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Retraites : Regards européens

jeudi 14 avril 2011

Retraites en Europe : préoccupations convergentes, des réformes nécessaires, mais insuffisantes, le particularisme français...

Retraites en Europe : préoccupations convergentes

« Les réformes adoptées récemment ne permettront toujours pas de couvrir le coût des retraites à l’avenir, en dépit des allongements de l’âge de la retraite arrêtés dans la moitié des pays membres », selon une étude de l’OCDE relative au « Panorama des pensions 2011 », rendue public le 17 mars. La France, qui ne semble pas échapper à ce constat, s’est toutefois engagée vers une réforme qui pourrait s’avérer payante, estime l’OCDE.

Des réformes nécessaires, mais insuffisantes

Selon l’étude, l’âge moyen d’ouverture des droits à la retraite dans les pays membres de l’OCDE atteindra 65 ans pour les hommes et pour les femmes en 2050, soit une hausse d’un an et demi pour les hommes et deux ans et demi pour les femmes. Cependant, l’espérance de vie progresse à un rythme encore plus soutenu, et supérieur à l’augmentation de l’âge de la retraite d’environ deux ans pour les hommes et 1,5 an pour les femmes. Par conséquent, l’allongement de la durée de la retraite se poursuivra dans la majorité des pays de l’OCDE.

Pour tenter de maintenir la pérennité des systèmes de retraite, l’allongement de l’âge de départ à la retraite, adopté dans la moitié des pays membres, marque « une avancée sur la voie d’une meilleure maîtrise de la hausse de dépenses publiques », juge l’OCDE, mais ne permettra pas toujours de couvrir le coût des retraites à l’avenir. Pour le secrétaire général de l’OCDE, Angel Gurría, il convient dès lors « de procéder à de nouvelles réformes responsables, à la fois au niveau budgétaire et au niveau social ».

En effet, les réformes des retraites entreprises dans les pays de l’OCDE depuis le début des années 90 ont minoré les prestations futures de 20 % en moyenne. Ainsi, observe l’étude, en Allemagne, aux États-Unis, au Japon et au Royaume-Uni, les actifs faiblement rémunérés ne perçoivent, une fois à la retraite, que la moitié environ de leur salaire antérieur. « Les pays doivent davantage s’employer à lutter contre les discriminations liées à l’âge dans le milieu du travail, en prévoyant des possibilités de formation aux seniors et en améliorant leurs conditions de travail ».

Le particularisme français

En France, note l’OCDE, la réforme engagée récemment par le pays marque une avancée efficace pour assurer la fiabilité du système de retraite. Ainsi, l’allongement de la vie active par le biais d’une augmentation de l’âge de la retraite et/ou de la durée de cotisations est « la stratégie payante dans le contexte français », observe l’OCDE. En effet, du fait de ses particularités, les marges de manouvre dans ce pays sont « assez larges ».

D’une part, la France se caractérise par une sortie précoce du marché du travail. Elle est, en effet, l’un des pays ou l’âge de sortie du marché du travail est le plus faible : environ 59 ans pour les hommes et les femmes alors qu’il se situe autour de 64 ans pour les hommes et environ 62,5 ans pour les femmes dans les autres pays. Du coup, le temps passé à la retraite est le plus long, soit 22 et 27 ans respectivement pour les hommes et les femmes comparé à 18 et 22 ans en moyenne dans l’OCDE.

D’autre part, le pays présente un taux faible d’emploi des seniors âgés de 60 ans et plus, puisque seuls 19 % des hommes âgés entre 60 et 64 ans participent au marché du travail en France, comparé à 54,5 % en moyenne dans les pays de l’OCDE. Ce pourcentage est encore plus bas dans la tranche 65-69 ans, soit 5,5 % par rapport à 29,3 % en moyenne dans l’OCDE. Pour que la réforme ait les effets escomptés, « les employeurs, tant privés que publics, doivent apprendre à voir les travailleurs âgés comme un véritable atout et éviter toute discrimination à leur égard », prévient l’OCDE, qui appelle à « investir dans leur formation et adapter les conditions et heures de travail selon leurs besoins ».

L’Europe regarde la retraite des Européens

Une résolution « Vers des systèmes européens de retraite adaptés, durables et sûrs » a été adoptée par le Parlement européen.

« Si l’on compte actuellement quatre personnes en âge de travailler pour chaque personne de plus de 65 ans, elles ne seront plus que deux pour une d’ici 2060 » souligne le Livre vert du 7 juillet 2010 de la Commission européenne, auquel répond une résolution du Parlement européen adoptée en séance plénière le 16 février 2011, à une très large majorité. Le rapporteur qui a élaboré la résolution, a fait observer que « même si ce domaine est du ressort des États membres, certains aspects méritent d’être coordonnés au niveau de l’Union européenne.
Le vieillissement démographique a un impact important car tous les États membres n’ont pas constitué les réserves nécessaires au financement de leurs retraites. Cette situation pourrait déboucher sur d’énormes dépenses qui auront des conséquences sur le pacte de stabilité et de croissance. L’autorité de supervision devrait surveiller les systèmes de retraite et certains États membres doivent être encouragés à prévoir un système de retraite adéquat et sûr ».

La portabilité des droits à pension doit également être examinée, ainsi que les inégalités concernant les femmes et les travailleurs âgés.