La quasi-totalité des grandes entreprises européennes organise des plans d’actionnariat salarié. En 2016, 94 % des grandes entreprises européennes avaient un actionnariat salarié (contre 10 % en 1992), dont 53 % avaient des plans « pour tous » et 63 % avaient des plans de stock-options, deux conceptions très différentes de l’actionnariat des salariés.
Parmi les 2 636 plus grandes entreprises d’Europe [1] qui ont de l’actionnariat salarié, dont 2 335 cotées, on trouve 544 britanniques, 266 françaises, 219 allemandes, 163 suédoises. Mais cela varie beaucoup entre pays.
Et en France
C’est en France que le nombre de salariés actionnaires est le plus élevé, avec 2,9 M dans les grandes entreprises, devant le Royaume-Uni (2,26 M), loin devant les autres pays (Allemagne 0,7 M, Suède 0,45 M, Pays-Bas 0,3 M…). De même le montant total de l’actionnariat salarié dans le pays, proche des 100 Mds€, est devant le Royaume à 66 Mds€ et loin devant les suivants. Même si certains pays ont créé des politiques incitatives (Royaume-Uni, Autriche, Norvège et aussi Espagne, Danemark, Roumanie, Pologne), et que d’autres, dont la France, ont réduit ce type de mesures pour réduire la dépense publique. Quant à l’Allemagne, elle n’y est pas favorable.
De même, quand l’EFES (Fédération européenne de l ‘actionnariat salarié) cible les entreprises « les plus remarquables pour l’actionnariat salarié », au nombre de 114, 34 sont françaises, contre 13 allemandes, 11 britanniques, 8 autrichiennes…
Un autre critère important concerne la répartition de la possession des actions parmi les salariés. En France, 80 % des grandes entreprises ont un plan d’action « pour tous » et 63 % un plan de stock-options. 36 % des salariés des entreprises concernées ont des actions, pour un ratio européen de 21,7 %. C’est donc une plus grande démocratisation que dans beaucoup de pays européens.
D’autre part, la part de cet actionnariat salarié détenue par les dirigeants (32 %) est plus faible que dans beaucoup d’autres pays (moyenne 44 % du total) tels le Luxembourg, l’Italie, la Grèce, la Pologne, l’Autriche et la plupart des pays de l’est de l’Europe. Cependant alors que la moyenne détenue par les dirigeants est de plus de 40 000 €, les autres salariés ne possèdent en moyenne en France que 23 136 €.
Il y a donc une forte particularité française par cette importance et cette diffusion de l’actionnariat salarié. Cela tient en partie à la politique de participation organisée de longue date, alors que c’est très rarement une obligation ailleurs.
De plus, les droits de vote de l’actionnariat salarié sont démultipliés en France, où les actions nominatives détenues depuis plus de deux ans bénéficient de droits de vote doubles, au contraire d’autres pays où les droits de vote de l’actionnariat salarié sont réduits (Danemark, Suède, Finlande, Pays-Bas, Suisse, Allemagne). Même si la participation aux conseils d’administration, elle, reste faible (12 % des entreprises).
S’y ajoute, pour la France, la première place pour le nombre d’entreprises détenues majoritairement par les employés, coopératives de plus de 100 salariés (94 sur 299), mais plus petites qu’au Royaume Uni, en Italie et en Espagne.
On voit donc qu’il y a en France un panorama bien spécifique de l’actionnariat salarié, qu’il ne faut pas négliger, tant pour les organisations syndicales présentes dans ces entreprises, qu’au niveau de l’approche globale de notre tissu économique. D’autant que si, dans certaines, la politique d’actionnariat salarié est une politique sociale, c’est aussi, dans certaines autres, une politique volontaire pour constituer un noyau d’actionnariat stable, recherchant la pérennité de l’entreprise, son développement, ainsi que de meilleures garanties sur l’avenir de l’emploi.
Référence
- Fédération européenne de l ‘actionnariat salarié (EFES)
http://www.efesonline.org/Annual%20Economic%20Survey/2016/Recensement%202016.pdf