samedi 15 mai 2021
Après des mois de négociations, le syndicat IG Metall et le patronat de la métallurgie de Rhénanie-du-Nord-Westphalie ont signé le 30 mars 2021 une nouvelle convention pour les employés des secteurs métallurgie et industries électriques (700 000 salariés concernés). Accord novateur considéré comme positif et équilibré par les deux parties. Il devrait être étendu à d’autres Lander (2,3 millions d’employés concernés).
Résumé des faits
Il y a plus d’un an, le pronostic de la récession en Allemagne est de 8,5 %, le bilan dans le secteur de l’automobile est négatif (200 000 suppressions de postes sont annoncées). Le secteur automobile subit la crise du covid et la suppression du diesel. La transformation numérique et écologique dans le secteur va durer des années, déclare le patronat. Les employeurs demandent « une prime à la casse » de la part de l’État. Division au sein du Parlement.
Les négociations reprennent fin décembre 2020, avec une date butoir au 1er mars 2021. La nouvelle convention collective a vocation à servir de modèle pour les négociations salariales dans les autres régions allemandes. IG Metall demande 4 % d’augmentation salariale.
Après des mois de négociations et un dernier marathon de 10 heures, patronat et syndicat concluent un accord. Il pose les bases pour sécuriser l’emploi dans les secteurs en pleine reconversion, entre le repli de la sidérurgie et la transition au tout électrique du secteur automobile. Il scelle la paix sociale pendant près de deux ans. Les salariés seront protégés contre les licenciements pendant près de deux ans.
Contenu de l’accord
Une hausse en moyenne de 2,3 % des salaires pour les salariés de la branche, sur 21 mois (IG Metall demandait 4 %), convertible en une réduction de temps de travail pour sauvegarder des emplois durant la crise, assortie de garantie financière pour les employeurs en difficulté.
Cet accord est exemplaire dans sa méthode de communication, dans la construction du rapport de force, dans sa méthode de négociation, ce qui permet à tous les partenaires (employeurs, salariés et gouvernement) de sortir satisfaits de la conclusion de cet accord. Cet accord est important vu le nombre de salariés concernés. De plus il donne le ton de l’augmentation des salaires pour l’année à venir. Au-delà, il représente une prise en compte par les 2 acteurs des mutations du secteur et formule les bases d’une sécurisation de l’emploi face à ces transformations.
Peut-on appliquer les mêmes méthodes en France ? Le dialogue social n’est pas un terme juridique, il est simultanément un concept, une activité et un dispositif (voir Christian Thuderoz [1]). La seule définition partagée vient de l’OIT (Organisation mondiale du travail), pour désigner « tous les types de négociation, de consultation, ou simplement d’échange d’information ». En 2015, la loi Rebsamen parle de « négociation et de dialogue social en entreprise » pour permettre une meilleure cohésion sociale au sein des entreprises, pour développer des sentiments d’appartenance et de loyauté en remettant le salarié au cœur du débat. En février 2021, le président du Medef a adressé une lettre aux organisations syndicales, pour les inviter à des négociations autour de 8 thèmes de travail. Mais d’ores et déjà, le syndicat CGT a décidé de ne pas participer aux réunions entre patronat et syndicats.
Références