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Les clés du social : Métiers et formations dans le secteur du numérique

Métiers et formations dans le secteur du numérique

Publié le 6 juillet 2016 / Temps de lecture estimé : 4 mn

La transformation numérique de l’économie et des emplois va très vite et concerne tous les secteurs d’activité. Elle a commencé par l’automatisation de la production dans un but de productivité et se poursuit par une dématérialisation qui remet en question les modes traditionnels des affaires (guichets, agences…). Elle impacte fortement les compétences et nécessite des compétences transversales dans de multiples secteurs économiques. Or le secteur numérique emploie de plus en plus de personnes, et la forte progression s’est poursuivie même pendant les années de crise.

Emplois et métiers dans le secteur du numérique

Ses 690 000 salariés au 31 décembre 2014 représentent 4 % de l’emploi marchand non agricole, dans 36 500 entreprises (2 % des entreprises). Deux grands secteurs dominent : la programmation, conseil et autres, et le secteur des télécommunications. Derrière eux, on retrouve les activités de logiciel, traitement des données et portails, puis la fabrication industrielle et enfin le commerce et réparation.

Sous-secteurs du numérique Emplois salariés Établissements
Programmation, Conseil et autres activités informatiques 45,8 % 52,2 %
Télécommunications 19,1 % 10,5 %
Logiciel, traitement de données et portails internet 14,2 % 15,7 %
Fabrication industrielle de produits du numérique 10,8 % 3,8 %
Commerce et réparation de produits du numérique 10,1 % 17,8 %

On voit bien, par l’écart entre les deux chiffres de chaque sous-secteur, la différence de taille des établissements, mais avec une part plus importante d’entreprises de plus de 100 salariés que dans les autres secteurs, et même des plus de 250 qui concentrent 37 % des salariés du secteur.

Une forte disparité existe quant à leur répartition sur le territoire. Près de la moitié des emplois salariés est en Île-de-France (46,7 %). Loin derrière on trouve l’Auvergne-Rhône-Alpes (11,8 %), Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées (6,8 %), Provence-Alpes-Côte d’Azur (6,5 %), et Pays de Loire (5,3 %).

Une particularité du secteur est la place très prépondérante des CDI (94,6 %) et la faiblesse du nombre de CDD (3,9 %, contre 10,5 % pour l’ensemble des emplois salariés).

Une autre est la prédominance masculine, puisque les femmes ne représentent que 30 % des emplois (48 % dans l’ensemble des emplois marchands non agricoles).

Si l’emploi progresse fortement, il y a aussi du chômage dans ce secteur, même si le pourcentage est plus faible que dans les autres secteurs. Plus de la moitié des demandeurs ont plus que le bac. La grande majorité est masculine (80 %), jeune (entre 25 et 40 ans), beaucoup moins de plus de 50 ans. Leur chômage est long, surtout après 35 ans.

Cependant, les offres d’emploi en 2015 ont été particulièrement développées pour les études et développement informatiques (17,4 % des offres), avec des offres nombreuses pour ingénieurs et techniciens, la maintenance informatique et bureautique (8,9 %), la relation commerciale avec les grands comptes et les entreprises (8,2 %). On constate des tensions sur le marché du travail de ce secteur. Les trois métiers les plus recherchés sont : traffic manager, data scientist et chef de produit web et mobile. De plus, France Stratégie et la Dares prévoient que « le nombre d’emplois dans le domaine de l’informatique devrait encore progresser au cours des dix prochaines années, à un rythme bien supérieur à celui de l’ensemble des métiers », particulièrement pour les ingénieurs et les techniciens. Prospective confortée par les estimations de la Commission européenne (900 000 emplois vacants en Europe en 2020, en particulier des emplois de managers).

Besoins d’emplois et formations

On voit tout particulièrement un besoin de recrutement d’ingénieurs (notamment systémiers) et dans une moindre mesure de techniciens pour les entreprises du secteur. Les entreprises ont particulièrement besoin de candidatures dans le métier de développeur. Dans le secteur public, il y a aussi des besoins importants, mais en général plus faiblement qualifiés, donc peu attractifs.

En fait, si on fait le tour des métiers du numérique, on s’aperçoit que les besoins sont multiformes et pluri-compétences. Les études témoignent d’une croissance des besoins à bac + 5, spécialistes, généralistes ou managers, et aussi de niveau licence.

Or, il n’y a pas de nomenclature solide des métiers du numérique, et beaucoup de formations ont des intitulés génériques. On peut penser cependant qu’il sort environ chaque année 29 000 diplômés du supérieur dans ces spécialités (sur 560 000). Les prévisions de besoins poussent à développer significativement l’offre de formation supérieure, au moins d’1/4, même si la France est en tête des pays européens. Cette augmentation soulève aussi la question du vivier d’élèves et d’enseignants au niveau du second degré, niveau où la France est en situation très moyenne, et d’une politique volontariste de formation continue et de dispositifs « seconde chance ».

Car, seuls 10 % des élèves de terminale S suivent la spécialité « informatique et sciences du numérique », sans que ce soit encore une option ; deux bacs technologiques offrent des spécialités liées au numérique (« systèmes d’information et numérique » et « systèmes d’information de gestion ») ; ainsi que le bac professionnel « systèmes électroniques, numériques spécialité télécommunications et réseaux ». En tout, une trentaine de milliers de bacheliers par an sont formés au numérique, soit 4,6 % !

En septembre, au collège, l’introduction du socle commun de connaissances, compétences et culture comprendra des compétences et connaissances informatiques. Mais ce ne sont pas des enseignants spécifiques qui assurent ces cours, mais ceux de disciplines générales, technologiques et professionnelles : l’attractivité professionnelle de l’enseignement est bien plus faible que celle du secteur du numérique. Or, la diffusion du numérique dans le secondaire est une clé de son développement dans le supérieur.

Quant à la formation continue, l’appareil de formation y est beaucoup plus hétérogène et contraint, compte tenu des désajustements structurels entre les publics concernés, le niveau de qualification attendu et les stratégies des entreprises. Pourtant, une mobilisation des dispositifs pour les demandeurs d’emploi du numérique serait indispensable.

Ce panorama montre clairement les enjeux, pour les entreprises, les salariés et l’appareil de formation, en matière de développement économique comme en transformation des compétences nécessaires pour la sécurisation des parcours professionnels.


Sources