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Les clés du social : Le fait religieux en entreprise

Le fait religieux en entreprise

Publié le 27 juin 2015 / Temps de lecture estimé : 3 mn

Le groupe Randstad France a ouvert, il y a six ans, une réflexion sur le fait religieux en entreprise. Une démarche pionnière qui s’est concrétisée l’an passé par une étude commune entre l’Institut Randstad et l’OFRE (Observatoire du Fait religieux en Entreprise), une chaire de recherche rattachée notamment à Sciences-Po Rennes.

Réalisée en 2014, cette deuxième étude sur le fait religieux en entreprise vient compléter les résultats de 2013. Elle apporte de nouveaux éléments de réponse sur sa fréquence, ses formes et sa prise en compte par le management. Elle traite également de la place de la religion dans l’entreprise, de son impact sur le travail et des attentes sur sa prise en charge par les entreprises.

Le groupe Randstad France entend ainsi s’appuyer sur son expertise en matière de ressources humaines pour favoriser un croisement des regards entre les universitaires, le secteur public et les entreprises afin de mieux cerner la réalité du fait religieux en entreprise. Le groupe Randstad, fondé aux Pays-Bas en 1960, est le deuxième acteur mondial sur le marché des ressources humaines.

L’étude est basée sur un échantillon de 1 333 répondants. Le questionnaire en ligne a été rempli entre le 1er et le 26 février 2014. 61,8% des personnes interrogées se sont déclarées comme des personnes croyantes.

Les grandes lignes de l’enquête

  • Cette deuxième étude permet de préciser les enjeux du fait religieux en entreprise. Si 70% des entreprises sont confrontées à cette question, elle ne se pose fréquemment que chez 12% d’entre elles. Si un cas sur quatre nécessite une intervention du management, moins de 3% des cas sont bloquants ou conflictuels. On le voit, peu de cas sont problématiques, mais quand ils le sont, les organisations sont assez démunies pour les gérer.
  • Le fait religieux est pluriel mais deux grandes catégories se distinguent : le fait personnel qui appelle une réponse pragmatique du management de proximité et celui qui a une dimension politique et suppose un positionnement fort de l’entreprise.
  • Les grandes tendances de 2013 sont confirmées. 72,6% des personnes interrogées considèrent que les demandes à caractère religieux doivent être traitées comme des demandes pour motifs personnels. Ce qui est nouveau cependant, c’est une certaine crispation, certainement due à une médiatisation plus grande du fait religieux autour de l’affaire Baby Loup. La demande d’imposer une neutralité dans les entreprises privées émerge cette année, même si chacun s’accorde à penser qu’une loi n’est pas forcément nécessaire.

Dans le détail, quelques réponses qui ont retenu notre attention

  1. La prise en compte du fait religieux par le management
    1. 76% des managers n’ont jamais ou rarement eu à intervenir dans des situations ayant une dimension religieuse ;
    2. 74% des managers soulignent que les situations liées au fait religieux sont plus délicates à aborder qu’une autre situation de management ;
    3. 3% des situations liées au fait religieux ont débouché sur un blocage ou un conflit.
  1. Les sondés attendent plus de clarté et de neutralité concernant la prise en charge du fait religieux par l’entreprise
    1. 73 % estiment nécessaire que l’entreprise prenne des positions officielles concernant les pratiques religieuses ;
    2. 73% estiment que les demandes à caractère religieux doivent être traitées comme des demandes pour motifs personnels.
  1. Les sondés sont opposés une institutionnalisation du fait religieux
    1. 79% sont opposés à la création de lieux dédiés à la pratique religieuse dans l’entreprise ;
    2. 69% sont opposés à la mise en place de menus explicitement confessionnels à la cantine ;
    3. 61% sont opposés à la prise en compte des calendriers religieux dans l’établissement des plannings de travail.
  1. Ce que ressentent les salariés ?
    1. À la question : « Pensez-vous avoir été victime de discrimination en raison de votre croyance ou de votre religion ? », 5,6% répondent positivement ;
    2. Le chiffre augmente lorsqu’on les interroge sur leurs collègues. À la question : « Avez-vous été témoins de pratiques discriminatoires liées à la religion ? », 20,6% répondent positivement.
  1. Comment les sondés définissent-ils la notion de laïcité ?
    1. La neutralité de l’État vis-à-vis des religions pour 27% ;
    2. La neutralité des employés des services publics pour 17% ;
    3. Le cantonnement de la pratique religieuse à la sphère privée pour 12% ;
    4. La défense de la liberté de culte pour 12%.
  1. Et dans l’entreprise, laïcité ou neutralité ?
    1. 83% des sondés pensent que les entreprises du secteur privé devraient appliquer le principe de laïcité ;
    2. 78% des sondés pensent que l’entreprise ne doit pas s’adapter aux demandes et contraintes à caractère religieux ;
    3. 61% des sondés pensent que les signes religieux devraient être proscrits de l’espace de travail.