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Les troubles psychosociaux, un risque en nette augmentation ces dernières années

samedi 17 février 2018

Le document sur l’état des risques psycho-sociaux produit en janvier 2018 par l’Assurance maladie–risques professionnels donne des éléments intéressants sur la réalité de ce risque en progression ces dernières années. Il apporte aussi des informations sur la prévention.

Les risques psychosociaux : c’est quoi ?

L’assurance maladie les définit comme les troubles résultant de situations de travail où sont présents du stress lié à un déséquilibre entre ce qui est demandé au travailleur et sa perception de sa capacité à le réaliser, des violences internes (harcèlement, conflits entre personnes ou équipes) et des violences externes (insultes, menaces, agression).

On distingue les risques psychosociaux causés par une exposition à ces situations et les troubles eux-mêmes avérés chez les travailleurs en lien avec leur activité professionnelle.

La réalité des chiffres

10 000 affections psychiques ont été reconnues comme accidents du travail en 2016. Cela représente 1,6 % des accidents du travail, loin derrière les TMS. La réalité est certainement supérieure et appréciée par l’Assurance maladie à 20 000 au vu des déclarations d’accident rédigées par les employeurs en 2016. Sachant que, quand le trouble est lié aux conditions de travail, c’est l’employeur qui doit déclarer lui-même l’accident du travail, on peut penser que ce chiffre est encore en-dessous de la réalité. Par ailleurs, on dénombre chaque année entre 10 à 30 suicides directement liés au travail.

Les accidents du travail liés aux troubles psychosociaux (TPS) ont progressé de 10 % chaque année de 2011 à 2014, de 5 % en 2015 et de 1 % en 2016. La part des TPS est passée de 1 à 1,6 % des arrêts de travail entre 2011 et 2016.

Les demandes de reconnaissance d’une maladie psychique liée au travail sont passées de 200 à 1 100 en 2016 et probablement 1 700 en 2017. Cette progression provient d’après l’Assurance maladie de l’assouplissement de la procédure de demande et d’une plus grande médiatisation. Mais on peut penser que la pression très forte qui pèse sur un certain nombre de salariés, dont font état les différentes enquêtes menées sur le travail, explique cette évolution. En fait, 50 % des dossiers sont retenus. La dépression est le principal trouble subi par les salariés victimes de maladies psychiques.

Les troubles psychosociaux provoquent des arrêts de travail plus longs que les autres risques (112 jours contre 65 pour l’ensemble). Les arrêts de travail pour maladie professionnelle sont encore plus longs : en moyenne 400 jours.

Ces troubles ont coûté à la branche AT-MP de l’assurance maladie 230 millions d’euros en 2016.

Qui sont les salariés concernés par les troubles psycho-sociaux ? Quels éléments déclencheurs et quels troubles ?

Ce sont essentiellement des femmes autour de la quarantaine. Dans une moindre proportion les hommes du même âge sont aussi touchés par ces troubles. Pour tous, la fréquence des troubles diminue avec l’âge après la quarantaine.

Ce sont les employés qui sont les plus touchés. Suivent les ouvriers qualifiés et les ouvriers non qualifiés. Les moins touchés sont les cadres, mais dans cette dernière catégorie, ces troubles constituent le motif le plus élevé d’arrêt pour accident du travail.

Les secteurs où les troubles psychosociaux sont les plus nombreux sont le médico-social (18 %), les transports (15 %) et le commerce de détail (13 %). Mais ce sont les activités de poste et de courrier (3,4 affections psychiques pour 1000 salariés), les transports (2,7 pour 1 000) et l’immobilier (1,5 pour 1 000) qui connaissent la fréquence la plus élevée. Les employés de bureau, les vendeurs et commerciaux, les professions intermédiaires, les personnels de santé sont les professions les plus touchées.

Les deux principales causes des troubles psychosociaux sont d’une part les chocs liés à des situations de violence (agressions, menaces, braquages, attentats…) et d’autre part les conditions de travail.

L’Assurance maladie a répertorié les principaux facteurs de risques : l’intensité du travail, les exigences émotionnelles, le manque d’autonomie, la mauvaise qualité des rapports sociaux, la souffrance éthique et l’insécurité de la situation de travail. Autant de facteurs de risques qui sont évoqués par les salariés lors des enquêtes sur le travail et des travaux de chercheurs.

La prévention des risques psychosociaux

Le document de l’Assurance maladie insiste sur l’importance de la prévention et fait état des documents qu’elle a produit. Elle cite notamment les brochures suivantes : « Stress au travail : les étapes et les démarches de prévention » ; « Dépister les risques psychosociaux » : « Des indicateurs pour vous guider » ; « Évaluer les risques psychosociaux » ; « Démarche d’enquête paritaire du CHSCT concernant les suicides ou les tentatives de suicides » ; « Risques psychosociaux pour agir au quotidien ». Elle a aussi produit des affiches pour sensibiliser au risque et des formations spécifiques.

Pour agir, elle répertorie les acteurs concernés par les troubles psychosociaux : l’INRS, le réseau ARACT-ANACT, la DIRECCTE, les services de santé au travail. Étrangement, elle ne cite pas expressément les salariés eux-mêmes et leurs organisations syndicales qui sont souvent les premiers à déceler les problèmes et alerter les employeurs !
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Même si les troubles psycho-sociaux ne sont pas, loin de là, la première cause d’accident du travail ou de maladie professionnelle, leur proportion augmente réellement. Cela mérite l’attention de l’ensemble des acteurs concernés et au premier chef les acteurs de l’entreprise. Les représentants du personnel ont un rôle essentiel à jouer. Espérons que ces questions viendront régulièrement à l’ordre du jour des nouveaux Comités sociaux et économiques et dans les entreprises de plus 300 salariés dans les Commissions santé, sécurité et conditions de travail après la disparition des CHSCT.


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