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Les clés du social : Le monde d'après sera construit par tous

Le monde d’après sera construit par tous

Publié le 2 septembre 2020 / Temps de lecture estimé : 3 mn

France Stratégie vient de publier la synthèse des 448 contributions qu’elle a sollicité dans l’objectif de construire un « après » soutenable. Économie, écologie, modèle social, numérique, rôle de l’État...tous les sujets ont été abordés. L’enquête montre des consensus et des dissensus et recense les propositions les plus remarquables. Un bel exercice de démocratie participative.

Un espace contributif ouvert à tous

Du 1er avril au 31 mai dernier, entre la période de confinement et celle du déconfinement, France Stratégie a ouvert un espace contributif afin de recueillir des idées pour « l’après ». L’agence gouvernementale a fixé comme horizon les soutenabilités dans toutes leurs dimensions et la volonté de ne pas rééditer les erreurs du passé. Sept axes de questionnement ont été proposés pour instruire les grandes questions qui se posent en sortie de crise, et surtout articuler l’urgence de la reprise et les défis de long terme.

448 contributions

Les 448 contributions sont venues de toutes les régions de France et sont publiées sur le site Internet de France-Stratégie. Dans un livret sont présentées les grandes lignes et les enjeux principaux évoqués par les contributeurs, les points de consensus entre eux, mais aussi ce qui fait débat. L’enquête présente aussi les propositions les plus originales, celles qui illustrent le mieux les desseins pour « l’après ». Pour les chercheurs, ce qui frappe le plus, ce sont les traits communs à tous les enjeux de réflexion. Qu’on parle de numérique, de modèle social, du rôle de l’État, des experts et des citoyens, de notre rapport au vivant, on observe quelques grandes tendances.

La synthèse proposée par France-stratégie, ci-dessous

Les consensus

  • la valorisation de la proximité (relocalisations, autonomie locale, consommation locale…) ;
  • la volonté d’une approche globale de la transformation sociale, centrée sur la transition écologique ;
  • l’accent mis sur les besoins fondamentaux et sur la reconnaissance de celles et ceux qui y pourvoient (agriculture, alimentation, santé et care…) et plus généralement de celles et ceux qui œuvrent pour le bien commun et l’intérêt général ;
  • une aspiration à une reprise en main démocratique de l’économie locale, des temps et des technologies, souvent autour des « communs » (les biens communs, note de la rédaction) ;
  • le souhait que la priorité soit donnée à la résilience par rapport à l’efficience, dans les politiques publiques ;
  • l’importance des enjeux de formation et la valorisation de la place des savoirs et des savoir-faire dans la société ;
  • la transformation du travail et des entreprises (rapport au temps de travail, relations au sein des entreprises, transformation des métiers, plus de prise en compte des enjeux environnementaux) ;
  • l’importance de l’Europe (organisation du commerce international et accords internationaux, Europe sociale et numérique).

Les dissensus, certains portent sur des orientations radicalement différentes, par exemple

  • la façon de découpler bien-être et empreinte environnementale : si l’objectif fait consensus, ce n’est pas la même chose de le rechercher via une forme de « croissance verte » ou de miser sur la « sobriété » ;
  • le rôle de l’État : doit-il piloter lui-même les transformations ou attend-on surtout de lui qu’il facilite les initiatives locales, des entreprises ou des citoyens ?
  • la place des technologies : doit-on les voir d’abord comme des outils au service des transitions et de l’émancipation ou s’agit-il plus souvent d’une forme de « verrou » qui empêche la transition de s’opérer ?

D’autres points portent davantage sur des questions de moyens, de méthode ou de niveau

  • s’il faut rénover la démocratie, quels outils privilégier ? Faut-il miser davantage sur la délibération de « mini-publics » comme des conventions citoyennes, ou bien avoir plus fréquemment recours au référendum ?
  • s’il faut réguler la finance, notamment pour la mettre au service de la transition écologique, faut-il plutôt faire confiance aux incitations pour encourager la « finance verte » ou envisager des mesures coercitives ?
  • enfin, quel échelon est le plus pertinent pour penser et construire le « monde d’après » : l’Europe ? la France ? un échelon encore plus local ?

Un exercice salutaire qui, avec d’autres, commence à dessiner un chemin.


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