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Après la séparation des parents, le niveau de vie des enfants baisse très fortement

samedi 27 avril 2024

C’est à hauteur d’enfant qu’ont voulu se situer les autrices du rapport de France Stratégie et de l’INED (Institut national des études démographiques). Un regard inhabituel car les études précédentes se focalisaient sur les conséquences, après un divorce, pour les mères et les familles monoparentales. Un regard utile car il met en lumière que les séparations se traduisent par une baisse importante du niveau de vie économique des enfants et un risque accru d’entrée en pauvreté, notamment pour les enfants de ménages au niveau de vie intermédiaire ou de familles nombreuses.

Quelques chiffres-clés

La note de France Stratégie et de l’Institut national des études démographiques rappelle quelques chiffres-clés. En 2020, l’INSEE estimait que 4 millions d’enfants mineurs avaient des parents séparés. Cela représente 27 % des 14,7 millions d’enfants mineurs en France. C’est un chiffre important. L’étude donne également quelques éléments sur la taille des familles. Les familles avec un enfant mineur représentent 45 % des familles qui se séparent et celles avec deux enfants mineurs, 38 %. Enfin, les enfants mineurs vivant dans des familles de quatre enfants ou plus forment 4 % de cette population.

Le risque de séparation

Les autrices indiquent que le risque de séparation a légèrement augmenté entre 2012 et 2019. La probabilité pour un enfant de voir ses parents se séparer est la plus forte vers l’âge de 7 ans (2,8%) et elle décroît jusqu’à l’âge de 11 ans (2,1%) pour rester ensuite stable. Les couples plus pauvres se séparent davantage que les couples aux revenus plus élevés. Enfin, les enfants de parents mariés ou pacsés font face à une probabilité de rupture bien moindre (1,8 %) que les enfants dont les parents sont en union libre (4,4 %).

Élément important, quand la séparation survient, 86 % des enfants restent avec leur mère, 11,5 % sont en garde alternée selon les données de 2020.

L’évolution du niveau de vie des enfants après la séparation des parents

Le but de l’étude est de se centrer sur les enfants mineurs en créant une base de données pour suivre la trajectoire de leur niveau de vie et de leurs conditions de vie. Ainsi, un panel d’environ 36 000 enfants ayant vécu une séparation de leurs parents a été constitué. Il a été suivi sur plusieurs années. Un groupe dit « de contrôle » constitué de 93 000 enfants dont les parents sont restés ensemble permet de comparer l’évolution des situations.

  • Un impact important de la séparation : après une séparation, les enfants vivent l’année de la séparation dans un ménage dont le niveau de vie est en moyenne 19 % inférieur à celui précédant la séparation.
  • Un impact durable : cinq ans après la séparation, le niveau de vie des enfants dont les parents se sont séparés est toujours inférieur d’environ 12 % en moyenne à leur niveau de vie avant la séparation.
  • Un impact plus fort encore lorsque les enfants vivent avec leur mère.
  • Un risque d’entrée dans la pauvreté pour les enfants de ménages au niveau de vie intermédiaire avant la séparation. Les taux de pauvreté atteignent des niveaux très élevés pour les enfants de familles nombreuses.
  • La remise en couple du parent gardien ne concerne qu’une proportion minoritaire des enfants : 5 % d’entre eux sont concernés l’année suivant la séparation, près de 20 % trois ans après, et près de 30 % six ans après. Ainsi, six ans après la séparation, 70 % des enfants vivent encore avec le parent gardien seul.

Quand on compare la situation avec les enfants du même âge dont les parents restent ensemble, le contraste est plus important. La différence de niveau de vie après la séparation est encore plus marquée, de l’ordre de 27 % l’année de la séparation, et toujours 22 % au bout de cinq ans.

L’impact sur les conditions de logement

On le sait, la séparation des parents implique souvent un changement de logement. L’année de la séparation, 38 % des enfants quittent le logement occupé l’année précédente, 18 % un an après la séparation puis 15 % deux ans après. Pour la plupart, le déménagement se fait dans la même commune ou le même département. Le rapport souligne que le logement social joue un rôle important d’amortisseur du « choc économique » de la séparation.

Ce qu’il reste à faire en termes d’études

Les autrices appellent aussi à croiser ces premières données de « trajectoire » des enfants mineurs avec des données du ministère de l’Éducation nationale pour connaître l’impact des séparations sur la réussite scolaire.

En conclusion

Cette étude sur l’impact des séparations sur les enfants met en lumière une baisse de 19 % de leur niveau de vie l’année de la rupture. Même si cette baisse est atténuée par les prestations sociales, les pensions alimentaires, le retour à l’emploi des mères et les remises en couple, les différences avec les enfants de familles non séparées demeurent. Aussi, cette enquête très utile appelle des réponses politiques et administratives de soutien des familles et des couples, de lutte contre les risques d’entrée dans la pauvreté. En parallèle, une prise en compte dans les politiques sociales des CSE serait utile.


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