samedi 13 février 2016
La COP 21 s’est achevée sur un accord historique (voir les + et les - de l’accord sur EurActiv.fr dans les sources). S’il faut saluer le résultat diplomatique et étatique (195 pays se sont engagés), force est de constater que tout commence maintenant et en particulier, et surtout, les questions liées au travail et à l’activité humaine.
Car c’est de cela dont il faut parler, le « comment faire » loin du Bourget. Comment diminuer drastiquement notre consommation d’énergie fossile, développer les énergies renouvelables, engager l’économie sur la voie de l’éco-efficience et du développement durable ? Or, engager avec succès les changements nécessaires de nos modes de production et de consommation entraîne parallèlement des changements dans les façons de travailler et dans les emplois. Guy Rider, Directeur général de l’OIT a écrit dans une tribune récente que « l’environnement n’est pas un problème pour l’emploi, c’est l’emploi qui est une solution pour l’environnement ».
Pour réussir ce changement fondamental, nous avons identifié un certain nombre de grands enjeux qui concerne l’emploi et le travail.
Trois exemples récents d’avancées des acteurs sociaux sur la question du développement durable.
– Une étude commanditée en 2013 par la CGT auprès du LEST et de l’IRES sur l’évolution du bâtiment par rapport aux nouvelles contraintes de la transition énergétique. « Vers de nouveaux rapports entre les acteurs de l’acte de construire ? » (en région PACA) s’est concentrée sur les aspects organisationnels du secteur, en constatant que sa très grande hiérarchisation constituait un obstacle à la coopération, et donc à l’innovation. Il existe de fait une séparation voulue par les textes entre la maîtrise d’ouvrage et la maîtrise d’œuvre, qui peut être source de dysfonctionnements. L’étude montre que le pôle de compétitivité POLEBAT, créé en 2008, et reconnu par la Région PACA, a su répondre à la demande des acteurs en remettant en cause la division du travail existant actuellement dans le bâtiment, en se révélant un espace d’expérimentation appliqué par la suite à de nouveaux bâtiments.
– Énergies de citoyens est une association mulhousienne créée en 2013. Elle œuvre dans la relance énergétique et regroupe citoyens, entrepreneurs et institutions locales autour de projets d’efficacité énergétique et de production d’énergies renouvelables. Elle se fixe comme objectif que 20 % de l’énergie consommée par l’agglomération soient produits localement, « pour que le montant de la facture énergétique retourne dans la richesse locale ». Trois axes ont été définis : augmenter la production d’énergie renouvelable, réaliser des économies d’énergie et améliorer la productivité de l’énergie.
À partir de l’hiver 2014, l’association engage des actions de pédagogie en organisant chez les particuliers des « Apéro-réno » (rénovation), sur le modèle des réunions Tupperware. Elle monte une offre très locale, essaime à Valenciennes et à Angers, valide un business plan et crée une société d’exploitation pour développer cette activité. Après une levée de fonds, Hey’Nergie voit le jour en décembre 2015. L’association y a des parts. En parallèle, Énergies de Citoyens sous-traite à des exploitants de chaufferies collectives une activité de conseil aux particuliers copropriétaires.
– Les unions régionales CFDT de Midi-Pyrénées et de Languedoc-Roussillon font de ce dossier une opportunité de travail en commun dans la perspective de la grande région politique, désormais créée, et du changement institutionnel pour la CFDT. Elles ont créé un groupe de travail sur la transition énergétique et l’action syndicale.
Leur objectif est de mettre le focus sur le rôle et la responsabilité que les salariés peuvent assumer dans l’émergence d’un nouveau modèle de développement soutenable au service de l’emploi. Un préalable a été défini. Pour réussir la transition écologique, il faut réussir la transition digitale. C’est cette transition numérique qui est la vraie rupture et qui va rendre possible la rupture écologique. Des filières prioritaires ont été définies au regard des caractéristiques de la nouvelle région : le transport, l’agroalimentaire, première filière de la région, le secteur du bâtiment et la chimie. En parallèle, le groupe de travail se donne comme objectif de développer le dialogue social et les pratiques participatives de proximité (l’information, l’éducation, la formation aux enjeux de la transition écologique, les pratiques participatives de type Agenda 21, l’outil du Bilan carbone, le dialogue économique, social et environnemental …)
Conclusion
Cette nouvelle phase de la transition met le travail, l’activité humaine au cœur des changements. Selon les études de l’OIT, la transition écologique pourrait créer jusqu’à 60 millions d’emplois d’ici 2030 dans le monde. Investir dans la transition, au-delà d’un peu de peinture verte, c’est en effet investir dans de nouveaux modes de production, plus économes en ressources. C’est élargir l’horizon aujourd’hui bouché d’une productivité qui ne progresse pas au détriment de l’environnement, mais au contraire en le préservant.
Sources