devine que la CGT ne signera rien. Si FO se dérobe, on saura que son retour au réformisme a été l’affichage d’un instant de Congrès..