mercredi 16 février 2022
En 2014, l’enquête Vie Quotidienne et Santé (VQS) de la DREES offre pour la première fois la possibilité de calculer les niveaux d’incapacité des 60 ans et plus à partir d’un échantillon représentatif à l’échelle départementale. Plusieurs études ont découlé de cette enquête pour évaluer l’espérance de vie sans incapacité dans les départements français. Des chercheurs de l’INED, de l’Université de Strasbourg et de l’ORS Île-de-France se sont penchés sur cette question. La connaissance des inégalités territoriales est importante dans la mesure où les conseils départementaux disposent d’une compétence en matière de politique sanitaire et sociale en particulier celle de la prise en charge de la perte d’autonomie.
« L’espérance de vie sans incapacité », appelée aussi « espérance de vie en bonne santé », correspond au nombre d’années que peut espérer vivre une personne sans être limitée dans ses activités quotidiennes. L’analyse de la part d’espérance de vie sans incapacité permet de mieux comprendre les dynamiques existantes entre mortalité, santé et incapacité. Cet indicateur peut être utilisé pour décrire la santé de la population, fixer des objectifs à atteindre, ou même pour construire des scénarios de besoins futurs.
Une évolution des inégalités de mortalité liée à l’activité économique des territoires : malgré les progrès sanitaires, les inégalités territoriales de mortalité restent importantes. Au-delà des inégalités territoriales, il existe un avantage des femmes en termes de longévité par rapport aux hommes (l’espérance de vie à 60 ans est de 27 ans pour les femmes contre 23 ans pour les hommes).
Source : INSEE (Mortalité) et enquête DRESS VQS 2014 (incapacité) - cliquez sur l’image pour l’agrandir -
Une grande diversité de situations dans les départements français : l’espérance de vie sans incapacité à 60 ans varie de 11 à 18 ans selon le département et le sexe des personnes. Certains départements cumulent : espérance de vie et nombre d’années en bonne santé, d’autres non.
Les départements ayant un double désavantage (faible longévité et faible part de vie sans incapacité) sont ceux qui sont les moins favorisés économiquement (départements des Hauts-de-France, Outre-mer) ou très ruraux (Limousin). Ces résultats soulignent le cumul d’expositions à des risques de santé jouant à la fois sur la mortalité et sur l’incapacité.
Les départements qui cumulent une forte longévité avec une faible proportion de personnes ayant des incapacités correspondent souvent à des territoires économiquement aisés avec des profils de population plutôt actifs et socialement avantagés (départements de l’Île-de-France, Savoie…).
Les habitants des départements à forte longévité accompagnée d’une part importante de vie avec des incapacités, Haute-Vienne, Seine-Saint-Denis pour les hommes et notamment les départements situés dans le sud pour les femmes, sont probablement plus exposés à des pathologies invalidantes mais relativement peu létales.
Les migrations dues à des comportements individuels : état de santé des personnes, installation dans un département plus urbain pour avoir accès plus facilement aux infrastructures adaptées, rapprochement avec ses enfants, institutionnalisation…. Ces migrations sont difficiles à identifier.
Ces résultats montrent que les contextes territoriaux ne font pas face aux mêmes demandes. Des analyses plus approfondies devraient permettre d’éclairer les causes et les conséquences de ces disparités départementales. Le Conseil national de l’information et de la statistique (CNIS) vient de lancer une nouvelle enquête Vie Quotidienne et Santé (arrêté du 30 décembre 2020) afin de mieux comprendre ces disparités départementales qui tiendra compte aussi des conséquences démographiques de la pandémie de Covid-19.
Références