samedi 14 août 2021
Tout au long de la crise en 2020, les fermetures administratives, la perte de débouchés ou le manque de personnel disponible pour travailler ont affecté diversement les secteurs d’activité (voir Clés du social [1]). Les entreprises ont eu un recours variable au chômage partiel et au télétravail. La DARES a lancé une enquête mensuelle sur l’activité et les conditions d’emploi pour tous les secteurs. L’étude, ici, met en exergue cinq secteurs d’activité :
Les secteurs de la restauration et des arts et spectacles ont été parmi les plus affectés depuis le début de la crise. Lors du premier confinement, 60 à 70 % des salariés étaient employés par une entreprise à l’arrêt, contre 20 à 35 % lors du deuxième confinement. Une situation encore plus défavorable dans la restauration (+10 %) même si la reprise a été forte pendant l’été. On constate de très fortes pertes d’activité par rapport à une situation habituelle (quasi-arrêt du tourisme étranger, contraintes sanitaires fortes, développement du télétravail dans la restauration collective…). Une fois les restrictions levées, les pertes de débouchés, notamment dans la restauration, ont été le principal frein.
La construction a été durement affectée lors du premier confinement, mais s’est rétablie très rapidement. Lors du premier confinement dans ce secteur, plus de 80 % des salariés travaillaient dans une entreprise dont l’activité s’est interrompue (forte incertitude sur les modalités de transmission du virus, mise en place du principe de précaution pour protéger les salariés) avec un fort développement du chômage partiel. À l’inverse en juillet, plus de 80 % de salariés travaillaient dans une entreprise avec une activité normale mais avec des perspectives incertaines (fermeture des frontières, difficultés d’approvisionnement, pertes de débouchés).
L’industrie automobile, malgré une réorganisation ayant permis une reprise rapide du travail, est restée confrontée à un manque de débouchés. Lors du premier confinement, plus de 90 % des salariés travaillaient dans une entreprise dont l’activité s’est arrêtée ou a très fortement baissé. Le recours au chômage partiel a été généralisé au cours des quatre premiers mois de la crise. Les questions liées à la santé et à la sécurité des salariés ont été souvent abordées. Entre août et décembre, entre 27 % et 32 % des salariés étaient encore dans une entreprise dont l’activité a reculé (baisse de moins 50 %). Vers la fin 2020, les prévisions pessimistes l’emportent sur les optimistes : un tiers des salariés travaillent dans une entreprise qui ignore quand l’activité reviendra à la normale. Le télétravail concernait 25 % des salariés qui n’étaient pas en congés fin décembre 2020.
Les services informatiques ont massivement recouru au télétravail, limitant les pertes d’activité au fil de l’année. À partir d’août 2020, 40 à 50 % des salariés de l’informatique ou des services d’information travaillaient dans une entreprise dont l’activité avait baissé, contre près de 80 % entre mars et mai. Situation similaire à celle de l’automobile, toutefois l’activité dans les services informatiques a nettement moins baissé : 13 % des salariés ont été arrêtés ou travaillaient dans une entreprise dont l’activité a très fortement diminué pendant le premier confinement contre 90 % dans l’automobile. Le télétravail est adapté au secteur (14 % avant la crise, et 70 % en mars, avril, mai, puis en novembre, décembre). Le chômage partiel a été peu mobilisé.
Le commerce a été modérément touché en 2020 mais avec de grandes disparités entre les types de commerce. Entre mars et juillet 2020, la part des salariés du commerce travaillant dans une entreprise dont l’activité était inchangée ou en hausse par rapport à une situation habituelle est passée de 24 % à 72 %. Elle s’est maintenue ensuite autour de 70-75 % jusqu’en octobre. Avec le deuxième confinement, la situation s’est dégradée et a reculé à 55 %. En décembre 2020, 66 % des salariés du commerce travaillaient dans une entreprise dont l’activité n’était pas dégradée.
L’enquête s’est limitée aux entreprises employant plus de 10 salariés, elle exclut les non-salariés et les salariés des petites entreprises très nombreuses dans l’hébergement-restauration et dans le secteur des arts et spectacles. Aussi donne-t-elle une image partielle de la situation. Toutefois elle permet d’affirmer que les situations vécues par les entreprises lors des deux confinements de 2020 ont été très diverses d’un secteur à un autre. Tous secteurs confondus, 37 % des salariés étaient employés dans une entreprise dont l’activité s’est dégradée pendant les deux confinements. À l’opposé, 19 % travaillaient dans une structure dont l’activité n’a souffert ni du premier, ni du deuxième confinement.
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