samedi 22 février 2020
Le travail paie-t-il aujourd’hui plus qu’une situation d’inactivité ? Travailler entraîne-t-il une perte de revenus ? France Stratégie dans son rapport analyse les réformes successives des prestations visant à davantage inciter au travail ces dernières années, et confirme que le travail paie significativement plus qu’une situation d’inactivité même pour de très faibles niveaux de rémunération. Il analyse aussi la faible revalorisation des prestations servies à ceux qui n’ont aucun revenu d’activité : en euros constants le revenu disponible des ménages sans activité évolue moins vite que le seuil de pauvreté.
Le rapport de France Stratégie confirme les conclusions du livre d’ATD Quart Monde « En finir avec les idées fausses sur les pauvres et la pauvreté »
– « On gagne plus au chômage qu’en travaillant », FAUX : malgré les affirmations de la ministre du Travail lors de la négociation assurance-chômage, si la personne ne retrouve pas du travail, au bout de 4 mois, son allocation moyenne sur 11 mois, sera inférieure à son salaire moyen antérieur.
– « On peut gagner plus en alternant périodes travaillées et non travaillées, qu’en travaillant en continu à temps partiel », FAUX : on oublie de considérer la durée d’indemnisation. De plus, à partir d’avril 2020, le calcul sera établi à partir du revenu moyen des mois où le salarié a travaillé. Cela aura pour effet d’allonger les périodes d’indemnisation et d’abaisser le montant des allocations des salariés qui alternent périodes travaillées et non travaillées.
– « Les gens préfèrent des emplois précaires pour être plus libres », FAUX : le travail partiel est plus souvent contraint que choisi, même si ces salariés perçoivent une prime de 10 % de fin de contrat. Dans une enquête de l’UNEDIC, pour les allocataires qui ont travaillé moins d’un temps complet, deux tiers déclarent qu’ils auraient préféré travailler plus au cours d’un mois. Dans toutes les configurations familiales sauf celle d’une personne isolée avec un enfant, un travail au SMIC à mi-temps ne permet pas de sortir de la pauvreté.
Le rapport de France stratégie confirme
– Le travail paie, quelle que soit la configuration familiale. Ce n’était souvent pas le cas en 2000 : lorsqu’une personne reprend une activité, le ménage auquel elle appartient voit dans tous les cas son revenu disponible, donc son niveau de vie, progresser :
– La reprise d’activité permet de sortir de la pauvreté grâce à l’introduction du RSA activité en 2009. En 2018, une personne isolée avec un enfant qui reprenait un travail à mi-temps payé au SMIC sortait de la pauvreté. En 2018, son niveau de vie s’établit entre 110 % et 122 % du seuil de pauvreté selon ses charges de famille :
– Les taux de prélèvement ont globalement beaucoup baissé pour les personnes seules, avec et sans enfant. Pour les allocataires reprenant un emploi, les taux effectifs de prélèvement sur les revenus du travail ont beaucoup baissé depuis 2000, sauf pour certains couples bi-actifs.
– L’accroissement des gains à l’emploi s’est donc accompagné d’une meilleure protection contre la pauvreté des travailleurs. Le pouvoir d’achat des ménages allocataires sans emploi a progressé depuis 2000, entre +3 % et +14 % selon la configuration familiale. Pourtant, comme le revenu médian a progressé de 15 % sur la période, leur niveau de protection contre la pauvreté monétaire s’est dégradé.
Si le travail paie désormais dans tous les cas, il ne garantit pas toujours de sortir de la pauvreté. Pour imaginer des dispositifs efficaces et justes de soutien au revenu des plus modestes, il est donc nécessaire de trouver un équilibre entre deux objectifs difficiles à concilier pour des ressources publiques limitées : faire en sorte que le travail paie suffisamment ; protéger contre la pauvreté les ménages aux ressources les plus faibles, ceux qui sont sans emploi. Ce type d’arbitrage est au cœur des réflexions et des concertations sur le RUA - revenu universel d’activité.
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Références