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Le plan gouvernemental de lutte contre le chômage de longue durée

samedi 21 février 2015

De l’ambition affichée, des doutes sur les résultats

Le ministre du Travail, François Rebsamen, a présenté le 9 février, une vingtaine de mesures destinées à mieux accompagner les chômeurs sans emploi depuis plus d’un an. Ambitieux dans l’objectif présenté par le ministre, « préparer le plus possible les chômeurs de longue durée à être prêts lors de la reprise d’un emploi », ce plan a ses airs de déjà vu et suscite des doutes sur les résultats attendus.

Une cible légitimement prioritaire

  • Non pas que la cible soit mal choisie. En effet, selon les derniers chiffres de Pôle emploi, les chômeurs longue durée constituaient, en décembre 2014, 43,2 % de l’ensemble des demandeurs d’emploi, une part en constante augmentation depuis plus de cinq ans (2,25 millions de demandeurs d’emploi sur un total de 5,2 millions). Tout aussi grave, l’augmentation du nombre des chômeurs de très longue durée (plus de 2 ans) et la part prise par les seniors : les plus de 50 ans représentent désormais 31,6 % des chômeurs de longue durée (+ 8 points en cinq ans). Hommes et femmes sont représentés à peu près à parts égales (environ 40 %).

Qu’est-ce qu’un « chômeur de longue durée » ?

  • Selon la définition donnée par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), un chômeur est considéré « de longue durée » dès lors qu’il est sans emploi (ou en activité réduite, moins de 78 heures de travail par mois) depuis plus d’un an.

Qui est-il ?

  • C’est dans un arc nord-est, dans le Massif central et l’outre-mer que la part des chômeurs de longue durée est la plus importante parmi les demandeurs d’emploi.
  • On le sait, le diplôme protège du chômage de longue durée.
  • Enfin, les secteurs dont ils sont issus majoritairement sont les services à la personne, le commerce, le transport et l’industrie.

Les annonces du ministre de l’emploi conjuguent plusieurs dimensions

  1. Elles reprennent pour l’essentiel des mesures déjà annoncées ces derniers mois, certaines ayant même déjà été présentées en juin lors de son plan contre le chômage des seniors. Les deux cibles se confondent souvent.
  2. Le plan conjugue plusieurs dimensions, accompagnement renforcé, accès à la formation, des mesures pour aider à surmonter les obstacles de la vie, bilan de santé, accompagnement des employeurs...
  3. Dans le détail :
    1. La mise en place d’un diagnostic approfondi dès le début de la prise en charge des demandeurs d’emploi par Pôle emploi, avec l’ambition d’atteindre un objectif “zéro place de formation inoccupée.”
    2. Le renforcement du suivi, qui devrait concerner 460 000 personnes d’ici à 2017.
    3. L’accès à la formation, avec la mise en place d’un droit à une formation qualifiante gratuite pour les demandeurs d’emploi, mobilisable grâce au Compte personnel de formation (CPF). Les partenaires sociaux se sont accordés pour apporter 220 millions d’euros.
    4. Deux nouveaux contrats de professionnalisation, basés sur le principe de l’alternance, voient aussi le jour.
      1. Un contrat de professionnalisation "nouvelle carrière", s’adressant aux personnes de 50 ans et plus, devant adapter leurs compétences,
      2. et un contrat de professionnalisation "nouvelle chance", destiné aux chômeurs très éloignés de l’emploi, plus long, soit jusqu’à 24 mois.
    5. Un accompagnement "global" des chômeurs, destinées à combattre les "freins périphériques à l’emploi" : problèmes de logement, de santé, etc.
    6. Le déploiement d’un « dispositif de réservation de places en crèche d’entreprise » pour les demandeurs d’emploi parents isolés.
    7. La garantie de loyer sera ouverte "aux demandeurs d’emploi retrouvant un emploi", hors CDI confirmé, a annoncé le ministre du Travail. Cette mesure sera financée par les contributions employeurs collectées par l’organisme paritaire Action logement.
    8. Accompagner les employeurs, “car je sais qu’il est parfois plus compliqué de faire appel à une personne éloignée de l’emploi depuis très longtemps”, a expliqué François Rebsamen.
    9. Les demandeurs d’emploi pourront bénéficier d’un “Suivi dans l’emploi” de six mois qui aura pour ambition d’aider l’employeur à réussir l’intégration durable du salarié dans l’entreprise.
    10. Les demandeurs d’emploi pourront bénéficier de la mise en situation professionnelle prévue par la loi depuis mars 2014, possibilité pour les chômeurs de longue durée de faire un séjour d’un ou deux mois dans une entreprise prête à les embaucher, quand ils sortent d’un contrat d’insertion ou d’un parcours d’accompagnement renforcé chez Pôle emploi. En cas d’échec de cette période en entreprise, le chômeur revient au statut qu’il avait quitté. D’après le ministre, des grandes entreprises - GDF Suez, RATP... - se sont déjà engagées à en organiser 5 000.

Des doutes sur les résultats

Même si François Rebsamen s’est défendu d’avoir "recyclé des mesures", de nombreux acteurs ont accueilli les annonces gouvernementales avec scepticisme. D’abord, ce plan n’est pas accompagné d’un effort budgétaire supplémentaire. De plus, le ministre s’est bien gardé de fixer un objectif chiffré de recul du chômage de longue durée, suivant en cela l’attitude actuelle du Président de la République. Enfin, on l’a vu, le plan comporte des mesures déjà présentées, par exemple dans la convention tripartite Etat/Unedic/Pôle emploi ou qui vont devenir le bien commun à tous les salariés comme le compte personnel de formation.


En savoir plus sur

 http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/

 www.pole-emploi.fr