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Souhaiter se former suffit-il ?

Publié le 15 mai 2024 / Temps de lecture estimé : 3 mn

Deux études récentes mettent le projecteur sur l’accès à la formation et la place de la motivation ou mobilisation personnelle dans cet accès. Si le 5ème Baromètre de la formation et de l’emploi montre que 77% des actifs se sentent suffisamment responsables de leur formation, la dernière enquête du CEREQ souligne qu’il ne suffit pas de souhaiter une formation pour que celle-ci se concrétise forcément. Le Centre indique qu’il est également nécessaire d’avoir accès à des espaces de délibération et de pouvoir disposer d’informations éclairées, pour construire plus concrètement la faisabilité de son projet de formation et le réaliser et souligne que les entreprises ont un rôle à jouer.

Le 5ème Baromètre de la formation et de l’emploi

Réalisé pour Centre Inffo, avec l’institut d’études CSA, il a pour objectif de connaître l’opinion des salariés à l’égard de l’orientation et de la formation professionnelle, mais aussi leur perception du CPF, de l’accompagnement et des perspectives de reconversion professionnelle. Un sujet d’actualité !
L’étude a été menée en février 2024 et le premier enseignement est un fort sentiment de mutations du monde du travail. Les salariés estiment que la formation professionnelle est une manière efficace de répondre aux défis du monde du travail, un actif sur cinq se déclare en train de préparer une reconversion professionnelle.
Mais, ils estiment aussi qu’il s’agit avant tout d’une démarche personnelle, ainsi 77% des actifs pensent que c’est à chacun d’être responsable de son parcours de formation professionnelle continue. Ce chiffre s’élève à 86% pour les cadres, et à 82% pour les personnes qui préparent une reconversion professionnelle. Malgré tout, ils reconnaissent la nécessité d’un accompagnement.

Les changements induits par la loi de 2018

La loi de 2018 pour la liberté de choisir son avenir professionnel s’est inscrite dans un ensemble de réformes qui responsabilisent davantage le salarié dans la construction de son parcours de formation. Ainsi, l’initiative individuelle devient centrale pour façonner ce parcours.
Mais le CEREQ souligne que le simple souhait de se former ne suffit pas à accéder à la formation. L’environnement créé par l’entreprise a également son importance, qu’il s’agisse du budget consacré à la formation, de la volonté d’informer le salarié sur les dispositifs existants ou de l’accompagner dans sa démarche. Faute de quoi, les inégalités d’accès à la formation sont amenées à perdurer.

Comment ces aspirations à la formation se concrétisent-elles ?

On l’a vu avec le Baromètre, l’aspiration à se former est largement présente aussi bien parmi les plus hauts niveaux de qualification que parmi les plus bas. L’enquête du CEREQ, sur une période de cinq ans, a permis d’établir des liens entre l’aspiration à la formation, l’accès réel à celle-ci, les caractéristiques individuelles des salariés et le contexte organisationnel des entreprises.

Les principaux enseignements :

  • Quand un salarié souhaite se former, ses chances de suivre une formation sont accrues.
  • Souhaiter se former ne relève pas que des caractéristiques individuelles mais aussi d’un environnement formateur et notamment du rapport de l’entreprise à la formation, de son caractère formateur et donc de la manière dont l’univers professionnel offre des ressources pour explorer un futur teinté de formation. 
  • Les processus d’information et de délibération initiés dans l’entreprise ont un rôle essentiel et le CEREQ souligne que les réformes successives de la formation en 2004, 2014 et 2018 ont développé des instruments, à la charge des entreprises, pour favoriser l’accès à la formation professionnelle (entretiens professionnels systématiques, diffusion systématique de l’information…) qui ne sont pas toujours utilisés.
  • Enfin, le contexte de l’entreprise reste déterminant dans les inégalités d’accès à la formation.

En guise de conclusion

Ces études soulignent l’importance de créer des environnements favorables à la construction des projets de formation. Il ne suffit pas de souhaiter une formation pour que celle-ci se concrétise forcément ; il est également nécessaire d’avoir accès à des espaces de délibération et de pouvoir disposer d’informations éclairées, pour construire plus concrètement la faisabilité de son projet de formation et le réaliser.

Et pour le CEREQ, si la loi renforce la responsabilité du salarié, il est crucial que, de leur côté, les entreprises investissent le rôle qui leur est dévolu pour réduire les inégalités qu’affrontent les salariés pour explorer leur futur professionnel, mais aussi pour concrétiser leurs souhaits de formation sans oublier d’interroger le contenu des formations à la lumière des perspectives entrevues par les salariés.


Sources