Une priorité à l’emploi, la formation au second plan
Face à la crise, les entreprises ont eu pour premier souci l’emploi. Et pour cet objectif elles ont pris connaissance et utilisé le dispositif du chômage partiel. Contrairement aux dispositifs – nombreux – de formation qu’elles auraient pu mobiliser pendant la crise mais auxquels elles n’ont pas eu recours (Transco, Pro-A, FNE formation…), pas plus qu’elles ont informé leurs salariés des possibilités de mobiliser leur CPF ou le CEP. Selon le ministère, le FNE Formation n’a été utilisé que pour 366 000 salariés au chômage partiel et 333 millions d’€ en 2020, le budget prévu n’a pas été totalement dépensé. Le dispositif Transco, lancé en janvier 2021 (transitions collectives), n’a concerné depuis son lancement que 81 salariés ! De même, le dispositif APLD, s’il a été négocié dans des branches couvrant 6 millions de salariés et a suscité 18 600 accords d’entreprise, n’a été que peu activé.
Alors que les 20 entreprises enquêtées ont créé leur propre organisme de formation, signe que ce sont des entreprises parmi les plus enclines à la formation, les ¾ ont mis en sommeil leur plan de formation. Selon la Dares en 2020 seuls 16 % des salariés privés (entreprises de plus de 10) ont accédé à la formation. Ceci dans deux types de situations opposées :
- Soit ce sont des entreprises qui ont été fortement sollicitées par une demande forte pendant la pandémie et qui ont priorisé la production.
- Soit au contraire il s’agit d’entreprises qui ont souffert de la crise, des fermetures administratives, d’un arrêt ou d’un ralentissement des affaires, et elles ont cherché à assurer la continuité de leur fonctionnement et ont axé leur politique sur le dispositif de chômage partiel, sans y lier les possibilités de formation, ou sur du télétravail pendant lequel les travailleurs cumulaient trop de contraintes (enfants…) pour y ajouter des heures de formation digitale.
Les Tpe-Pme disent n’avoir eu aucune aide des institutions pour utiliser le FNE, au contraire des grandes entreprises qui avaient les services et le personnel pour s’en occuper elles-mêmes. De plus, le coût des formations digitales a pour beaucoup été un frein. De leur côté, les salariés de ces entreprises étaient peu demandeurs de se former car ils n’arrivaient pas à se projeter dans l’après-covid.
Les formations réalisées : Afest et autoformation digitale
Quand la formation a été maintenue, ce sont surtout ces deux types de formation qui ont été développés. Ces organismes internes de formation ont pour formateurs des salariés de l’entreprise, ce qui explique leurs possibilités de développer l’Afest, c’est-à-dire les actions de formation en situation de travail, ayant pour but l’acquisition de véritables compétences [2]. Et d’autre part, pour eux, la pandémie a accéléré, voire souvent créé, le passage au digital, y compris des formations en ligne pour des apprentissages de pratique professionnelle, ainsi que des formations hybrides.
Le Cereq cite l’exemple d’une grande entreprise charcutière dont la production a été très sollicitée pendant la pandémie et qui a donc beaucoup mobilisé ses salariés et en contreparties leur a attribué des primes exceptionnelles et a maintenu les possibilités de formation. Une exception !
Dans les entreprises étudiées, la présence d’un organisme interne de formation apporte une réactivité de relance de la formation pour les salariés ou pour de nouvelles recrues dès que la sortie de crise est en vue. Pour les autres entreprises, c’est toute la reprise de la politique de formation, de développement des compétences qui est à remettre en route, au moment où le besoin de compétences nouvelles est si essentiel dans le cadre de la reprise économique et de la transition écologique comme numérique.
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Source
- Cereq, Bref n°412 – En 2020, la crise sanitaire met à l’arrêt la formation en entreprise – 7 septembre 2021 :
https://www.cereq.fr/en-2020-la-crise-sanitaire-met-larret-la-formation-en-entreprise