Les faits
Le 19 février, le groupe Wal-Mart a annoncé qu’il allait augmenter 500 000 de ses salariés à compter du mois d’avril. Le salaire minimum est passé de 7,5 dollars à 9 dollars au premier avril et passera à 10 dollars en février 2016.
Le geste de ce groupe est lourd de significations. Il s’agit du premier employeur privé des États-Unis (1,3 million de salariés) qui a réussi par ailleurs son implantation partout dans le monde. Il est défavorablement connu des syndicalistes par sa chasse aux syndicats et sa politique de bas salaires et de temps partiels imposés et par son absence d’avantages sociaux comme les mutuelles. Cette annonce a donné le signal d’un desserrement dans d’autres grands groupes et marque une évolution forte vers une hausse des salaires. Leur faiblesse actuelle inquiétait certains économistes.
Pourquoi ce changement fondamental ?
- La mobilisation syndicale
- Les syndicalistes, les ONG estiment qu’il s’agit des résultats d’une mobilisation multiforme pour un meilleur salaire minimum. En effet, depuis plusieurs années, ils mènent une forte campagne contre les multinationales qui traitent mal leurs employés. Ils réclament une augmentation du salaire minimum fédéral de 7,25 dollars à 15 dollars de l’heure. Ils sont soutenus par le mouvement syndical international (CES, CSI, UITA). Une journée nationale d’action a été organisée le 15 avril. Parallèlement, certaines associations mènent une campagne féroce contre Wal-Mart à coup d’efficaces vidéos sur YouTube, vues plusieurs millions de fois.
- Un changement macroéconomique
- Certains économistes clament que la politique en faveur de la dépense n’a pas produit de hausses de salaires, et que celles-ci apparaissent quand l’économie américaine gagne en productivité. Pour eux, il s’agit d’une défaite de la macro-économie keynésienne et d’un pari fordien de grandes entreprises pour qui leurs salariés peuvent devenir leurs meilleurs clients. Une accélération de la consommation permettrait de relancer l’économie américaine.
- Une image sociale désastreuse à améliorer
- D’autres analystes relèvent que certaines entreprises, à l’heure des réseaux sociaux et des campagnes ciblées veulent améliorer leur image sociale. Le nouveau PDG de Wal-Mart, nommé il y a 1 an pour redresser des comptes en baisse, a impulsé une nouvelle dynamique à la fois dans le domaine économique mais aussi dans les relations sociales. La décision de McDonald’s a fait l’objet de sa part d’une campagne de publicité dans les médias. Cette campagne a été immédiatement dénoncée car le groupe de fast-food n’augmente le salaire que de ses 90 000 salariés directs américains et non pas de celui des 750 000 franchisés.
Dans un contexte de quasi plein-emploi, il s’agit aussi de lutter contre le turn-over, extrêmement important dans ces entreprises à bas salaires. - Pour L’AFL-CIO, un des principaux syndicats américains, « il n’est pas important de savoir si les entreprises font ça pour des bonnes raisons. L’essentiel est que cela récompense plusieurs mois de mobilisation », indique un de ses directeurs adjoints, Kelly Ross.
- D’autres analystes relèvent que certaines entreprises, à l’heure des réseaux sociaux et des campagnes ciblées veulent améliorer leur image sociale. Le nouveau PDG de Wal-Mart, nommé il y a 1 an pour redresser des comptes en baisse, a impulsé une nouvelle dynamique à la fois dans le domaine économique mais aussi dans les relations sociales. La décision de McDonald’s a fait l’objet de sa part d’une campagne de publicité dans les médias. Cette campagne a été immédiatement dénoncée car le groupe de fast-food n’augmente le salaire que de ses 90 000 salariés directs américains et non pas de celui des 750 000 franchisés.
- Une demande continue du Président Obama
- D’autres analystes, enfin, soulignent les nombreux appels du Président Obama. Depuis plusieurs années, son administration veut relever le salaire minimum fédéral, bloqué à 7,25 dollars de l’heure depuis 2009, mais se heurte à l’hostilité d’un Congrès dominé par l’opposition républicaine.
Nul doute que toutes ces raisons comptent sans oublier le contexte économique satisfaisant aux Etats-Unis.
- Les Etats-Unis ont-ils dépassé la crise ?
- La croissance américaine est solide (+2,4% en 2014) et le taux d’inflation est faible. Le taux de chômage est au plus bas depuis 6 ans et s’élève à 5,7%. On se rapproche du plein emploi. Le salaire horaire moyen a augmenté de 2,2% de janvier 2014 à janvier 2015. C’est une évolution positive qui n’avait pas été constatée depuis 2008, date du début de la crise. Elle marque une période de croissance de l’économie et il n’est pas étonnant que les revendications salariales y rencontrent un écho croissant sur fond de débat sur la flambée des inégalités. La croissance économique rend inadéquate la stagnation des salaires.
- La complexité du système américain
- Si les États-Unis, comme la France ont mis en place un salaire minimum, il faut savoir qu’il peut être différent d’un État à un autre car chaque État peut légiférer de manière autonome sur la question. Le salaire minimum national n’est valable que pour l’administration fédérale, et le secteur qui travaille pour l’administration fédérale. C’est-à-dire, une minorité. Le salaire minimum fixé par les Etats fédérés se superpose, ou non, avec le fédéral.
Conclusion
A l’heure où de nombreux pays européens vivent la fin de la crise et une reprise timide, nul doute que l’exemple américain sera suivi à la loupe.