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Les conditions de travail se dégradent en France

mercredi 11 octobre 2017

À partir des 5 dernières années de l’enquête européenne sur les conditions de travail (EWCS – 1995, 2000, 2005, 2010, 2015), le Centre d’études de l’emploi et du travail a analysé, parmi les 15 pays déjà présents dans l’Union européenne en 1995, la qualité et l’évolution des conditions de travail. Les conclusions sont très diverses selon les pays et les âges.

Une dégradation lente mais persistante en France

L’étude analyse de nombreux facteurs de risques manifestés par des atteintes au bien-être au travail, selon plusieurs critères : mauvaise qualité de trop d’emplois, contrats courts, facteurs de pénibilité, horaires de travail atypiques, mauvais climat social, discriminations, violence au travail, très forte intensité du travail, tâches répétitives de faibles compétences et non apprenantes…

Selon cette étude, la France fait partie des 3 pays les plus exposés à la dégradation des conditions de travail. Ce qui crée une grande fragilité face aux risques, par rapport à la médiane européenne. Et, ce qui est inquiétant, cette situation se dégrade lentement mais constamment entre 1995 et 2015.

De fortes disparités dans la vulnérabilité des travailleurs

- selon les pays

Dans tous les pays, sur ces 20 dernières années, on voit en moyenne les conditions de travail se dégrader de 1995 à 2000, s’améliorer ensuite pendant les 10 premières années du siècle et à nouveau une vulnérabilité en augmentation en 2015 (sauf en Finlande).

Dans le trio de tête des conditions de travail difficiles, la Grèce est la plus touchée, suivie de l’Espagne, puis la France qui n’est pas loin derrière. Elles ont constamment un haut niveau de vulnérabilité. La France est la seule du trio à avoir toujours augmenté en dégradation. Un peu meilleurs et plus variables selon les années viennent ensuite le Portugal, l’Italie, le Royaume Uni et la Finlande. Au contraire, c’est aux Pays-Bas et dans les pays nordiques (sauf la Finlande) que les conditions de travail sont les meilleures.

Ces différences reflètent les différences entre la structure économique des pays, en particulier les secteurs économiques développés, les pratiques d’emploi et de travail ainsi que les différences institutionnelles (politiques de protection…).

- selon les âges et le genre

La plus grande fragilité se trouve partout chez les séniors depuis l’an 2000. Mais la vulnérabilité des jeunes de moins de 25 ans s’est beaucoup accrue entre 2010 et 2015, années de difficultés économiques.
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D’autre part, en moyenne, les femmes sont plus frappées par cette dégradation que les hommes, sauf en France et en Irlande, où les hommes ont maintenant un risque plus dégradé.

- selon les catégories socioprofessionnelles

Pour toutes, le risque a beaucoup augmenté en 20 ans de 14,3 % à 24,3 % des actifs en moyenne européenne. Mais on retrouve entre elles les disparités connues selon un emploi en CDI ou en CDD, selon qu’il s’agit d’un emploi public ou privé. Les employés du commerce, de l’agriculture et l’artisanat, les salariés des TPE, les emplois non qualifiés ainsi que les travailleurs indépendants connaissent les risques les plus forts de conditions dégradées. Les emplois les plus qualifiés bien sûr sont les moins fragiles.

Ainsi, cette comparaison ne montre pas la France en bonne situation. C’est un élément capital à prendre en compte tant au niveau des entreprises et de leurs représentants syndicaux que dans les politiques publiques en cours de réformes pour améliorer la qualité de l’emploi et les conditions de travail.


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