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500 000 formations supplémentaires pour les chômeurs

samedi 23 avril 2016

Le plan, annoncé le 18 janvier par le Président de la République, de 500 000 actions de formation supplémentaires pour les chômeurs a débuté le 1 mars. Il est financé par l’État et les partenaires sociaux mais piloté par les nouvelles régions qui prennent ainsi la main dans un domaine important.

L’État a débloqué un milliard d’euros supplémentaires, un peu plus de 100 000 € étant abondés par le fonds paritaire des partenaires sociaux (FPSPP). Le plan fonctionne sur la base du volontariat des régions et se veut un outil commun de lutte contre le chômage. Dans les régions non volontaires, ce seront les fonds de Pôle emploi qui seront abondés par l’État.

Les objectifs du ministère du travail

  • Relever le taux d’accès à la formation des personnes en recherche d’emploi, en doublant le nombre d’actions de formation, pour le porter à 1 million en 2016.
  • Soutenir prioritairement l’accès à la formation des personnes en recherche d’emploi peu ou pas qualifiées et de longue durée.
  • Saisir cette opportunité pour transformer et renouveler l’offre de formation afin de l’adapter aux métiers de demain, aux besoins d’avenir, liés au numérique ou encore à la transition écologique et répondre aux besoins en compétences des entreprises et des branches professionnelles, territoire par territoire.
  • Développer la lisibilité de l’offre de formation et porter une exigence de qualité renforcée dans les formations dispensées. Le plan mobilise une offre de formation et d’accompagnement complète : formations qualifiantes et certifiantes, adaptation au poste de travail, socle de connaissances et de compétences, accompagnement à la validation des acquis de l’expérience, accompagnement à la création d’entreprise.

Un pas de plus pour les régions sur le chemin de la gouvernance économique et sociale

La loi du 5 mars 2014 (loi NOTrE) a clarifié les compétences des Régions, chef de file en matière de formation et d’orientation professionnelle. Elle a mis en place une gouvernance rénovée au niveau national (CNEFOP) et régional (CREFOP) permettant aux acteurs d’agir ensemble et de penser conjointement l’emploi, la formation et l’orientation professionnelle. Le plan 500 000 s’inscrit pleinement dans la dynamique quadripartite impulsée par cette loi.

Un appel au volontariat des régions

Le "coup d’envoi" officiel du plan a été donné le 29 février par la Ministre du travail et la Secrétaire d’Etat à la Formation, en présence des présidents de région et des partenaires sociaux.

Les Régions volontaires assureront la coordination de la mise en œuvre territoriale du plan. Cet engagement est acté par la signature d’une convention entre l’État, le conseil régional, et le cas échéant le COPAREF. Il reviendra alors à la Région de coordonner, au sein du CREFOP, les modalités de déploiement du plan. Au 22 mars, Myriam El Khomri a signé les premiers partenariats avec les Régions Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine, Centre-Val de Loire, Hauts-de-France, Bretagne, Aquitaine-Limousin-Poitou Charentes et La Réunion. Les autres régions ont déclaré vouloir s’engager dans le plan à l’exception notable de la région Rhône-Alpes-Auvergne présidée par Laurent Wauquiez, LR, qui surfe en permanence sur un populisme d’opposition.

Philippe Richert, Président de l’association des régions de France (ARF), s’est félicité de la mise en place du plan :

« Nous sommes heureux de voir que le Gouvernement a tenu ses engagements en laissant aux Régions la possibilité de gérer ce nouveau dispositif, et en compensant tout effort supplémentaire des Régions. Ce partenariat va permettre de travailler ensemble et de manière conjointe contre le chômage. C’est une grande avancée. »

Un dispositif original

Il ne s’agira pas de financer des actions de formation déjà existantes – qui devront être confortées par les régions –, mais bien plutôt d’ouvrir de nouveaux horizons de formation. La règle du jeu est clairement établie : « Le préalable pour qu’une région s’engage dans le plan, c’est qu’elle maintienne son effort de formation. Au-delà, tout effort supplémentaire sera compensé par l’État », résume le cabinet de Myriam El Khomri.

Les questions qui se posent

  • Comment absorber 500.000 formations supplémentaires ?

Comment les acteurs de la formation professionnelle seront-ils capables d’absorber les 500.000 formations supplémentaires ? Cela signifie pour chacun des opérateurs de doubler le nombre de ses formations. « Ces derniers mois, ils se plaignaient que leur chiffre d’affaires avait considérablement baissé et que leurs formateurs étaient sous-utilisés à cause de la mise en place du compte personnel de formation (CPF) en 2015... Alors on les prend au mot. Maintenant, ils auront la possibilité de se rattraper sur l’année 2016 et de façon assez massive », a déclaré le ministère.

  • Comment définir les besoins des entreprises ?

Si Pôle emploi sait désormais répondre aux besoins du marché du travail et possède les outils adéquats, préparation opérationnelle à l’emploi individuelle (POEI) et actions de formation préalable au recrutement (AFPR), il s’agira maintenant d’inscrire le plan 500 000 dans un plan plus large de relance de l’économie et de prendre en compte les besoins des entreprises et des branches pour le présent et le futur.

  • L’utilité du plan

Yvan Ricordeau, secrétaire national de la CFDT, indique que l’intention de doubler les actions de formation en 2016 convient aux objectifs de la CFDT mais il insiste sur deux points :

« On souhaite que le plan soit 100% utile avec des formations certifiantes et qualifiantes et les publics prioritaires doivent être les chômeurs de longue durée peu qualifiés et les jeunes ». « L’enjeu dans le mois qui vient est de se mettre d’accord dans chaque région pour convertir le plan concrètement. Il faut une mise en place rapide mais avec beaucoup de qualité ».

Pour la CGT,

« À travers ce programme, extrêmement mal ficelé (…), il s’agit surtout d’afficher une diminution artificielle du nombre de chômeurs et de préparer les conditions de la régionalisation de la politique de l’emploi, à quatorze mois de la présidentielle ». « La diversité des orientations affichées par les présidents de région risque de générer une gigantesque gabegie de l’argent public et une grande désillusion pour les chômeurs formés mais sans débouchés, faute de créations nettes d’emploi ».

Jean-Michel Pottier, vice-président de la CGPME, émet un "doute d’entrée de jeu" sur la manière de concilier la prise en compte des besoins des entreprises et l’identification de publics prioritaires. Pour Jean-Michel Pottier, ce plan est

« une intention ambitieuse mais de là à ce que l’ambition soit réalité… On est dans la construction et le plan va être extrêmement difficile à mettre en place d’ici à fin décembre 2016 ».


Sources :