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Le congrès de la FSU 2010

mercredi 10 mars 2010

La fédération syndicale unitaire (F.S.U.), est créée en 1993 et issue, lors de l’éclatement de la FEN (1991), des tendances Unité et Action (dominée par les communistes) et Ecole Emancipée (aux sensibilités pédagogiques Ecole Freinet et extrême gauche).

Elle vient de tenir congrès en février 2010 au nom de ses 163 000 syndiqués, soit un peu moins qu’en 2006, répartis surtout (à plus de 90 %) dans l’enseignement, mais aussi dans la justice (protection de l’enfance), le Pôle Emploi, les ministères de la culture et de l’environnement, ou dans les collectivités territoriales, toutes ces dernières implantations sont issues surtout de départs de syndicats CFDT entre 2001 et 2003, à la recherche d’un lieu d’accueil.

Ce congrès est important parce que son secrétaire général depuis 9 ans Gérard Aschieri, professeur agrégé, laisse place à une jeune femme, Bernadette Groison, professeur des écoles dans une école maternelle de Montrouge, 48 ans, détentrice d’un master de l’éducation. Cette ancienne responsable du SNUipp et du centre de formation de la FSU n’aura pas la tâche facile. Elle devra piloter une fédération de syndicats nationaux qui sont les vrais lieux de pouvoir : les plus importants sont le SNUipp (enseignants du primaire, 53 000 adhérents, 47 % des voix en 2008), le SNES (enseignants du secondaire, 65 000 adhérents, 38 % des voix en 2008), SNEP (enseignants d’éducation physique, 9 600 adhérents, 81 %), SNESup (enseignement supérieur, 6 200 adhérents, 39 % chez les enseignants), SNU-TEFI (Pôle Emploi, 27 % des voix), dont un représentant siège au secrétariat.
L’autonomie reconnue à chacune de ces organisations et leur sensibilité naturellement corporatiste créent des tensions sur tous les sujets où les positions naturelles se révèlent contradictoires, en particulier quand il faut se confronter aux réformes de l’enseignement (plus grande sensibilité pédagogique du SNUipp, lecture à prédominance politique du SNES). Le débat entre les trois niveaux d’enseignement sur la réforme de la formation des maîtres a été rude et a débouché sur…la demande de retrait des textes d’application de la réforme en cours. En effet, pour faire taire les querelles intestines, sensibilités de gauche et sensibilités corporatistes convergent volontiers vers la défense du statu quo, notamment de la fonction publique, et du mot d’ordre « des postes et des moyens » face à un gouvernement de droite. La fuite en avant dans le « non » au changement, les généralités et la surenchère, souvent démagogique, est bien souvent la solution de facilité, sous la couverture de la défense du service public. Sur ce registre, les affinités sont plus évidentes avec la CGT qu’avec la CFDT.

Reconnue comme première organisation représentative dans la fonction publique d’Etat, le problème de la FSU est de sortir de l’isolement, qu’implique son cantonnement au secteur public, surtout avec les nouvelles règles concernant représentativité et négociation collective. Elle fait donc peu à peu le deuil du sacro-saint principe d’autonomie, issu de la scission de 1947 entre la CGT et FO. D’où les passerelles lancées vers Solidaires (travail en commun sur la question écologique) ou la CGT. Les petits pas de rapprochement avec la CGT sont à cet égard significatifs : des groupes de travail ont été mis en place en 2009 pour rechercher des initiatives communes, comme le colloque sur la formation professionnelle, qui a eu lieu en novembre sur un sujet où il y avait matière à convergences mais aussi à frictions ; demain ce sera sur la petite enfance. La CGT est préoccupée de renforcer une présence faible dans la fonction publique et évidemment intéressée par une coopération accrue, y compris sur des sujets interprofessionnels : au Congrès, Bernard Thibault, invité, s’est engagé, sur ce point, très applaudi. La FSU, préfère elle aussi se contenter de « rassembler dans la durée » au travers de travaux communs : elle sait que le corporatisme de ses composantes recouvre en adhérents et en électeurs un spectre assez large d’opinions qui risque de la lâcher en partie en cas de rapprochement-fusion avec la CGT. Elle est bien consciente que cela pourrait profiter à l’UNSA ou à Solidaires, qui a des affinités avec certains syndicats FSU, comme celui du Pôle-Emploi. Le débat est donc assez vif entre syndicats, comme entre tendances internes (elles existent toujours comme mode de fonctionnement puisque l’Ecole Emancipée a en tant que telle une représentation au secrétariat). Entre division et fusion, chacun cherche à faire mûrir au travers de prochaines mobilisations unitaires une situation ambiguë. Dans la continuité de l’ex-FEN, la FSU n’a pas abandonné l’espoir d’une troisième voie qui lui éviterait d’avoir à choisir entre CGT et Solidaires. Les événements probablement en décideront.