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Les Français face à la protection sociale

mercredi 18 novembre 2015

À l’occasion du 70ème anniversaire de la Sécurité sociale, le CREDOC (centre de recherches pour l’étude et l’observation des conditions de vie) a mené, à la demande de Terra Nova et de l’Institut Montparnasse (laboratoire d’idées fondé par la MGEN), une enquête sur l’évolution du regard porté par les Français sur leur système de protection sociale.

Cette enquête montre que dans l’esprit de nos concitoyens, la protection sociale est d’abord associée à un accès aux soins pour tous. Elle souligne également qu’une large partie d’entre eux pense que notre système de protection sociale doit être réformé, mais de façon progressive et sans bouleverser ses fondamentaux.

Près d’un Français sur deux se dit cependant préoccupé par la capacité du système de protection sociale à financer les retraites, une proportion qui a doublé en l’espace de vingt ans. D’une manière générale, la préoccupation de nos concitoyens pour les retraites et la dépendance a nettement augmenté, alors même que leur préoccupation pour la pauvreté semble avoir décliné. Des différences générationnelles fortes apparaissent sur les préoccupations principales. Le versement de certaines aides à tous (et notamment des prestations familiales) est parfois remis en cause.

Pour les Français, il s’agit de réformer la protection sociale sans tout bousculer

Le modèle social français revient régulièrement au cœur de l’actualité. Parmi les propositions testées auprès des Français, l’accès aux soins médicaux pour tous (45 % des réponses) est le plus systématiquement considéré comme décrivant le mieux le système de la protection sociale en France.
Les déficits remettent chaque année la pertinence du modèle au cœur des débats. Pour la population, la balance entre coûts et bénéfices semble pencher plutôt du côté positif.

Loin de vouloir remettre en cause profondément les fondements du modèle français via un changement radical d’orientation (14 %), ou à l’opposé de souhaiter le maintien du système en l’état (29 %), la population semble plutôt attachée à un désir de réformes progressives (55 %). Notons que les catégories modestes voire défavorisées sont à la fois celles qui ont le plus une image dégradée de la protection sociale et souhaitent le plus souvent un changement radical d’orientation du système.

Des préoccupations montantes pour l’avenir des retraites

Parmi les orientations à suivre, la question de la prise en charge des dépenses de vieillesse et de retraite semble aujourd’hui occuper particulièrement les esprits. Il y a vingt ans, en 1995, alors que le pays traversait également une période de récession, le traitement de la pauvreté et de l’exclusion était au cœur des priorités de la population.

Aujourd’hui malgré la durée de la crise, et la persistance d’un taux de chômage élevé, la lutte contre la pauvreté ou la question de l’indemnisation des chômeurs apparaissent moins soucier. Le financement des retraites arrive à présent en tête des préoccupations en matière de protection sociale (47 %) et 30 % se préoccupent principalement de la prise en charge des personnes âgées dépendantes. Ces chiffres reflètent le vieillissement de la population et la place du financement des retraites dans les dépenses de protection sociale (la moitié, soit 14,5 % du PIB).

Des opinions différentes suivant les générations

La préoccupation croissante des Français pour le financement des retraites est intergénérationnelle, mais davantage portée par les personnes d’âge actif. Lorsqu’on les interroge sur les préoccupations en matière de protection sociale, les moins de 25 ans se soucient principalement du traitement de la pauvreté (46 %, contre 27 % chez les 70 ans et plus), suivi de la prise en charge des grands malades (29 %, contre 15 % chez les sexagénaires) et de l’avenir de l’indemnisation du chômage (26 %, contre 8 % chez les 70 ans et plus). En revanche, c’est la question de la dépendance des personnes âgées qui préoccupe le plus les 70 ans et plus (47 %), et chez les sexagénaires, le financement des retraites constitue la principale inquiétude (53 %).

Aides universelles ou aides ciblées

Depuis quelques années, des propositions se font entendre pour dissocier la protection sociale du statut d’activité, auquel elle était historiquement attachée. Certaines catégories de population, parce qu’elles rencontrent des difficultés à s’insérer de manière stable sur un marché du travail peu dynamique (jeunes, salariés en CDD et intérim ou nouvelles formes d’emploi) peuvent se trouver à la marge du système et bénéficier d’une protection moins forte que les autres. Les positions des Français varient de façon significative en fonction des allocations considérées.

On distingue trois cas de figure :

  • Le lien entre allocations chômage et activité professionnelle est jugé tout à fait légitime pour 81 % de la population.
  • À l’autre bout du spectre, les aides liées à la dépendance, au handicap, ou à la perte d’autonomie sont massivement considérées comme devant bénéficier à tous de la même manière.
  • Les Français se montrent plus partagés pour des prestations telles que les allocations familiales ou de vieillesse. La moitié pense que tout le monde devrait potentiellement pouvoir en bénéficier indépendamment du fait que la personne a déjà travaillé ou cotisé auparavant. L’autre moitié (42 % et 46 % respectivement) estime que seules les personnes ayant travaillé ou cotisé auparavant devraient pouvoir accéder à ce type de prestation.

Ces résultats rejoignent les travaux de la DREES (direction de la recherche du ministère de la santé) qui montrent que la population questionne de plus en plus le principe d’universalité, notamment en matière d’allocations familiales et de couverture maladie.

La question de l’éligibilité aux prestations divise également les générations : les Français de moins de 25 ans se font davantage défenseurs de l’idée d’un accès universel aux prestations sociales, et cela indépendamment de la nature de l’aide en question, alors que les seniors préconisent plus souvent l’idée d’aides ciblées.

Enfin, les Français souhaitent garder un poids prédominant à l’Etat dont le monopole sur la sécurité sociale est plébiscité et ce d’autant que la notion de service d’intérêt général est évoquée, mais ils veulent aussi faire participer également davantage d’acteurs du secteur privé, ou à but non lucratif (mutuelles, institutions de prévoyance, sociétés d’assurance).


Sources :