samedi 18 juillet 2020
Régulièrement, l’Observatoire social de l’entreprise, réalisé par le Cesi et l’Ipsos, nous livre des résultats sur le moral et les attentes des salariés et des entreprises. Cette fois-ci l’enquête [1], réalisée du 19 mai au 20 juin, permet de saisir l’état du climat et des aspirations pour la relance des activités, juste au moment du déconfinement.
Les salariés et les mesures prises par leur entreprise pendant le confinement ?
Les 2/3 des chefs d’entreprise interrogés ont eu recours au chômage partiel. 43 % ont gelé les recrutements, 31 % ont fait prendre des congés à leurs salariés et 16 % autres vont le faire dans les 6 mois. 30 % ont annulé ou reporté promotions, primes ou augmentations. ¼ a réduit son budget formation ainsi que les embauches en apprentissage ou alternance.
Face à cela, 70 % des salariés font confiance aux dirigeants pour faire face aux enjeux de la crise : soit près des ¾ …mais beaucoup moins que les 98 % des chefs d’entreprise qui font confiance à leurs salariés. 37 % des salariés se disent compréhensifs, 32 % solidaires, mais aussi inquiets (31 %). Résignés (17 %) et mécontents (14%) sont ainsi minoritaires.
Beaucoup d’inquiétudes pour la relance
Une majorité anticipe une dégradation de la situation économique de la France dans les mois qui viennent : les 2/3 des chefs d’entreprise et les ¾ des salariés, soit plus qu’au moment de la crise de 2008-2009. Une bonne moitié (54 %) des entreprises anticipent une baisse de leur activité, et davantage encore d’entreprises de plus de 250 salariés et d’entreprises industrielles. Salariés comme entreprises pensent que les 6 prochains mois vont être difficiles.
Comme le montre le tableau ci-dessous, les salariés ont plus de craintes que les dirigeants sur la gestion des prochains mois, …tout en étant plus nombreux à espérer une reprise rapide :
Leur sentiment sur : | Salariés | Chefs d’entreprise |
---|---|---|
Le maintien de l’emploi dans leur entreprise | 66 % | 73 % |
Le développement économique de leur secteur d’activité | 47 % | 49 % |
La proposition de formations aux salariés | 42 % | 46 % |
Leur capacité d’embaucher | 31 % | 31 % |
Leur capacité d’augmenter les salaires | 22 % | 28 % |
Les aspirations prioritaires des salariés vont d’abord au maintien de leur emploi. Les craintes les plus fortes viennent des plus de 50 ans, des salariés de l’industrie, de ceux des TPE et bien sûr de ceux qui anticipent une baisse d’activité de leur entreprise.
La 2ème inquiétude forte concerne les salaires, venant surtout des salariés qui s’attendent à une stabilité ou une hausse de l’activité de leur entreprise mais qui craignent un gel des salaires.
Arrivent en 3ème position et à un niveau jamais atteint des attentes en matière de conditions de travail, surtout de la part de 2 groupes de salariés : ceux qui s’attendent à une hausse d’activité et ceux qui sont à un haut niveau de télétravail dans leur emploi du temps.
Une évaluation majoritairement positive du climat social, mais avec une différence de niveau entre entreprises et salariés
Les avis sur ces questions sont tous majoritairement positifs, mais avec un décalage entre entreprises et salariés, comme le montre ce tableau :
Avis favorable sur : | Salariés | Chefs d’entreprise |
---|---|---|
Le climat général | 60 % | 87 % |
L’adhésion aux grandes orientations de l’entreprise | 56 % | 85 % |
Les rémunérations | 51 % | 78 % |
Les entreprises pensent (94 %) également que les relations des salariés avec leurs supérieurs hiérarchiques sont positives, que la charge de travail est bonne (70 %). Les salariés jugent positivement la gestion du déconfinement réalisée par leur entreprise. Mais ce climat résisterait-il à une forte montée du chômage ?
Une très forte attente des salariés : la demande de sens
Les 2 mois de confinement ont mis l’accent sur les métiers essentiels, ceux de la santé en 1er et aussi ceux qui ont permis aux besoins essentiels des populations d’être couverts : commerces alimentaires, transports de marchandises, gestion des déchets, production de matériel pour les gestes barrière… Cette situation a accentué la réflexion et grossi l’attente des salariés pour que les entreprises donnent du sens à leur travail :
Mais une entreprise sur 4 n’a pas encore réfléchi ou ne compte pas le faire et, plus inquiétant, 60 % des entrepreneurs pensent l’avoir déjà fait ! C’est par ces chiffres qu’on voit le décalage avec l’état des lieux sur la question du sens et de l’utilité sociale !
Après le rapport Notat-Senard [2], la loi Pacte [3] a créé des possibilités pour aller plus loin qu’une simple opération de communication - qui engage peu - avec la notion d’intérêt social et la définition d’une raison d’être dans les statuts des entreprises. Peu encore ont franchi le pas. C’est pourtant – les chiffres ci-dessus le démontrent - une très forte demande des salariés, et une exigence à leur implication dans leur travail.
Référence
[1] Enquête réalisée par téléphone et internet après la levée du confinement (du 19 mai au 10 juin 2020) auprès de 400 chefs d’entreprise et 1 000 salariés du secteur privé.