Il y a 20 ans, la canicule
La journée de solidarité a été créée en 2004 en réaction à la canicule meurtrière de 2003. Elle est inscrite dans la loi du 30 juin 2004. Elle participe au financement du soutien à l’autonomie des personnes âgées et handicapées. Les salariés contribuent avec l’équivalent d’une journée de travail. C’est la contribution solidarité autonomie (CSA).
La journée de solidarité est réformée en 2008 après de nombreuses critiques. Depuis cette date, les entreprises sont libres de choisir le jour qui sera travaillé par les salariés. Certains suppriment un jour de congé ou de réduction du temps de travail (RTT), d’autres en font cadeau à leurs salariés ou répartissent les heures dans l’année.
En contrepartie, l’employeur doit verser 0,3 % de sa masse salariale à la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA). Les revenus du capital, hors épargne populaire type Livret A, sont également soumis à ce prélèvement de 0,3 %.
Les retraités sont aussi mis à contribution
Depuis le 1er avril 2013, les retraités et invalides imposables doivent aussi contribuer à hauteur de 0,3 % de leur pension au financement de la dépendance, en s’acquittant de la contribution additionnelle solidarité économie (CASA), destinée à financer la loi d’« adaptation de la société au vieillissement » entrée en vigueur début 2016.
3,2 milliards d’euros en 2023
Le bilan présenté indique que la journée de solidarité a rapporté 3,2 milliards d’euros en 2023. Cette somme représente 8,2 % du montant global des recettes affectées à la branche Autonomie de la Sécurité sociale. Le budget global de cette branche s’élève à 41 milliards d’euros.
Quelles affectations ?
Le communiqué officiel de la CNSA liste les différents programmes et fonds qui reçoivent une partie de cette somme, soit :
- Le fonctionnement et la modernisation des établissements et services médico-sociaux qui accueillent les personnes âgées et les personnes handicapées,
- Le financement de l’allocation personnalisée d’autonomie (APA) et de la prestation de compensation du handicap (PCH), versées par les conseils départementaux,
- Le fonctionnement des maisons départementales des personnes handicapées (MDPH),
- Des actions de prévention de la perte d’autonomie (ateliers collectifs sur l’équilibre, la prévention des chutes, aide à l’acquisition de matériel adapté…),
- L’aide à de nouvelles formes d’habitat pour les personnes âgées et les personnes handicapées,
- L’accompagnement des proches aidants de personnes en perte d’autonomie,
- Le développement de l’accueil familial.
Critiques anciennes et nouvelles
Les premières critiques mettaient en avant que seuls les salariés contribuaient à cet effort. Depuis, les décisions concernant les retraités ont répondu en partie à cette demande mais les artisans et les travailleurs qui exercent une profession libérale ne sont toujours pas tenus de se soumettre à cette journée.
Autre critique récurrente, les crédits de la journée de solidarité seraient « détournés » de leur objet initial protestent certaines associations d’établissements pour personnes âgées. Ainsi, l’Association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA) a estimé, dans une note publiée en 2021, que plus de 20 milliards ont été « détournés par l’État », au détriment des personnes âgées, « pour alimenter le budget de l’État ou de l’Assurance maladie ».
Enfin, la proposition des sénateurs dans le cadre du débat sur le budget de la sécurité sociale du gouvernement Barnier a ressuscité ce débat. Ils défendaient la volonté d’instaurer une deuxième journée de solidarité afin de répondre à la crise dans les Ehpad par le biais d’une augmentation de 7 heures de la durée de travail sans rémunération supplémentaire. Depuis, certains ministres actuels ont repris cette proposition.
Les syndicats, déjà opposés à la première journée de solidarité n’ont pas manqué de réagir. La CFDT craint une « baisse du pouvoir d’achat de 0,3 % » qui pèserait sur les seuls salariés, alors que le risque du vieillissement, universel, doit être financé par tous. Quant à la CGT, elle dénonce une nouvelle manière de remettre en question les 35 heures.
Affaire à suivre !

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