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L’allocation formation des demandeurs d’emploi, une formule intéressante

dimanche 5 juin 2011

R2F : le nouveau sigle de l’allocation formation des demandeurs d’emploi.

Une formule intéressante
Après la secousse économique des années 2008-2009, avec l’augmentation du chômage, s’est vite posé le problème des demandeurs d’emploi en fin de droits. Ils étaient estimés en début 2010 à 325 000 inscrits, privés de toute ressource financière, une fois leur allocation chômage arrivée à terme en 2010 et ne pouvant bénéficier du RSA en raison de revenus familiaux trop élevés. Un plan Rebond, signé par tous les partenaires sociaux (hormis la CGT) et l’Etat, en avril 2010, prévoyait que tous ces chômeurs en fin de droits seraient pris en charge, soit par des contrats aidés, soit par des formations rémunérées, soit par des aides exceptionnelles (six mois à 460 euros au maximum).

Son financement (700 millions d’euros) était assuré par l’Etat (286 millions), l’UNEDIC (286 millions), Le fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels (133 millions) et l’APEC (50 millions).

Une application bien médiocre
De ce qui a pu percer dans la presse (cf. Les Echos) du bilan de l’opération à la fin 2010, il ressort des résultats médiocres :

Tableau du bilan
MesureObjectifRéalisation
Emploi aidé 170 000 75 000*
Formation 70 000 30 000
Allocation exceptionnelle 80 000-110 000 8 000
Total 320 000-350 000 113 000

* La grande majorité de ces contrats a été conclue avant l’entrée en vigueur du Plan

Les actions de formation ont été si inférieures aux prévisions qu’il n’a pas été fait appel au Fonds paritaire. Bien plus, l’allocation temporaire de crise n’a été utilisée qu’à moins de 10 % des prévisions. Certes convoquer les chômeurs, les voir, monter une solution, la mettre en ouvre demandent des mois de travail à des équipes de Pôle submergées. Reste qu’on aimerait, comme les syndicats, en savoir davantage sur les obstacles rencontrés. avant de repartir pour de nouvelles annonces, destinées, en particulier, aux 1 650 000 demandeurs inscrits en fin 2010 depuis plus d’un an, en année préélectorale.

Des règles mouvantes pour 2011

Mais l’argent manque et ces sujets ne sont pas vraiment prioritaires pour l’Etat.
Les pouvoirs publics, on s’en souvient, ont instauré un prélèvement sur le FPSPF de 300 millions (100 millions par an de 2011 à 2013), sous prétexte que ses moyens n’étaient pas dépensés. L’allocation en faveur des demandeurs d’emploi en formation (AFDEF), qui accompagnait les actions de formation engagées, en l’absence d’indemnités de chômage, a été supprimée en janvier 2011 .pour être rétablie en avril 2011 (avec rétroactivité au 1er janvier) dans le cadre de la « rémunération de fin de formation « (R2F) avec une allocation moindre : 652 euros, au lieu de la moyenne antérieure de 1000 euros.
Ambition : financer 30 000 formations en 2011, dans le cadre d’un cofinancement par l’Etat et le FPSPF. Comme l’ont souligné les organisations syndicales, mises devant le fait accompli, à faire des économies sur le dos des intéressés, l’Etat prend le risque de rendre plus difficile leur motivation à entamer des formations longues ou de les voir abandonner en cours de formation.

Ces changements de règles compliquent aussi la tâche des organismes de formation, plongés tous les six mois dans l’incertitude. En bout de chaîne, les chômeurs sont ballotés, comme les agents de Pôle emploi et l’ensemble des acteurs.

Ce spectacle est désolant à l’heure où l’enjeu serait de profiter massivement du temps de chômage pour donner une seconde chance de formation à la part des demandeurs d’emploi qui en a vraiment besoin pour se réinsérer aujourd’hui ou demain.