Le fossé entre riches et pauvres s’est accentué ces dernières années et surtout pendant et après le Covid. Les inégalités de patrimoine ont augmenté entre fin 2018 et fin 2021. Le patrimoine immobilier et professionnel explique cette légère hausse.
- Les 10 % les plus riches ont un patrimoine d’au moins 716 000 euros d’actif.
- Les 10 % les plus pauvres ont au maximum 4 400 euros soit 163 fois moins.
- En 2018, année de la précédente étude, l’écart était de 158 entre les deux catégories.
Le patrimoine professionnel représente un tiers du patrimoine total. Il comprend principalement l’outil de travail des propriétaires.
- Chez les agriculteurs, cela peut correspondre au bétail, aux machines, aux bâtiments agricoles, aux terres…
- Chez les chefs d’entreprise, cela correspond aux entreprises.
- Les 5 % les mieux lotis en patrimoine professionnel possèdent 95 % du patrimoine total mais avec de grandes différences de répartition (les 1 % possèdent 66 %).
- Chez les plus pauvres, ce capital est quasiment nul.
Le patrimoine immobilier et résiduel (voiture, équipements de la maison, bijoux) des propriétaires est l8,6 fois supérieur à celui des Français locataires ou logés gratuitement.
- 6 ménages sur 10 sont propriétaires d’un bien immobilier. Ce patrimoine constitue d’ailleurs 62 % du patrimoine détenu par les ménages en moyenne.
- Les 1 % qui se trouvent en haut de la pyramide possèdent un patrimoine d’au moins 2,23 millions d’euros.
- Chez les retraités, 74 % des plus de 70 ans ont un patrimoine immobilier (résidence principale, 188 700 euros). Entre 50 et 69 ans, deux tiers des séniors possèdent un patrimoine immobilier (202 300 euros).
- La valeur des biens immobiliers possédés par les ménages retraités est 1,14 fois plus élevée que celle possédée par les ménages actifs avec environ 188 000 contre 166 000 euros.
Le patrimoine financier représente 20 % du total. Les 10 % en bas de la pyramide possèdent en moyenne 400 euros, les 10 % du sommet possèdent au moins 150 000 euros d’actifs financiers en moyenne, soit 344 fois plus. Les plus modestes ont un livret A, les classes moyennes et les plus riches possèdent toute une gamme de produits : compte épargne logement, assurance-vie, valeurs immobilières. Les ménages ayant les plus hauts patrimoines sont globalement plus âgés que l’ensemble de la population :
- L’épargne salariale fait aussi partie du patrimoine détenu par les ménages les plus âgés. Cette forme d’épargne est au plus haut chez les 50-59 ans (19 %), elle diminue avec l’âge après la retraite.
- Quel que soit l’âge des séniors, leur patrimoine est principalement composé de livrets d’épargne (82 % du patrimoine des 50-59 ans, 80 % des 60-69 ans et 81 % des 70 ans et plus).
- En moyenne, 17 % des 50-70 ans et plus possèdent des valeurs mobilières (actions, obligations, Sicav…).
- L’ensemble du patrimoine financier des séniors (hors patrimoine immobilier) est en moyenne de 73 400 euros d’épargne ou de valeurs mobilières et les 70 ans et plus, de 82 600 euros.
- Les ménages de retraités sont sous-représentés dans les ménages jusqu’au 3ème décile. Leur part est plus importante dans les déciles du milieu de la distribution avant de redescendre légèrement dans les ménages les plus riches (patrimoine supérieur au 8ème décile).
Depuis 2010, les inégalités ont augmenté pour les retraités comme pour les actifs : il y a peu d’évolution dans la concentration des patrimoines, même si les 10 % de ménages retraités les plus riches en possèdent relativement un peu moins en 2018 qu’en 2010 (43 % contre 45 % de la masse totale de patrimoine brut hors patrimoine résiduel) :
- En fait, les évolutions ont été très différentes entre les ménages les moins dotés en patrimoine et les ménages les plus dotés.
- Le 2ème décile de patrimoine a baissé en euros constants de 5,5 % pour les ménages retraités et de 20 % pour les ménages d’actifs.
- En haut de la distribution, les 7ème, 8ème et 9ème déciles ont progressé de 7 % à 8 % pour les ménages de retraités.
- Une évolution moins nette pour les ménages des actifs. Le 7ème décile a été quasi stable, tandis que les 8ème et 9ème déciles progressaient respectivement de 4 % et 5 %.
- Ceux qui ne vivent pas en couple ont un patrimoine moins élevé que les ménages en couple. En particulier, les femmes veuves retraitées ont un patrimoine brut pratiquement deux fois moins élevé que les couples (214 000 euros contre 402 300 euros).
Le patrimoine : un effet d’âge ou un effet de génération ? Depuis 2018, le patrimoine brut médian des ménages dont la personne de référence est active croît avec l’âge. Le phénomène s’inverse à partir de 75 ans.
- À âge égal, chaque génération a accumulé plus de patrimoine que la précédente.
- Le niveau de patrimoine des retraités de 66 ans à 71 ans a ainsi progressé entre les générations nées dans les années 1920 et celles nées dans les années 50 qui ont connu le contexte économique des 30 glorieuses. Ils ont profité du boom immobilier.
- Le patrimoine médian a également augmenté de manière très soutenue autour de 35-50 ans pour les générations nées entre 1951 et 1974.
- Le patrimoine a progressé au fil des générations au moins jusqu’à la génération 1939 et 1944.
- Pour la génération née entre 1945 et 1956, la décroissance du patrimoine semble intervenir plus tôt dans le cycle de vie que la génération précédente (le patrimoine moyen des ménages ayant diminué légèrement entre 2010 et 2015).
Le patrimoine des générations les plus jeunes augmente fortement en début de vie active :
- Entre 2010 et 2015, le patrimoine brut hors reste médian en euros courants est multiplié par 8 pour les ménages dont la personne de référence est née entre 1980 et 1984 (qui a entre 26 ans et 35 ans entre ces deux dates) et par 2,3 pour les personnes dont la personne de référence est née entre 1975 et 1979 (entre 31 ans et 40 ans).
- À l’inverse, le patrimoine médian des générations nées entre 1950 et 1959 baisse très fortement entre 2010 et 2015 aux âges de la retraite.
- Les générations les plus anciennes, nées dans les années 1930, ont un patrimoine moins important que les générations qui leur succèdent.
La part des propriétés privées détenues par les 1 % les plus riches a baissé de 55 % en 1910 à 24 % en 2020, selon les travaux de Thomas Piketty auteur du livre Le capital au XXIème siècle, « mais cela a peu amélioré les 50 % les plus pauvres, dont la part est passée de 2 % en 1910 à 6 % en 2020 ». En moyenne, entre 1998 et 2015, les 10 % les plus pauvres ont vu leur patrimoine baisser de 100 euros (-33 %). Le patrimoine des 10 % les mieux dotés a augmenté de 636 400 euros (+115 %).
Références
- Les inégalités de patrimoine – Insee Focus n° 287 –
https://www.insee.fr/fr/statistiques/6689022