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Euro fort, Euro faible : quel futur ?

mercredi 9 juillet 2014

Le scénario de l’abandon de l’euro par la France seule n’est pas réaliste. Ce serait nécessairement toute la zone qui se fractionnerait, provoquant une défiance généralisée, un morcellement de l’espace européen entravant les échanges, des variations erratiques des taux de change et des taux d’intérêt, des mouvements de capitaux fuyant les pays considérés comme peu sûrs, etc. L’économie plongerait immédiatement dans une dépression bien plus grave que celle de 2008, une montée du chômage sans précédent. Chacun peut imaginer la suite du scénario catastrophe que des apprentis sorciers auraient déclenché.

Sommes-nous pour autant condamnés à la dévaluation interne, autrement dit à la déflation salariale et à la course au moins disant social, cette autre manière – peu convaincante – de retrouver de la compétitivité par rapport à l’extérieur ? Une politique européenne de soutien à l’économie (relance industrielle, politique environnementale, investissements publics dans les infrastructures, les nouvelles technologies, conversion énergétique, formation, etc.), une politique européenne de transferts d’épargne et d’investissements des régions les plus prospères vers celles en difficultés économiques et sociales sont autrement plus intéressantes, et il faudra bien que l’on finisse par y arriver. Mais ces politiques ne sont pas nécessairement, à elles seules, l’instrument adapté pour combler les profonds écarts de compétitivité, de niveau de vie et de coûts salariaux entre pays de la zone euro. Faute de pouvoir ou de vouloir aller au bout de la logique politique de la monnaie unique (c’est-à-dire un pouvoir fédéral effectif avec un budget significatif (et pas le 1% du PIB européen que représente le budget actuel de l’Union) et un rapprochement des politiques fiscales, il faudra peut-être rechercher une solution intermédiaire qui préserve l’Union en réintroduisant de la souplesse négociée.

Pour cela, il faudrait revenir à une monnaie commune qui avait été envisagée à la place de la monnaie unique. On conserverait une monnaie européenne de référence par rapport à laquelle est fixée la valeur de la monnaie des pays membres, avec des taux de change fixes, mais ajustables par référence à la monnaie européenne commune. Par contre tous les échanges entre la zone € et l’extérieur se font uniquement dans la monnaie commune. Les taux de change intra-européens permettraient de réintroduire la souplesse nécessaire pour tenir compte des situations différentes et sont fixés par négociations entre les autorités monétaires et politiques compétentes. Toutes les tentatives de zone monétaire rigide qui ne sont pas allées au bout de l’intégration économique et politique, ont fini par éclater après des années de dépression. Un pas en arrière pour sauver l’Europe serait peut-être alors préférable à la perspective d’une désintégration catastrophique pour le continent européen.

Cette option, envisageable avant la création de l’euro, n’est guère réaliste maintenant. Aussi il faut cesser de regarder en arrière et il n’y a pas d’autres sorties « heureuses » que des pas en avant résolus vers une intégration plus forte au moins de la zone euro. Intégration économique, intégration fiscale et budgétaire, intégration politique. Que l’on trouve le chemin et les étapes pour avancer, mais maintenant les Européens sont au pied du mur. C’est l’heure des choix.