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Les mères sacrifient davantage leur carrière que les pères

samedi 13 avril 2024

Une étude de la Drees (ministère de la Santé) montre que ce sont majoritairement les mères qui adaptent leur vie professionnelle aux besoins de la famille et que l’articulation entre vies familiale et professionnelle repose toujours fortement sur elles. Ce fait se cumule aux discriminations qui existent encore dans le monde du travail. L’égalité entre les hommes et les femmes est encore loin !

Une enquête cde la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees)

Les auteurs se sont appuyés sur l’enquête Modes de garde et d’accueil des jeunes enfants de 2021. Elle vise à analyser les inégalités de genre au sein des couples, concernant leur situation d’emploi et leur organisation familiale. On le sait, bien souvent, les parents sont contraints d’ajuster leur équilibre professionnel pour s’occuper de leurs enfants. Le périmètre de l’enquête s’appuie sur le champ des familles hétéroparentales avec des enfants de moins de 6 ans.

Pour 42% des familles, ce sont les mères qui se sont éloignées du marché de l’emploi pour garder leur enfant

La situation inverse existe bien sûr mais elle est beaucoup plus rare (8% des familles). Pour 31% des mères qui ne travaillent pas à temps plein, c’est un choix fait pour des raisons liées aux enfants, contre 5% des pères. Et parmi l’ensemble des couples, 16% des mères (contre 4% de pères) déclarent être sans emploi pour s’occuper de leurs enfants.

L’impact de la catégorie sociale

Selon leur catégorie sociale, les mères et les pères font face à des difficultés d’articulation entre vie familiale et vie professionnelle plus ou moins marquées et différentes. L’étude des données montre que la part des couples où la mère est plus éloignée de l’emploi que le père diminue avec l’élévation de la catégorie sociale. Les mères employées ou ouvrières ne travaillent pas souvent à temps complet (44%) et sont plus souvent sans emploi (62%) alors que les mères cadres ou de professions intellectuelles supérieures exercent plus souvent à temps complet (74%) ou à temps partiel (58%) et sont très peu sans emploi.

Pourquoi ?

L’étude avance que des rémunérations plus faibles et des conditions d’emploi plus contraignantes (ne pas pouvoir travailler à domicile ou modifier ses horaires en cas d’imprévus…) peuvent justifier que les mères quittent leur activité professionnelle pour garder leur enfant elles-mêmes. De plus, quand les parents ne trouvent pas de solution d’accueil, ce sont surtout les mères qui freinent leur activité ou optent pour un congé parental souvent non choisi. Enfin, l’étude indique que « les représentations sociales créent des attentes plus fortes vis-à-vis des mères quant à leur implication dans les charges familiales ». Selon l’étude de la Drees, 18% des couples avec enfant de moins de 3 ans gardent leur jeune enfant alors que leur premier choix aurait été une solution d’accueil extérieure. Et dans ce cas, ce sont principalement les mères qui assurent ce mode de garde parental non choisi. Ce problème de garde des enfants est « un frein majeur » au retour vers l’emploi d’un certain nombre de femmes.

Dans le même temps, le baromètre de la Drees met en lumière une répartition des tâches domestiques en défaveur des femmes, ce qui aggrave d’autant leur intégration dans le monde du travail. 54% des femmes déclarent qu’elles prennent majoritairement elles-mêmes en charge les tâches ménagères (les courses, le ménage et le linge) contre 7% des hommes.

Une évolution dans les couples

La Drees constate depuis 2002 que les situations d’emploi sont plus souvent similaires au sein des couples avec un investissement des mères plus fort dans le monde professionnel. Mais elle pointe qu’il y a très peu de changement du côté des pères. Cette évolution concerne toutes les catégories sociales, mais semble plus rapide dans les catégories sociales élevées.

En conclusion, « l’égalité est encore loin », résume le ministère de la Santé et même si les situations des couples sont devenues plus souvent similaires depuis vingt ans, leurs organisations demeurent toujours très genrées. Messieurs, encore un effort !


Sources