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Et les femmes devinrent plus diplômées que les hommes

samedi 18 mai 2019

C’est par ce titre qui annonce une révolution, au sens premier du terme, que le CEREQ [1] nous livre les résultats de sa dernière enquête Génération menée depuis 20 ans. Un chiffre clé : 56 % des bacheliers généraux sont des bachelières. Et au-delà, la place des jeunes femmes sur le marché du travail s’est améliorée : plus diplômées, davantage en emploi, elles bénéficient aussi d’un début de rattrapage salarial, et accèdent à des métiers et des filières plus proches de ceux des hommes. Même si nous verrons que cette harmonisation se fait parfois par un nivellement par le bas plutôt que par une harmonisation vers le haut.

Des enquêtes menées depuis 20 ans qui laissent voir de grands changements

Les inégalités professionnelles entre les femmes et les hommes sont un fait historique mais les progrès d’aujourd’hui s’inscrivent comme une des grandes évolutions de notre société. Quasi en silence comme d’ailleurs bien des révolutions sociales ! Les enquêtes Génération du CEREQ interrogent à intervalles réguliers un large échantillon de jeunes sortis la même année du système scolaire. Cela permet de rendre compte des permanences et des principaux changements en matière d’accès des jeunes au marché du travail, au terme de deux décennies marquées par l’installation d’un chômage massif mais aussi par un accès toujours plus important à l’enseignement supérieur.

Les vingt dernières années sont marquées par une réduction des inégalités de genre en début de vie active

D’abord parce qu’en amont du marché du travail, les filles ont, dans un contexte d’essor général de la scolarité des jeunes, rattrapé puis dépassé le niveau de formation des garçons, au point d’être désormais globalement plus diplômées. Et ensuite, parce que la participation des femmes au marché du travail, amorcée au milieu des années soixante, n’a cessé de progresser. En 2015, elles représentent ainsi 48 % de la population active occupée.

Des jeunes femmes de plus en plus diplômées

  • Dans le secondaire, le niveau de formation des jeunes (tous genres confondus) s’est globalement élevé, la proportion de bacheliers dans une génération est passée de 48 % en 1991 à 78 % en 2015. Si les filles étaient déjà majoritaires parmi l’ensemble des bacheliers depuis plus de quarante ans, elles représentent aujourd’hui 56 % des bacheliers généraux. Il s’agit de la filière préparant le mieux aux études supérieures longues. Elles sont aussi de moins en moins nombreuses à sortir du système scolaire sans aucun diplôme : 25 % en 1990-92 contre 10 % en 2014-16, quand les hommes sont passés de 28 % à 15 % de sortants sans diplôme sur les mêmes périodes.
  • Dans le supérieur, leur présence s’est renforcée, notamment aux niveaux les plus élevés (master et doctorat). Depuis les années 1990, la carte des formations supérieures s’est fortement développée, et la réforme LMD a multiplié l’offre de diplômes avec la création des licences professionnelles. Cela s’est accompagné d’une hausse globale des niveaux de sortie du système éducatif, encore plus manifeste pour les jeunes femmes. Sur la période 2014-16, parmi les jeunes sortant de formation initiale, 40 % des hommes et 49 % des femmes étaient diplômés de l’enseignement supérieur contre respectivement 32 % et 33 % sur la période 1990-92.

Des filières plus équilibrées

Les choses bougent également dans les filières vers davantage de mixité dans les choix de formation, même si certains bastions masculins et féminins se maintiennent. La ségrégation éducative s’atténue sous l’effet de deux mécanismes. D’une part, dans la majorité des filières s’opère un mouvement d’équilibrage entre les effectifs féminins et masculins. D’autre part, les filières dont les effectifs ont le plus augmenté sont les moins ségréguées (formations universitaires de santé, de sciences économiques et AES, écoles de commerce). A contrario, les filières plus ségréguées que la moyenne (CAP-BEP industriels, bacs littéraires, filières scientifiques de l’université…) ont perdu des effectifs.

Et sur le marché du travail ?

Ces évolutions scolaires et universitaires, indéniables, ne se retrouvent pas entièrement dans le marché du travail. Les rapporteurs de l’enquête montrent certes une convergence dans l’accès à l’emploi. Cinq ans après la fin de leurs études, les femmes et les hommes se retrouvent à parts égales en emploi en 2015, alors qu’en 1997 les femmes accusaient un retard de 13 points. Mais ce rapprochement est la conséquence directe d’un accès plus difficile des jeunes hommes à l’emploi au fil des générations, alors que celui des jeunes femmes s’améliore.

Par ailleurs, en vingt ans, les conditions d’insertion se sont détériorées pour tous. Parmi les jeunes en emploi cinq ans après leur sortie de formation, la part des emplois à durée indéterminée a chuté de 9 points pour les femmes et de 7 points pour les hommes. Sans surprise, les non-diplômés sont davantage touchés par la précarisation des emplois.

En conclusion, le CEREQ constate un rapprochement des destinées professionnelles des femmes et des hommes. Les emplois mixtes se renforcent, tandis que les emplois très féminisés ou masculinisés diminuent et que l’accès à la catégorie « cadre » pour les femmes a fortement évolué. Désormais, la part de jeunes femmes qui occupent un emploi de cadre cinq ans après leur entrée sur le marché du travail est devenue équivalente à celle des jeunes hommes. Il reste à aller encore plus loin pour que les progrès sur le marché du travail soient à la hauteur des évolutions observées dans la formation.

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Source


Notes :

[1CEREQ : Créé en 1971, le Centre d’études et de recherches sur les qualifications est un pôle d’expertise placé sous la double tutelle du ministre chargé de l’éducation et du ministre chargé de l’emploi.