mercredi 21 octobre 2015
Des analystes actuels prédisent la fin du salariat, en raison du développement de nouveaux modes de travail. Des penseurs du XIXème siècle avaient déjà imaginé sa fin future, remplacé par un travail libéré du lien de subordination à un employeur.
Pourtant, on n’en est pas à la généralisation des nouveaux modes de travail – et y sera-t-on un jour ? Cependant, ils connaissent un développement certain : par exemple, Martin Schultz, Président du Parlement Européen, devant le congrès de la CES a évoqué le nombre d’1/3 de travailleurs indépendants aux USA aujourd’hui, alors qu’on ne dépasse guère les 10 % en France.
Ces modes atypiques de travail peuvent être regroupés en des typologies différentes :
Deux formes de travail régulées en France
Dans un très grand nombre de cas, il s’agit d’une activité complémentaire au statut de salarié ou de retraité. Quand il s’agit de l’activité principale de la personne, c’est très souvent un statut allégé pour un démarrage d’activité afin de tester la viabilité d’un projet.
Le problème vient quand il s’agit d’une activité principale imposée par un employeur pour faire travailler la personne avec un coût salarial inférieur. Des abus existent dans certains secteurs d’activité, tels le BTP, les hôtels et restaurants, les transports routiers, les compagnies aériennes à bas coûts, la culture.
Deux formes issues des États-Unis
Cette situation commence à créer des conflits, à commencer par la Californie, où certains ont remis en cause leur absence de statut et revendiquent devant la justice le statut de salarié. De même, le conflit grandit au Canada…
Quelques éléments d’analyse
Toutes ces formes de travail ont pour caractéristique commune de pouvoir s’arrêter brutalement si on ne trouve plus de client. Leur point commun est l’importance du risque qui repose sur leur la tête comme une épée de Damoclès.
D’autre part, une bonne partie de ces nouvelles formes d’activité sont des activités complémentaires et développent une pluriactivité des salariés. Mais, sous une apparence de liberté, tous ces nouveaux modes de travail comportent en fait une subordination envers les entreprises donneuses d’ordre.
Mais les différentes formules sont très différentes en termes de protection et de droits sociaux, depuis des situations intermédiaires entre salariat classique et entreprenariat jusqu’au vide complet. Ce sont donc forcément des questions à se poser en termes de constitution de droits sociaux, généralement de façon collective, de bénéfice de – et de participation financière à - la protection sociale.
Cela interroge donc les syndicats, qui déjà – il faut le rappeler – syndiquent les artisans taxis ou les patrons pêcheurs bretons, sur leur volonté et leur capacité à s’adresser à eux et à intervenir pour le développement des droits de ces travailleurs. Mais cela interroge aussi le patronat et les gouvernements pour inventer les nouvelles régulations nécessaires et définir les règles de bonne concurrence.