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La VAE collective dans les entreprises et la gestion des compétences

jeudi 8 mars 2012

Les opérations de VAE collectives dans certaines branches professionnelles et entreprises mettent en évidence leurs objectifs et leurs pratiques quant à leur politique de gestion des ressources humaines. Ce sont en général des entreprises qui ont bâti des politiques prévisionnelles de l’emploi et des compétences. Et dans ces exemples, l’impact de la VAE fait partie du projet.

VAE et politiques de recrutement

Dans un certain nombre de cas, l’objectif et les pratiques de la VAE sont en lien avec le recrutement :

 En particulier dans des branches et entreprises qui ont des difficultés à recruter, situées dans des métiers peu connus ou peu valorisés. On le voit dans des établissements et services d’aide par le travail (ESAT) pour les adultes handicapés, pour lesquels l’organisation de programmes de VAE vise d’abord à créer une attractivité pour faciliter les recrutements de ceux qui encadrent. C’est le cas aussi pour les métiers de la mer.
 Pour les entreprises de Rhône-Alpes qui emploient des saisonniers, la VAE a pour objectif de les fidéliser d’une saison sur l’autre, ce qui diminue les risques des recrutements incessants et améliore le professionnalisme.

Dans ces exemples, les plans de VAE d’entreprises et de branches améliorent aussi les possibilités et les conditions d’emploi pour les salariés qui postulent à ces recrutements.

VAE et gestion des compétences

Dans d’autres cas, la validation des acquis de l’expérience fait partie de politiques de gestion des compétences des salariés :

 Fréquemment, il s’agit d’assurer le maintien et la consolidation de l’employabilité des salariés (Elior dans la restauration collective, les matériaux de construction…), de les prémunir contre l’usure professionnelle (ESAT), de tenir compte de l’évolution des métiers (L’Oréal). C’est alors un outil pour les salariés contre les risques d’obsolescence professionnelle et de licenciement, ou dans d’autres cas une réponse à de nouvelles exigences réglementaires de qualification des emplois (restaurateurs des Musées de France).

 De nombreux plans de VAE ont pour but le développement du professionnalisme des salariés (assistantes familiales de l’Ariège, branche professionnelle du textile qui a déjà validé 4 000 certifications de qualification professionnelle, syndicats de salariés telle la CFE-CGC de Provence pour ses permanents …). Dans ces cas, cet objectif est souvent lié à des mobilités internes et des possibilités de progressions professionnelles par des promotions internes : ESAT, matériaux de construction, McDonald’s pour des fonctions managériales…

 Un cas spécifique est celui des métiers dépendant d’un diplôme d’État. Il s’agit en particulier de métiers du secteur de la santé, définis par une réglementation d’État. Dans ces cas, la VAE n’a été possible que par son intégration dans cette réglementation. C’est par exemple un arrêté du 25 janvier 2005, modifié par celui du 19 février 2010, qui a permis aux nombreux salariés faisant fonction d’aides-soignants de valider leurs acquis et d’atteindre ainsi le diplôme d’aide-soignant et de faire reconnaître cette qualification dans leur emploi.

VAE et reconversion

D’autres, en raison d’évolution de ces secteurs et/ou de problèmes économiques prévisibles, organisent la reconversion de salariés :

 Il s’agit de leur permettre de se diriger vers d’autres métiers que le métier jusque-là pratiqué, en passant par une phase de reconnaissance des compétences acquises, compétences professionnelles et compétences transversales utiles dans une mobilité professionnelle et/ou externe. C’est le cas du programme de reconversion de sportifs de haut niveau vers des métiers d’encadrement de clubs, d’éducateurs sportifs.

 On peut trouver aussi un impact en termes de mobilité externe, la VAE est alors la plupart du temps couplée à des formations complémentaires, l’acquisition complète d’une qualification par le couplage des deux dispositifs facilite l’accès à un nouvel emploi (services à la personne de l’Ariège, ou branche textile, par exemple).

 Un cas particulier est celui de la validation des acquis issus de l’expérience et des responsabilités syndicales. Souvent elles ont amené des salariés à acquérir des compétences bien différentes de leur métier d’origine et, au bout de leur mandat syndical, un retour à leur ancien emploi est souvent impossible : ils ont perdu leur ancien professionnalisme, leur ancien emploi ne correspond plus du tout aux compétences qu’ils ont su développer… Quelques entreprises, en particulier Axa, créent des possibilités de reconnaissance des compétences acquises dans ces responsabilités, afin de faciliter leur reconversion dans l’entreprise, et la lient à une évolution professionnelle. À France Télécom, on associe VAE et parcours diplômant. Une expérimentation a également eu lieu en Midi-Pyrénées sous l’égide de l’Institut régional du travail, avec le soutien du Conseil régional et de la DIRECCTE, amenant des syndicalistes à un diplôme.

VAE et politique sociale

La validation des acquis fait aussi l’objet de politiques sociales favorables aux salariés, en particulier :

 Il peut s’agir de la valorisation de l’activité professionnelle exercée (assistantes familiales de l’Ariège) et des compétences mises en œuvre (France Télécom, notamment pur les techniciens de réseau télécom et les installateurs de réseau câblé, ou le secteur de l’humanitaire).

 Dans d’autres cas, il s’agit d’accompagner les projets individuels de salariés, même si cela peut les amener à changer de voie et d’entreprise (la FNAC, par exemple).

 Dans un exemple particulier, celui des ESAT de Gironde, la politique de reconnaissance et de qualification est tournée vers les ouvriers handicapés de ces centres. L’opération a commencé par valider les compétences acquises dans leur exercice professionnel, situé dans ce cas dans le domaine de la restauration, puis de concevoir des formations complémentaires, et les amener à une certification. Pour les plus motivés qui en ont la possibilité, ils ont pu faire ensuite d’autres apprentissages, passer d’autres examens, dans l’objectif final qu’ils puissent accéder bientôt à une embauche ordinaire.

Il est à remarquer que la reconnaissance financière de la validation de compétences obtenue n’est pas toujours au bout de la démarche ; cela dépend des entreprises, de leur situation économique, de leur politique sociale comme des objectifs qu’elles avaient en initiant un tel programme : le maintien de l’employabilité, par exemple, assure l’avenir de l’emploi, mais généralement pas une augmentation de salaire. Quand il y a reclassification au contraire, il y a bénéfice salarial.

La VAE, début d’une dynamique

De nombreuses démarches peuvent s’accompagner de poursuites d’apprentissages. Elles peuvent se situer :

 Concomitamment à la démarche de reconnaissance des acquis. C’est organisé ainsi chez Axa pour les syndicalistes ;

 À la suite des validations obtenues, qui ont permis en même temps de connaître l’écart restant avec une qualification complète, comme dans l’exemple des travailleurs handicapés de certains ESAT ;

 Pour compléter la certification acquise seulement en partie par la VAE ; le service de formation de la Redoute prévoit ce complément dans le cadre du plan de formation de l’entreprise ;

 Pour aller plus loin que la certification acquise par la VAE. Dans ce cas, la VAE constitue une évaluation tremplin vers de plus hautes qualifications. On peut prendre l’exemple des officines de pharmacie, qui proposent aux vendeurs de passer une VAE pour obtenir un baccalauréat, afin de faire ensuite deux ans de formation vers le brevet professionnel de préparateur. Certains salariés du textile font de même…

Reconnaissance des acquis et formation commencent ainsi à connaître de nouvelles articulations. Cela nécessite une individualisation de l’accompagnement et des pédagogies pour s’adapter aux singularités des expériences et de leurs contenus en compétences et savoirs et y « accrocher » les apprentissages complémentaires.

Pour les branches et entreprises engagées dans des politiques de validation des acquis, c’est une source d’efficacité, de motivation, d’optimisation des ressources humaines, d’innovation et de dynamique interne. Dans beaucoup de ces politiques, l’entreprise cherche aussi à valoriser son image, celle d’une entreprise qui se préoccupe des salariés, leur assure un avenir avec trajectoire possible, d’entreprises apprenantes aussi, ce qui est un atout d’employabilité et de progression pour les salariés concernés.

Dans tous les cas, les opérations réussies de VAE apportent aux personnes une valorisation personnelle, une reconnaissance d’elles-mêmes auprès des autres et à leurs propres yeux. Pour certains, c’est la première reconnaissance officielle d’un métier qu’ils exercent depuis longtemps. Pour beaucoup, cela les motive dans la prise en main de leur parcours professionnel, avec de nouvelles exigences de contenu de travail, de postes et de fonctions, amenant certains à un choix de mobilité professionnelle. Les personnes ont ainsi de nouveaux outils pour se prendre en charge, exiger une reconnaissance professionnelle, dans leur entreprise d’origine ou ailleurs en organisant leur mobilité vers un poste plus intéressant.

Les exemples utilisés sont issus des branches et entreprises suivantes :

Textile, Aide à domicile, Métiers de la mer, Transport et Logistique, Services à la personne de l’Ariège, Assistantes familiales Ariège, Pharmacies, Matériaux de construction, Saisonniers de Rhône-Alpes, Musées de France, Sportifs de haut niveau, Secteur humanitaire - Ford Aquitaine, Elior, Axa, ESAT Provence, Gironde, Fnac, L’Oréal, CFE-CGC, Audiens, France Télécom, Mc Donald’s, Orange, La Redoute.