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La crise du logement

mercredi 16 août 2023

La France compte un grand nombre de logements, pourtant il y a beaucoup de mal logés, de personnes en hébergement d’urgence et de nombreuses attentes de logements sociaux. Un problème depuis de longues années ! La crise sanitaire puis l’inflation et la décélération de la relance économique ajoutent depuis 2022 un ralentissement des constructions en raison du coût des matériaux et des crédits. Assistons-nous à une véritable prise de conscience de l’étendue de ce problème ?

Quelques éléments caractéristiques

La France compte 37,6 millions de logements en 2022, ce qui la met au premier plan des pays de l’Ocde pour le nombre de logements par habitant (0,59) et pour la progression la plus rapide dans la dernière décennie.

Pourtant, 2,4 millions de demandes de logement sociaux sont en attente et 200 000 personnes sont en hébergement d’urgence. Il manque donc un grand nombre de logements sociaux, en particulier dans les agglomérations en forte tension.

Il faut dire aussi que, sur ces 37,6 millions, on compte 3,2 millions de logements vacants, que ce soient des meublés touristiques qui se multiplient - ce qui nécessiterait une régulation -, des logements qui sont situés dans des lieux où il n’y a pas de demande, ou qu’ils aient un problème structurel ; d’autre part 3,7 millions sont des résidences secondaires, nombre qui lui aussi a rapidement augmenté ces dernières années. Ce qui met 18 % des logements hors d’un usage comme résidence principale…

Un autre problème est dû au nombre de personnes par logement, de plus en plus faible, avec comme une des causes les nombreuses « décohabitations ».

Un coût de plus en plus élevé

L’Insee donne comme éclairage essentiel le renchérissement du coût des logements : entre 2000 et 2022, le prix des logements a augmenté de 160 % alors que les revenus des ménages n’ont progressé que de 40 %, même évolution que celle des autres biens. Donc les loyers comme l’achat ont beaucoup augmenté, créant des difficultés pour les ménages à se loger, une baisse de la mobilité résidentielle, particulièrement pour ceux qui habitent dans un logement social, vus les prix pour changer de logement ou pour accéder à la propriété.

Le renchérissement depuis le retour de l’inflation accentue encore cette tendance. La construction de logements neufs s’effondre et les bailleurs sociaux sont dans l’attentisme. Aussi, en 2022, si 482 000 logements ont été autorisés, 372 000 seulement ont été mis en chantier (209 000 logements collectifs et 163 000 individuels). Les achats de logements neufs baissent, les gens se reportent vers la location, ce qui crée encore plus de tension pour se loger et renforce les inégalités.

Les logements et la transition écologique

Il existe en France beaucoup de « passoires thermiques ». Selon la Fondation Abbé Pierre, 5,2 millions de logement sont difficiles à chauffer et, de même, l’été subissent les fortes chaleurs et sont impossibles à rafraichir. Ce sont, pour beaucoup, les immeubles construits de l’après-guerre aux années 70, période où il fallait loger beaucoup de personnes, constructions de qualité limitée, en cités qui peu à peu ont concentré les populations les plus en difficultés. Aussi, selon le Médiateur de l’énergie, 59 % des Français disent avoir connu un excès de chaleur l’été 2022.Or ces problèmes thermiques ont des répercussions sur la santé des habitants. La rénovation thermique des bâtiments est lente : le ministère de la Transition écologique avance le chiffre de 90 000 logements rénovés par an aujourd’hui et veut aller à 200 000 en 2024.

Les mesures récentes

Le gouvernement finance le logement pour 38 Mds € par an. Et la crise perdure… Se posent alors la question de l’efficacité de ces sommes et les nécessaires réformes des politiques menées.

Au lancement du Conseil national de la Refondation, le 8 septembre 2022, le thème du logement a été intégré. Il a donné lieu à des groupes de travail et a abouti à de nombreuses propositions pour prendre vraiment en charge la crise du logement, annoncées le 5 juin 2023 (lien ci-dessous) : tant pour des logements abordables et donc accessibles, que sur le financement, la rénovation énergétique des bâtiments et la formation de professionnels.

Cependant les mesures annoncées par le gouvernement le 5 juin 2023 n’ont pas l’ampleur nécessaire, C’est l’avis tant des professionnels que des syndicats et du Pacte du pouvoir de vivre. Il cible surtout le logement locatif intermédiaire (entre les HLM et les logements privés) et les classes moyennes et non les mal-logés ou sans logement. Ainsi que la recherche d’économies, qui devraient représenter 2 Mds € à terme, par la fin du dispositif Pinel (réduction d’impôt sur le prix d’achat d’un logement mis en location) et la restriction du champ de Ma Prime Rénov. Ce plan ne contient pas de vraie relance de la construction de logements sociaux. Le besoin d’une politique publique de long terme est toujours là !

L’apport d’Action logement, dispositif géré par les partenaires sociaux, va lui être renforcé. La convention quinquennale avec l’État vient d’être signée et permet, malgré les tentations gouvernementales, de conserver le paritarisme. Le montant en sera de 14,4 Mds € :
 Pour accompagner les salariés vers le logement, en particulier grâce à l’extension du dispositif Visale qui apporte la garantie aux bailleurs pour 1 million de travailleurs depuis 2016, pour 2 millions de plus ainsi que des prêts à 1 % pour l’accession à la propriété : pour 3,7 Mds € ;
 Par une participation à la rénovation urbaine (ANRU, Agence nationale à la rénovation urbaine) et plus largement aux politiques publiques : 5,25 Mds € ;
 Par le financement de logements sociaux avec 5,5 Mds € aux bailleurs sociaux, soit 200 000 logements neufs et 200 000 logements rénovés.


Références

Déjà parus dans Clés du social