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Le portrait des demandeurs d’emploi

mercredi 31 mai 2017

La question du chômage reste le problème numéro 1 des Français. On l’a bien vu lors de l’élection présidentielle. Présentation du portrait des actuels demandeurs d’emploi (plus diplômés et plus âgés) et des évolutions marquantes au cours des 20 dernières années (1996-2015). Fin mars 2017 le nombre de demandeurs d’emploi en catégories A, B, C (en recherche d’emploi, sans activité ou en activités réduites) s’élève à 5,5 millions de personnes.

Plus diplômés et plus âgés

Selon Pôle emploi, entre 1996 et 2015, le portrait du demandeur d’emploi a évolué à cause des grands changements démographiques et économiques de notre société. Les seniors et les femmes travaillent désormais plus et la crise économique de 2008 a bouleversé un certain nombre de secteurs. Aussi, les demandeurs d’emploi d’aujourd’hui sont plus diplômés, plus âgés, à égalité de sexe, car, si le taux de chômage des femmes a baissé, celui des hommes a augmenté. Enfin les demandeurs d’emploi recourent plus fréquemment à l’activité réduite.

La situation des femmes est semblable à celle des hommes

L’évolution de la place des femmes dans le monde du travail se vérifie aussi dans les chiffres du chômage. Si fin 2007, le taux de femmes au chômage était encore supérieur à celui des hommes (53 % contre 47 %) ce n’est plus le cas en 2015. Il y a désormais autant de femmes que d’hommes au chômage. La crise de 2008 a changé la donne. En effet, les secteurs traditionnellement masculins, l’industrie et le BTP, ont été parmi les plus impactés. Le taux de femmes parmi les demandeurs d’emploi a atteint 50 % en 2009 pour descendre à 45 % en 2015. À noter que, dans le même temps, la part des femmes dans l’emploi total a quant à elle progressé entre 1996 et 2015 passant de 45 % à 48 %.

Le demandeur d’emploi a 38,5 ans en moyenne

L’âge des demandeurs d’emploi inscrits à la fin décembre 2015 est en moyenne de 38 ans et demi contre 34 ans à la fin de 1996.

De manière générale un mouvement de vieillissement

Fin 1996, la part des demandeurs d’emploi âgés de 50 ans ou plus est de 11 %. Ce mouvement s’accélère au début des années 2010, pour atteindre 23 % fin 2015. Cette forte hausse est en partie liée à la suppression progressive de la « dispense de recherche d’emploi (DRE) » entre 2009 et 2012, qui était auparavant accordée à des seniors qui sortaient alors des listes de demandeurs d’emploi.

On constate aussi une très forte hausse du nombre de demandeurs d’emploi de 60 ans ou plus. Ils étaient moins de 10 000 en décembre 1996, ils sont en 2015 plus de 240 000. Il s’agit d’une conséquence directe du relèvement progressif de l’âge légal de départ en retraite et des politiques visant à favoriser l’emploi des seniors.

Un problème de qualification et pas toujours de diplôme

Près de 7 demandeurs d’emploi sur 8 sont ouvriers ou employés malgré l’augmentation du niveau moyen de formation des demandeurs d’emploi. 46 % des demandeurs d’emploi ont un niveau de formation supérieur ou égal au Bac en décembre 2015, contre 29 % en décembre 1996. Pôle emploi est prudent sur les chiffres concernant les ouvriers et employés car il estime que les cadres pratiquent un moindre taux d’inscription dans ses services comparativement aux autres catégories socioprofessionnelles.

Les demandeurs d’emploi… travaillent

En effet, de plus en plus de personnes sont inscrites comme demandeurs d’emploi tout en ayant une activité professionnelle et cette progression se vérifie quelles que soient les caractéristiques des demandeurs d’emploi, chez les hommes comme chez les femmes. En cause, la création du statut d’autoentrepreneur en 2008, le lancement du RSA en juin 2009, devenu prime d’activité aujourd’hui, mais aussi les différentes décisions de l’UNEDIC qui favorisent cette pratique.

Le chômage de longue durée progresse fortement

Cette situation a fortement augmenté depuis la crise économique de 2008 (45 % des demandeurs d’emploi en décembre 2015, sont inscrits depuis au moins un an contre 30 % en décembre 2008). La durée moyenne d’inscription est aujourd’hui de plus de 400 jours. Et il semble que la progression du chômage de longue durée semble avoir proportionnellement davantage impacté les plus diplômés et les plus qualifiés.

La structure de l’emploi recherché s’est également modifiée

11 % des demandeurs d’emploi en 1996 recherchaient un emploi sous contrat court ou à temps partiel et cette proportion est passée à 19 % en 2015. Globalement, pour toutes les catégories de demandeurs d’emploi, on observe une hausse des demandeurs d’emploi recherchant un emploi en contrat court ou à temps partiel. C’est dans les métiers des services à la personne et à la collectivité que les demandeurs d’emploi recherchent le plus fréquemment un emploi en 2015 : 21 % contre 6 % en 1996.

Environ 55 % des demandeurs d’emploi sont indemnisés

À fin décembre 2015, environ 55 % des demandeurs d’emploi inscrits en catégories A, B, C ou dispensés de recherche d’emploi étaient indemnisés au titre d’une allocation chômage (hors allocations de formation). Parmi les demandeurs d’emploi indemnisés par l’Assurance chômage, le montant moyen d’allocation perçu est de 1 140 euros à fin 2015, contre 670 euros à fin 1996 (874 euros si l’on raisonne à prix constants).

En conclusion, ces données sont extrêmement importantes au regard du programme du nouveau président qui souhaite faire bénéficier de l’assurance chômage toutes les personnes ayant une activité professionnelle ou qui n’auraient pas pu ouvrir des droits à indemnisation, en l’« universalisant » en quelque sorte. Cela suppose au-delà de la question de la gestion paritaire une profonde réflexion sur le mode de financement, l’indemnisation proposée et les contreparties exigées des demandeurs d’emploi.


Sources