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L’évolution du temps de travail en 40 ans

mercredi 8 janvier 2020

L’INSEE, dans son Portrait social 2019 de la France, analyse l’évolution du temps de travail depuis les années 1970 jusqu’au milieu des années 2000. La durée annuelle effective du temps de travail a diminué de 350 heures (-17 %) en moyenne en France sous l’effet des 35 heures. Elle s’est stabilisée depuis. Cette baisse a bénéficié aux salariés à temps complet. Mais le travail à temps partiel a triplé en quarante ans surtout pour les femmes, les jeunes et les étrangers. Sous l’expansion du régime forfait en jours, le temps de travail des cadres a beaucoup moins diminué. Les horaires atypiques deviennent habituels dans l’activité des employés et des ouvriers qui doivent assurer une continuité de services mais aussi pour des cadres de manière plus occasionnelle. Cette extension des horaires atypiques s’accompagne d’un contrôle hiérarchique plus étroit de l’organisation du travail.

La France a connu plusieurs périodes de baisse de la durée du travail : une période de baisse entre 1975 et 1983 (-145 heures), pour se stabiliser jusqu’au début des années 1990, et une autre période de baisse entre 1991 et 2003 (–210 heures). Cela n’évolue plus depuis.

Plusieurs mécanismes contribuent à cette diminution : les transformations de la nature des emplois (généralisation du salariat, montée du travail à temps partiel), les changements d’organisation du travail (cinquième semaine de congés payés, passage aux 39 heures puis aux 35 heures), ainsi que l’augmentation de la productivité grâce à la modernisation des entreprises :

  • Dans les années 1990, le nombre d’heures supplémentaires baisse, la durée de 39 heures devient la durée la plus fréquemment travaillée pour les salariés à temps complet.
  • De 2000 à 2002, la durée de 35 heures devient la durée travaillée la plus fréquente, même si bon nombre de salariés continuent à travailler effectivement entre 36 heures et 40 heures par semaine, mais ils bénéficient en contrepartie des jours de réduction du temps de travail (jours de repos supplémentaires accordés) ou d’une rémunération en heures supplémentaires majorées à partir de la 35ème heure.
  • Entre 1991 et 2003, la diminution de temps de travail des salariés à temps complet explique 70 % de la baisse du temps de travail. Les 30 % sont dus à l’augmentation du salariat à temps partiel et des évolutions du temps de travail des autres catégories d’actifs en emploi.
  • Depuis les années 2000, dans un contexte d’assouplissement de la loi sur les 35 heures, cette durée du travail est repartie à la hausse (+43 heures) pour atteindre 1 700 heures en 2018.
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Pour les cadres, le temps de travail est plus élevé et il a peu baissé : les cadres travaillent en moyenne 1 850 heures par an contre 1 650 heures pour les autres groupes de salariés depuis 2016. Leur temps de travail a moins baissé depuis les années 1970 (-75 h contre -250 heures pour l’ensemble des salariés à temps complet). En 2018, 24 % des cadres disent avoir travaillé plus de 45 heures sur une semaine de mars contre 11 % pour l’ensemble des salariés. La mise en place du système du forfait en jours (2ème loi de réduction du temps de travail en 2000) a conduit les cadres concernés à travailler plus que les autres. En 2018, les cadres en forfait jours effectuent 1 950 heures en moyenne par an contre 1 760 heures pour les cadres à temps complet qui travaillent au régime en heures.

L’augmentation du salariat (près de 90 % dans les années 2000) et la baisse du temps de travail des non-salariés ont contribué à réduire la moyenne du temps travaillé. Dans cette période, la durée du temps de travail des salariés était inférieure de 25 à 35 % aux non-salariés. Le temps de travail des non-salariés a baissé de 17 % en moyenne entre 1975 et 2018. Cette baisse s’est accélérée avec l’apparition du statut d’auto-entrepreneur. Elle contribue à hauteur de 16 % (-52 heures) à la baisse du temps de travail entre 1975 et 2018 et compense l’augmentation du temps de travail des salariés depuis 2003.

L’augmentation du temps partiel est une des raisons de la diminution de temps de travail : depuis 1975, le temps partiel a été multiplié par 3, concomitance de l’accélération de l’entrée des femmes sur le marché du travail et de la tertiarisation de l’emploi. Dès 1975, le temps partiel concerne 14 % des femmes ayant un emploi contre 2 % des hommes ; 30 % en 2018 pour les femmes et 8 % pour les hommes.

  • Près de la moitié des femmes déclarent être à temps partiel pour des raisons familiales : garde d’enfants ou d’une personne dépendante (48 %) mais aussi envie de disposer de temps libre (20 %).
  • Chez les hommes, le temps partiel, concentré autrefois sur les professions intellectuelles supérieures, concerne en majorité maintenant les ouvriers, les employés, et les moins diplômés.
  • Les jeunes sont de plus en plus souvent employés à temps partiel, conséquence du déploiement des politiques publiques de l’emploi (incitations financières, dispositifs d’insertion). Ce sont dès 1984, les TUC (travaux d’utilité publique), puis les contrats emploi solidarité, les contrats accompagnement dans l’emploi (CUI-CAE), devenus en janvier 2018 les parcours compétences (de 250 000 emplois dans les années 1980 à 1,5 million de salariés à la fin des années 1990 avec un reflux à 1,2 millions de salariés en 2018).
  • Dans le secteur marchand, des incitations financières à l’emploi à temps partiel pour les jeunes, les étrangers se sont appliquées aux embauches entre 1992 et 2002. Les abattements de cotisations sociales en 2018 pour les durées hebdomadaires contractuelles faibles concernent 27 % d’entre eux. 39 % des jeunes à temps partiel déclarent leurs études (ou formation), comme raison de celui-ci. Les salariés de nationalité étrangère occupent plutôt des emplois de nettoyage, gardiennage et d’employés de maison.

De nouveaux modes d’organisation du travail : des modulations du temps de travail permettent une flexibilité et une plus grande réactivité. Le contrôle des heures de travail effectuées s’est accru :

  • Le travail du dimanche et le travail de nuit (entre minuit et cinq heures) s’est développé, surtout le travail habituel et non plus occasionnel (catégories socioprofessionnelles qui assurent la continuité des services de santé, la restauration et l’hébergement, la sécurité…). Soit 3 % d’ouvriers en 1984 et 13 % en 2016 ; pour les employés, le travail du dimanche passe de 5 % en 1984 à 20 % en 2016. Cela concerne plus les hommes que les femmes (18 % contre 13 %). Le recours occasionnel aux heures de nuit et au travail dominical concerne de plus en plus de cadres.
  • Augmentation des horaires de travail atypiques avec une diversification des organisations du travail en équipes alternées et des moyens de contrôle des horaires de travail. La part des salariés disposant d’au moins 48 heures consécutives de repos hebdomadaire passe de 81 % en 1984 à 85 % en 2019.

En moyenne pour l’ensemble des actifs à temps complet ou partiel, sur une journée, le temps passé au travail a fortement reculé, de 6 heures par jour au travail (semaine et week-ends confondus) en 1974, il n’est plus que de 5 heures en 2010, soit une baisse de 16 % sauf pour les cadres qui travaillent 5 heures et 24 minutes ; le temps passé dans les trajets domicile-travail a augmenté de 4 minutes soit une hausse de 10 % entre 1998 et 2010 ; les loisirs et la sociabilité ont augmenté (+40 mn soit +23 %) ; le temps consacré aux soins des enfants a augmenté de 13 minutes, amplitude tant pour les hommes que pour les femmes et pour l’ensemble des catégories socioprofessionnelles y compris les non-salariés ; le temps passé aux tâches domestiques a baissé de 47 minutes pour les femmes et augmenté de 10 minutes pour les hommes.
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Références