mercredi 6 décembre 2023
Coup de tonnerre ! On vient de l’apprendre, l’État conditionne son agrément de la nouvelle convention d’assurance chômage aux négociations sur l’emploi des seniors. Une nouvelle pierre dans le jardin des relations tendues entre les partenaires sociaux et le gouvernement après l’épisode de l’AGIRC-ARCCO. Décryptage et retour sur les avancées de l’accord signé par les organisations patronales et la CFDT, la CFTC et FO.
Une convention signée…et un refus
Le 28 novembre, les organisations représentatives des salariés et des employeurs ont signé la nouvelle convention d’assurance chômage. Ce texte retranscrit, comme il est de tradition, le protocole d’accord signé le 10 novembre dans la réglementation de l’Unedic. L’accord a été signé par la CFDT, la CFTC et FO et les organisations patronales. La convention a été envoyée à la Première ministre pour agrément, ce qui est nécessaire à l’application du texte.
Mais, le gouvernement a indiqué que la convention ne serait pas agréée pour l’instant car les dispositions concernant l’indemnisation des seniors (notamment le recul des bornes d’âge pour une durée de droits allongée) sont reportées à la négociation sur l’emploi des seniors qui doit s’ouvrir bientôt. Et ceci, bien que les partenaires sociaux aient d’ores et déjà inscrit,vcxc dans l’accord puis la convention d’assurance chômage, le volume d’économies à réaliser, soit 440 millions d’euros sur la période 2024-2027.
L’enjeu de la négociation sur l’emploi des seniors
Dans la convention en vigueur, les demandeurs d’emploi sont couverts plus longtemps lorsqu’ils atteignent 53 ans et encore plus longtemps à partir de 55 ans. Ces bornes d’âge vont certainement être relevées, tout comme celles pour le départ à la retraite. Mais cette évolution des règles est renvoyée par les partenaires sociaux à un avenant à l’accord du 10 novembre issu de la future négociation sur l’emploi des seniors. Cette promesse des partenaires sociaux est jugée trop incertaine par le gouvernement. D’où le choix de décaler la décision d’agréer – ou pas – l’accord du 10 novembre.
Retour sur les avancées de l’accord du 10 novembre
L’accord est quadriennal (2024-2027) afin de mieux intégrer dans le temps les effets des mesures négociées.
Et maintenant ?
Le cabinet de la Première ministre a indiqué : « Ce n’est pas un refus, on diffère la réponse pour laisser le temps aux partenaires sociaux de négocier ». Bref ni un refus ni une acceptation ! Les règles actuelles de l’assurance chômage prenant fin le 31 décembre et pour éviter une rupture de droits pour les demandeurs d’emploi, le gouvernement va prendre un « décret de jointure » qui prolongera les règles en vigueur jusqu’au 30 juin 2024 au plus tard.
Les réactions
Pour le négociateur de Force ouvrière Michel Beaugas, le gouvernement attend la négociation sur les seniors « pour être sûr qu’il y aura bien un accord qui reprend les économies annoncées ». La secrétaire générale de la CFDT Marylise Léon avait affirmé à plusieurs reprises ces derniers jours que l’agrément de l’accord des partenaires sociaux vaudrait « confiance du gouvernement dans le dialogue social », y voyant un choix « politique ».
Quant au ministre du Travail, Olivier Dussopt, il a déclaré lors du congrès de la CFTC, « à l’aune de la difficulté des sujets sur lesquels nous travaillons aujourd’hui, de l’Unédic à l’Agirc-Arrco, et pour ne pas feindre d’ignorer leur importance, nous sommes obligés, je pense, de repenser notre modèle social ».
En conclusion, même si cet épisode semble se passer sans portes claquées ni procès d’intention, il est révélateur d’un climat qui n’a pas encore retrouvé sérénité et confiance. Décidemment le gouvernement a du mal à accepter le paritarisme de gestion et le dialogue social et à l’inclure dans notre modèle social !
La lettre d’orientation du gouvernement pour la négociation sur l’emploi des seniors
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Sources