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Les femmes sont toujours victimes de sexisme au travail

samedi 19 novembre 2016

S’appuyant sur les résultats de la dernière enquête « Conditions de travail » de 2013 auprès de salariés du privé, de non salariés et d’agents publics, le ministère du Travail relève que « le sexe, après la profession et l’âge, est l’un des principaux facteurs de discrimination évoqués par les personnes victimes de comportements hostiles au travail ». Ainsi, 22 % des femmes touchées par ces comportements les attribuent à leur genre alors que c’est seulement le cas de 4 % des hommes concernés. Les comportements sexistes au travail concernent au total 8 % des femmes et 1 % des hommes. Ces chiffres sont inquiétants. Afin de les combattre dans la sphère publique comme dans la sphère privée, la ministre en charge des droits des femmes a lancé, du 8 septembre 2016 au 8 mars 2017, un plan d’actions et de mobilisation contre le sexisme, intitulé « Sexisme, pas notre genre ! ». Pour ne plus jamais entendre : « t’es énervée, t’as tes règles ? »

Qu’est-ce que le sexisme au travail ?

Il fait partie pour la Dares des comportements hostiles au travail. Ceux-ci se divisent en trois catégories :

  • les comportements méprisants,
  • le déni de reconnaissance du travail,
  • les atteintes dégradantes.

Ces 3 types de comportement sont considérés comme sexistes, uniquement quand la personne interrogée attribue ces comportements « au fait d’être une femme ou un homme ».

Les femmes sont victimes de sexisme ordinaire qui se manifestent par des expressions méprisantes ou dégradantes. Du classique : « Les femmes ne sont pas disponibles, elles doivent garder les enfants ! » à « Vous vous sentez capable d’assumer cette tâche… ? » « Qu’en pense votre conjoint ? » en passant par « Nous avons bien un homme mais ils veulent absolument une femme, alors nous te sollicitons… » Et pour finir « La Légion d’honneur, pour une femme, aujourd’hui…on peut l’avoir facile » …

Les comportements à caractère sexiste sont moins fréquemment associés à des dysfonctionnements de l’organisation du travail que les comportements hostiles en général.

Les plus exposées

Les femmes qui occupent des emplois habituellement masculins (postes de supervision, travail dans l’industrie, sur les chantiers ou en déplacement ou exposé à des nuisances physiques importantes) sont les plus nombreuses parmi les femmes victimes. Travailler dans un secteur ou sur un emploi ne correspondant pas aux stéréotypes sexués de la division du travail expose donc plus fréquemment à des moqueries ou à des discriminations sexistes. Enfin, les femmes sont plus fréquemment victimes d’hostilité ou de sexisme lorsqu’elles sont cadres ou lorsqu’elles ont un enfant de moins de 3 ans à charge.

Au contraire, chez les femmes occupant un emploi « typiquement féminin », au sens où il est habituellement occupé par des femmes – et travaillant dans des secteurs très féminisés, la sensation de sexisme est bien moindre. Seulement 6 % des femmes (contre 3 % des hommes) se disent victimes de moqueries ou de comportements déplacés.
"Accroître la mixité des emplois pourrait donc contribuer à prévenir la survenue de ces comportements sexistes", conclut l’enquête.

Les travailleurs salariés plus hostiles que les non-salariés

D’après les résultats de l’enquête, les non salariés sont beaucoup moins concernés par les comportements hostiles que les salariés (16 % contre 37 %). Un constat logique avec le statut de travailleur indépendant qui intervient chez des particuliers ou à leur domicile. Il est moins susceptible d’être exposé à ces attitudes.

Comment agir ?

Le sexisme se combat. Aussi, si vous êtes victime de comportements sexistes, vous pouvez en informer le CHSCT, votre syndicat ou solliciter l’intervention de l’inspection du travail. Vous pouvez également vous confier à la médecine du travail ou à votre médecin généraliste. Vous pouvez également faire part de votre situation à votre employeur. Si malgré cela, la situation n’évolue pas, vous avez la possibilité de saisir le Conseil de prud’hommes.

Les responsabilités de l’employeur

L’employeur a l’obligation de protéger la santé physique et mentale de ses salariés et de garantir la sécurité au travail. Depuis la Loi Rebsamen, il relève de sa compétence de prévenir les agissements sexistes au travail.

#SexismePasNotreGenre

Les comportements sexistes ne concernent pas seulement le monde du travail. D’après une enquête récente de l’institut d’études CSA commandée par le ministère des droits des femmes, 4 femmes sur 10 déclarent avoir été récemment victimes d’une injustice ou d’une humiliation parce qu’elles sont des femmes. Une femme sur deux déclare également avoir changé sa façon de s’habiller (pour éviter une remarque sexiste) et près de 40 % ont renoncé à fréquenter certains lieux en raison des commentaires et harcèlements qu’elles y affrontaient.

La ministre a lancé du 8 septembre 2016 au 8 mars 2017 un plan d’actions et de mobilisation contre le sexisme, intitulé « Sexisme, pas notre genre ! ». Ce plan invite chacun à agir et à réagir, en proposant des initiatives qui font reculer le sexisme, en soutenant la mobilisation et en témoignant de leurs expériences du sexisme sur une plateforme numérique dédiée.

Pour Laurence Rossignol, « l’égalité réelle entre les femmes et les hommes se heurte toujours à un plafond invisible dont le matériau principal est le sexisme ».


Sources