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Les sénateurs votent une exception pour les journalistes

lundi 25 août 2008

Le syndicat autonome des journalistes, le SNJ-Solidaires, a obtenu du Parlement une clause d’exception à la règle de l’addition des résultats des élections professionnelles d’entreprise pour déterminer la représentativité syndicale.

On imagine que le syndicalisme allemand ne connaît pas le pluralisme syndical de la France. Pourtant, on doit constater l’émergence de syndicats « corporatifs », limités à une catégorie de salariés, disposant d’une situation stratégique dans leur entreprise et ne voulant plus dépendre d’une fédération professionnelle inter catégorielle.
On avait noté la grève lancée par les conducteurs de locomotive de la Deutsche Bahn voulant obtenir un accord séparé de la convention collective des cheminots.
La Lufthansa doit comme Air France faire face au syndicat des pilotes et à celui de la sécurité aérienne.
Dans le secteur bancaire, des nouveaux syndicats émergent aussi.

Le syndicalisme unitaire allemand, « une entreprise, un syndicat » doit reculer devant une nouvelle exigence catégorielle qui défie à la fois le mode d’organisation du syndicalisme allemand et la capacité contractuelle des partenaires sociaux.

On retrouve là ce qui s’est passé en France avec différents syndicats de métiers présents dans les entreprises publiques ou quelques professions. Avec la nouvelle loi sur la représentativité qui fait suite à l’accord national interprofessionnel, les syndicats catégoriels se trouvent menacés. En effet, pour être représentatif, une organisation devra rassembler au moins 10% des voix aux élections professionnelles dans les entreprises et 8% dans les branches au niveau national. Un syndicat limité à une catégorie comme les pilotes d’avion ou les conducteurs de trains ne peut réunir ce quota de voix. On pouvait alors envisager la fin de ce type de syndicat au profit d’organisations inter catégorielles prenant mieux en compte l’intérêt général de l’entreprise ou du secteur.

C’était sans compter avec la méconnaissance de ces problèmes par les parlementaires ou leur lâcheté devant les pressions de certaines professions.

Le syndicat autonome des journalistes, le SNJ-Solidaires, a obtenu du Parlement une clause d’exception à la règle de l’addition des résultats des élections professionnelles d’entreprise pour déterminer la représentativité syndicale.
Les sénateurs ont retenu non les élections qui se déroulent au sein des entreprises et auxquelles participent toutes les catégories de salariés, mais le vote pour élire les gestionnaires de la carte de journalistes. Ils ont ainsi protégé le SNJ membre de Solidaires. Le lobby des journalistes a joué, aucun parlementaire n’osant s’opposer à cette profession. Et cette exception risque d’être utilisée par d’autres syndicats catégoriels). Les sénateurs socialistes avaient d’ailleurs proposé l’extension de cette exception aux pilotes de lignes, aux conducteurs de trains, aux intermittents du spectacle. Ce qui a été refusé sans explication de la part du rapporteur de la droite.

Le débat au Sénat sur ce thème éclaire d’ailleurs la vision du monde syndical par la classe politique et notamment les socialistes. On peut être surpris que les membres d’un parti qui prône la solidarité en soient arrivés à défendre une représentation collective catégorielle. En effet, souvent ces représentations égocentrées et défendent leurs revendications sans tenir compte des usagers et des autres salariés. Pourtant nul n’a intérêt à voir se développer les pratiques des syndicats catégoriels telles que l’arrêt des spectacles par les intermittents, les grèves de telle catégorie de personnel les jours de départs en vacances, ou le jusqu’au-boutisme des appels à la poursuite de la grève des syndicats Solidaires.

Les sénateurs socialistes avaient d’abord proposé que les termes de confédération syndicale interprofessionnelle soient remplacés par ceux d’union syndicale interprofessionnelle.
Pourquoi cela alors que les cinq organisations représentatives se nomment confédérations et que les organisations patronales ont accepté cette dénomination ?

Sans doute parce que les parlementaires socialistes ont obéi à la demande de l’UNSA… et de ce fait à celle de Solidaires. Les socialistes devraient expliquer pourquoi ils défendent à ce point l’éclatement de la représentation syndicale… et ce en développant a contrario un discours de recomposition syndicale.


 

 

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