La plateforme RSE
La Plateforme RSE existe depuis 2013. Elle réunit de nombreux acteurs : entreprises, partenaires sociaux, organisations de la société civile, réseaux d’acteurs, chercheurs et institutions publiques dont France Stratégie. La saisine du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères comprenait un diagnostic, l’identification des bonnes pratiques et des recommandations pour mobiliser les entreprises françaises actives à l’international en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes. Pour y répondre, la Plateforme RSE a constitué un groupe de travail qui a mené une vingtaine d’auditions.
Les entreprises multinationales françaises peuvent agir
Elles sont présentes dans 190 pays et emploient 5,5 millions de salariés à l’étranger, dans 37 000 filiales. En matière d’effectifs salariés, les trois premiers pays sont les
États-Unis (608 000 salariés), la Chine (498 000) et le Brésil (464 000). Ces trois pays représentent 29 % du total des emplois à l’étranger des multinationales françaises.
37 % des salariés des filiales implantées à l’étranger travaillent dans l’industrie, 36 % dans les services, 23 % dans le commerce, 4 % dans la construction et moins de 1 % dans l’agriculture.
Un peu moins de la moitié des filiales françaises sont implantées dans des pays de l’UE (46 %).
Dans quel état d’esprit ont été construites les recommandations ?
Elles s’appuient sur les démarches de responsabilité sociétale des entreprises. La plateforme formule quarante recommandations adressées au gouvernement, aux entreprises, aux fédérations professionnelles et aux chercheurs. La question s’est posée de l’exportation d’un modèle français d’égalité femmes-hommes. Au contraire la plateforme estime que l’enjeu pour les entreprises est de contribuer à faire progresser l’égalité des femmes, tout en veillant à prendre en compte les spécificités locales (d’ordre culturel, cultuel, économique, etc.) dans les régions et les pays où elles opèrent. En gardant bien présent à l’esprit que prendre en compte la diversité locale ne doit pas conduire à relativiser les droits des femmes en fonction des réalités locales.
Les freins à l’égalité femmes-hommes et à l’autonomisation des femmes
Ils sont nombreux, le rapport cite : l’existence de législations restrictives, la répartition inéquitable du travail non rémunéré, le soutien à la parentalité, l’accès à l’éducation, à l’énergie, au financement, à la santé et à la planification familiale, à des sanitaires ou encore à la sécurité.
Il faut souligner aussi la persistance des préjugés et des stéréotypes (et l’influence culturelle). Les stéréotypes ainsi que les normes sociales renforcent les inégalités de genre et constituent un obstacle à la croissance économique.
Les facteurs de mobilisation des entreprises
La plateforme rappelle que la mixité est un facteur de performance économique et sociale de l’entreprise. « Pour réussir dans l’économie mondiale actuelle et celle de demain, les entreprises les plus avisées feront de la mixité un élément clé de leur stratégie d’entreprise ». L’égalité professionnelle, la lutte contre le harcèlement moral et sexuel sont aussi un enjeu de réputation et de fidélisation des collaborateurs à l’heure du mouvement #MeToo. Les auteurs mettent en avant que les entreprises recourent à des outils de notation et/ou de classement et que désormais la tendance est au développement de nouveaux outils financiers dans lequel la mixité dans les fonctions de direction est prise en compte.
Les 40 recommandations
Elles sont d’une grande richesse et s’adressent à la fois au gouvernement français, aux directions d’entreprise, aux organisations syndicales de salariés, aux fédérations professionnelles et aux chercheurs.
Pour illustrer, voici, pour chaque acteur, une recommandation de la Plateforme RSE. Les 40 recommandations sont à trouver sur le site de France Stratégie.
En matière d’exemplarité de l’État - de veiller à l’exemplarité de l’État en matière d’égalité femmes-hommes en tant qu’employeur en France et à l’international ; et dans son rôle de désignation des représentants au sein des instances internationales ; En matière d’action économique - d’encourager les entreprises, dont l’État est actionnaire, à agir davantage pour l’égalité femmes-hommes, notamment en demandant à l’agence des participations de l’État (APE) de définir une politique en faveur de l’égalité femmes-hommes ; En matière d’initiatives internationales - de ratifier dans les meilleurs délais la convention de l’OIT sur l’élimination de la violence et du harcèlement dans le monde du travail adoptée en 2019 ; d’œuvrer pour la poursuite des négociations en vue de l’adoption d’une directive européenne et du traité sur les entreprises et les droits humains en cours de négociation aux Nations unies ; La Plateforme RSE recommande aux directions d’entreprises françaises actives à l’international - d’opérer un changement durable de culture d’entreprise et de s’orienter vers une culture de l’inclusion, d’inscrire l’égalité femmes-hommes dans la stratégie de l’organisation et à l’agenda des instances dirigeantes (comités exécutifs et comités de direction) ; La Plateforme RSE recommande aux organisations syndicales de salariés - d’encourager la mixité dans toutes les fonctions et à tous les niveaux des organisations syndicales ; La Plateforme RSE recommande aux fédérations professionnelles - d’intégrer la dimension de l’égalité femmes-hommes dans les référentiels sectoriels élaborés dans le cadre des labels RSE sectoriels ; La Plateforme RSE recommande aux chercheurs - de développer des recherches et études sur les mesures d’impact des actions menées en matière d’égalité femmes-hommes. |
Sources