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Pour quels usages mobilise-t-on son CPF (compte personnel de formation) ?

samedi 30 mars 2024

Les chiffres les plus récents disponibles concernent 2022 où 1,850 million de formations CPF ont été commandées, avec un coût moyen de 1 473 €, après les 2,1 millions de 2020 (coût moyen : 1 358 € et durée moyenne de 69 heures). Au moment où le gouvernement veut faire participer financièrement les salariés alors que le CPF est alimenté par les entreprises dans le cadre de leur contribution formation annuelle, il est utile de comprendre les usages et l’utilité du CPF pour ceux qui l’utilisent. C’est la recherche qu’a réalisée la Dares en enquêtant auprès de ceux qui, en 2022, ont fini leur formation depuis quelques mois et, pour le reste à charge, ceux qui y sont entrés en septembre 2022.

8 formations sur 10 ont un objectif professionnel

Les motifs professionnels sont variés et sont souvent combinés :
% Objectif
35 % Améliorer ses perspectives de carrière
26 % Se reconvertir
25 % Être plus efficace au travail
25 % Obtenir une certification pour être mieux reconnu
22 % Créer ou reprendre une entreprise
22 % (Re)trouver un travail
16 % Se faire plaisir



Seuls 17 % ne donnent aucun objectif ou finalité professionnelle. Dans ce cas, il s’agit souvent de formations en langues (31 %) ou de bureautique (14 %), le plus souvent à distance, demandées souvent par des personnes de 60 ans ou plus.



Pour quels résultats ?

Au bout de 8 à 9 mois après la fin de leur formation, les 2/3 disent avoir déjà utilisé leurs acquis (64 %), voire plus si le CPF concernait un permis de conduire, souvent indispensable dans les régions pour aller au travail ou en trouver un, ou une formation obligatoire ; 19 % pensent les utiliser plus tard. Et 70 % se sentent plus efficaces dans leur travail. Les formations les moins utiles sont celles résultant d’un démarchage commercial, qui existait encore jusqu’à la fin 2022.

Quelques mois après la formation :
 26 % sont toujours en emploi mais avec une évolution professionnelle, encore plus en cas de bilan de compétences (34 %), de formation obligatoire (31 %) ou de permis de conduire (30 %).
 35 % des demandeurs d’emploi sont en emploi.
 Et sont dans un nouveau travail 1/3 de ceux qui ont suivi une formation obligatoire (caces, hygiène, sécurité…), 22 % de ceux qui ont obtenu le permis B, 22 % de ceux qui ont suivi un bilan de compétences et 21 % de ceux qui ont obtenu un titre RNCP (certification du Répertoire national des certifications professionnelles).
 6 personnes sur 10 obtiennent la certification recherchée alors que 36 % ne l’ont pas passée. Ces taux de réussite montent à 91 % pour les habilitations sécurité et 82 % pour les formations en hygiène.
 Seules 11 % des formations ont été abandonnées, le double pour les formations en langues, communication numérique ou la bureautique, et les formations entièrement à distance.



8 % des utilisateurs ont payé une partie de la formation

Il faut dire que les utilisateurs n’ont pas beaucoup trouvé d’abondement, ni du côté de Pôle emploi (4 %), ni du côté des employeurs (0 %) et peu de la part des Opco (organismes de compétences) ou de l’Agefiph pour les travailleurs handicapés (3 %). Les utilisateurs ont contribué surtout pour les formations longues, très coûteuses, les formations au permis ou les formations RNCP. De plus on y trouve en particulier des jeunes (12 % d’entre eux) qui n’ont pas eu le temps d’accumuler beaucoup de CPF, ou des diplômés de Bac +5 ou plus, des cadres, un peu plus de femmes que d’hommes, des demandeurs d’emploi en emploi.

Leur reste à charge est très variable :
% Ont un reste à charge de :
1/3 - de 100 €
22 % 100 à 249 €
17 % 250 à 499 €
12 % 500 à 999 €
17 % 1 000 € et +



Et 1 personne sur 5 affirme qu’elle serait prête à payer pour sa formation, surtout des jeunes, des demandeurs d’emploi ou des indépendants, plus les salariés au chômage ou en situation précaire (intérim, CDD) que ceux en CDI, surtout pour des formations courtes, peu chères, en présentiel. Mais pas si la formation est à l’initiative de l’employeur, ou provient d’un démarchage commercial, ou si la formation n’a pas d’objectif professionnel, ou si c’est une formation RNCP, généralement longue donc chère.



En conclusion

Le CPF permet, pour la très grande majorité, de travailler mieux, d’acquérir de nouvelles compétences et des certifications. Tout ce dont le pays et l’économie ont besoin pour se situer dans la concurrence internationale et entrer à temps dans les nouvelles ruptures technologiques qui se diffusent (IA, etc.).
Le reste à charge ne touche actuellement qu’une très petite minorité des utilisateurs (8 %). La quasi-absence d’autres abondements est un réel problème. Aussi, alors qu’un nombre important d’actifs décident, en utilisant leur CPF, de prendre leur part dans l’objectif de développement des compétences et d’y consacrer l’argent accumulé à partir de la dotation annuelle des entreprises, objectif de la loi Avenir professionnel de 2018, il est incompréhensible d’introduire pour tous un reste à charge qui serait une négation de la démarche et de leur participation et qui introduira de nouvelles inégalités en fonction des différents niveaux de vie, quand on sait que 80 % des utilisateurs sont ouvriers ou employés, et du coût global selon la formation.


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