L’IAU de la région Île de France
L’IAU est la grande agence régionale d’urbanisme et de l’environnement. Elle offre une expertise pluridisciplinaire unique permettant de traiter toutes les problématiques de développement des territoires. Elle a pour mission essentielle de réaliser des études et travaux nécessaires à la prise de décision des élus du conseil régional d’Île-de-France et elle intervient dans de nombreux domaines tels que l’urbanisme, les transports et la mobilité, l’environnement, l’économie et les questions de société. On comprend combien son rôle est central à ce moment des débats français sur « métropoles riches » et « périphéries pauvres ».
Le territoire le plus inégalitaire de France
L’étude s’appuie sur la trajectoire des revenus des Franciliens entre 2001 et 2015. En résumé, une ville-capitale de plus en plus riche, dans une région qui se paupérise. On constate en même temps une gentrification et une paupérisation au cœur de l’Île-de-France. Paris (2,2 millions d’habitants) et les Hauts-de-Seine, départements les plus aisés du pays, continuent à « s’embourgeoiser » et à s’enrichir. Dans le même temps, la Seine-Saint-Denis demeure le territoire le plus pauvre de France. Pour Mariette Sagot, la démographe auteure du rapport, « La richesse est plus marquée, plus concentrée que la pauvreté. Les riches vivent plus entre eux que les pauvres ».
La faute à …
Sans surprise, la différenciation sociale reflète surtout le marché immobilier pour les auteurs. L’Île de France connait une flambée des prix des logements et seuls le parc social et la loi SRU, qui impose aux villes des objectifs de construction de logements sociaux, restent les garants de l’accueil des ménages modestes dans le centre.
Des phénomènes de gentrification
Si Paris et l’Ouest de la région s’« embourgeoisent » le Nord-Est se gentrifie. La région n’échappe pas au phénomène de gentrification observé dans de nombreuses capitales, qui se traduit par l’arrivée de cadres dans des quartiers populaires, entraînant ainsi une baisse de la pauvreté. À Paris comme ailleurs, c’est le renchérissement des prix du logement qui exclut progressivement les plus modestes des quartiers centraux. L’IAU observe que les cadres sont de plus en plus nombreux à s’installer dans les arrondissements mixtes de l’Est et du Nord-Est et dans certains quartiers de communes « mixtes » voisines de la capitale (Colombes, Malakoff, Les Lilas, Arcueil, Fontenay-sous-Bois...).
Mais, dans de nombreuses villes de première couronne, l’arrivée progressive de cadres ne parvient pas contrebalancer la paupérisation globale de la population. C’est le cas à Montreuil, Pantin, Bagnolet, Bagneux, Ivry ou Villejuif. Conséquence : l’émergence de « contrastes sociaux très importants » dans ces villes, qui cumulent un gros parc HLM et des logements anciens dégradés.
Mais si les cadres et les ménages aisés sont surreprésentés à Paris, la pauvreté y est aussi la plus prégnante : en 2015, le taux de pauvreté a grimpé à 15,9% (un point de plus que la moyenne française), contre 12,3% neuf ans plus tôt.
Les villes pauvres, toujours plus pauvres
L’étude montre un appauvrissement des secteurs les plus modestes et une baisse du pouvoir d’achat dans la moitié des communes pauvres, majoritairement concentrées en Seine-Saint-Denis et, dans une moindre mesure, dans le Val-de-Marne et donc dans la première couronne. Si un tiers des villes pauvres s’inscrivent dans « une trajectoire de rattrapage modéré », dans 44 communes, où vivent 15% des Franciliens, le revenu médian a baissé, souligne l’auteure du rapport.
À noter toutefois que quelques villes pauvres de grande couronne ont réussi, en utilisant le levier de la construction ou en diversifiant l’offre de logements, à renverser en partie la situation.
L’enquête constate un mieux dans les territoires périphériques les plus lointains
À rebours de thèses récentes ou d’arguments politiques récurrents, l’étude de l’IAU montre au contraire que la situation financière des ménages s’améliore dans les secteurs péri-urbains de grande banlieue, dans la deuxième couronne. Ces secteurs péri-urbains de grande banlieue ont été urbanisés dans les années 1970-1980. Le vieillissement de la population et la baisse concomitante de la taille des ménages avec le départ des enfants a paradoxalement amélioré la situation financière des ménages. La démographe parle de « moyennisation » des territoires périphériques. Ainsi, en quinze ans, la pauvreté a sensiblement baissé dans les Yvelines et en Seine-et-Marne.
En conclusion, cette étude sur la géographie sociale en Île-de-France et son évolution depuis le début des années 2000 contribue à sortir des oppositions frontales et globalisantes sur les métropoles et les espaces périphérique ou rural. Elle alerte cependant sur l’impact des politiques urbaines liées au logement, aux déplacements, à la redistribution et à l’accès aux transports collectifs et sur les conséquences sociales produites. |
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