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Inégalités de genre en début de carrière : non cela ne s’améliore pas

mercredi 13 septembre 2023

Le CEREQ dresse un bilan décourageant des inégalités de genre en début de vie active. Alors que les jeunes femmes sont toujours plus diplômées que les hommes, les inégalités entre les sexes sur le marché du travail ne se réduisent pas, que ce soit pour l’accès à l’emploi comme pour les niveaux de salaires. Le CEREQ s’appuie sur la situation des jeunes de la Génération 2017 après trois ans de vie active, comparée à celle de la Génération 2010. Malgré des conjonctures et des contextes différents, les auteures de l’enquête constatent que « le plafond de verre et le plancher collant ne semblent pas prêts de vaciller ». Un bilan qui interpelle !

La génération 2017

Le CEREQ continue de mener ses enquêtes « Génération » si précieuses pour suivre les trajectoires des jeunes Français. Celle-ci est consacrée aux jeunes ayant quitté le système éducatif en 2017 et qui sont entrés sur le marché du travail. Ils ont été accueillis par une bonne conjoncture économique jusqu’à la crise sanitaire de mars 2020. Le Centre constate que leurs trois premières années de vie active se sont déroulées dans de meilleures conditions que celles des jeunes sortis de l’école en 2010. Cette génération est globalement plus diplômée que la précédente et les femmes ont pris la part belle à ce mouvement. Les auteures ont donc examiné comment avec ces deux tendances favorables les inégalités entre les femmes et les hommes ont évolué en début de vie active entre les deux générations : 2017 et 2010.

Premier enseignement : les jeunes femmes sont toujours plus diplômées à la sortie du système éducatif

Globalement, hommes et femmes confondus, la part de diplômés du supérieur a progressé de 5 points entre les Générations 2010 et 2017 mais les écarts entre femmes et hommes restent à l’avantage des premières. Il s’agit d’un mouvement de fond, déjà ancien, d’un niveau de formation féminin plus élevé depuis les années 1980. Pour la Génération 2017, la moitié des femmes contre 40 % des hommes sont titulaires d’un diplôme de l’enseignement supérieur, respectivement 44 % et 35 % dans la Génération 2010.
Elles sont également toujours moins nombreuses que les hommes à entrer sur le marché du travail sans aucun diplôme, même si l’écart entre les deux sexes a fortement diminué.

Deuxième enseignement : la ségrégation professionnelle ne s’estompe pas

À l’origine il y a le fait que nombre de filières de formation demeurent très sexuées : les femmes sont toujours minoritaires dans les filières scientifiques et techniques et majoritaires en lettres, langues et sciences humaines. En 2020, la gamme des emplois qu’elles occupent reste plus étroite. Plus de la moitié d’entre elles se répartissent en 5 groupes professionnels (contre 7 pour les hommes) dont aucun n’est catégorisé en cadre (contre 2 pour les hommes).
Lorsqu’elles accèdent en fait à la catégorie cadre, seules 21 % exercent des responsabilités hiérarchiques contre 28 % des hommes. En outre, à diplôme égal, les femmes ont toujours plus de risques que les hommes d’occuper des emplois peu qualifiés.
Pour finir les femmes sont aussi souvent en emploi que les hommes, alors qu’elles devraient l’être davantage au vu de leur meilleur capital scolaire.

Troisième enseignement : Les jeunes femmes sont toujours moins bien rémunérées

Constat du CEREQ, la loi pour l’égalité réelle entre les hommes et les femmes de 2014 peine à montrer ses effets :

  • Les hommes gagnent en moyenne 8 % de plus que les femmes et cet écart s’est accru de 2 points en 7 ans, et de 6 points si l’on ne tient compte que du temps plein.
  • La place des emplois à durée indéterminée augmente de 5 points pour les deux sexes. Pourtant, à diplôme équivalent, les femmes ont toujours moins de chances d’être en CDI que les hommes.
  • L’écart se réduit sensiblement entre les femmes et les hommes quant à la part des temps partiels (8 points en 2020 contre 14 en 2013). Cela est dû à la fois à une hausse du temps partiel chez les hommes (+4 points) et à une baisse chez les femmes (-2 points). Pour les deux sexes, on enregistre une diminution nette des temps partiels inférieurs ou égaux au mi-temps et à une forte augmentation de la semaine de quatre jours.
    *La parentalité a un effet différencié : les jeunes mères ont moins de chances d’être en emploi que les femmes sans enfants, alors que c’est l’inverse pour les hommes.
  • Si pour les cadres on observe un léger resserrement des rémunérations, les autres catégories professionnelles voient les écarts de salaires femmes - hommes se maintenir voire s’accroître légèrement.
  • Enfin, les femmes en situation de pauvreté (60 % du revenu médian) restent plus nombreuses que les hommes, quels que soient leur niveau de diplôme ou leur catégorie sociale, bien que l’écart se réduise sous l’effet de la baisse du temps partiel féminin.

En conclusion, le CEREQ indique que si la position relative des femmes par rapport aux hommes s’améliore lorsque la conjoncture économique se dégrade, elle se détériore lorsque la croissance repart. Les auteures constatent et alertent sur le fait que « le surinvestissement éducatif des femmes ne se traduit pas par une amélioration significative sur le marché du travail ». Il s’agit là d’un immense défi à la fois pour les familles, les pouvoirs publics dont l’Éducation nationale, les entreprises et les équipes syndicales. Toutes les occasions de débat et de dialogue social doivent être utilisées.


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