Une méthode de testing
L’enquête a élaboré des profils fictifs pour envoyer des candidatures écrites dans des entreprises soumises à ces tensions de recrutement, dans 6 métiers, 3 qui sont féminisés, aides-soignantes, coiffeuses et employées de restauration, 3 plus masculinisés, boulangers, carrossiers et plombiers. Dans chaque secteur sont envoyées les candidatures de jeunes selon 4 profils types : candidats ayant la formation initiale adéquate, candidats venant d’un métier pas trop éloigné mais soit sans formation de reconversion, soit avec une formation courte (2 à 5 jours), soit une formation longue et qualifiante (7 à 12 mois). L’étude analyse les résultats en termes de rappels des entreprises avec proposition d’un entretien, sans qu’elle aille jusqu’à la conclusion d’un emploi avec la durée et le salaire proposés.
Les résultats
Ces candidatures bénéficient de 44 % de réponses positives, plus nombreuses (53-56 %) et le plus souvent dans la journée si le candidat possède la formation initiale et une expérience ou une formation longue de reconversion (46 %). Le pourcentage est moindre si le candidat a le diplôme initial mais pas d’expérience (37 %) et bien plus faible si, venant d’un autre métier, il n’est pas passé par une formation de reconversion ou seulement une formation courte (27-28 %). Ainsi, une formation de reconversion, si elle est longue, attire l’intérêt des entreprises mais beaucoup moins les formations courtes qui, la plupart du temps, ne sont pas suffisantes. Le taux de rappel n’est cependant pas négligeable pour les demandeurs sans formation complémentaire en raison de la tension existante.

Le taux de rappel varie selon les métiers visés : alors que les candidates aides-soignantes bénéficient d’un taux de rappel de 66 %, et les boulangers de 46 %, le taux le plus bas se rencontre pour les employées de restauration, indifféremment du profil mais sans doute lié à la pénibilité du métier.
Il est aussi différent selon le niveau de tension local dans chacun des métiers ciblés, pour tous les profils de candidatures : la Haute-Marne manque particulièrement de carrossiers et d’employés de restauration, le Calvados de plombiers, le Cantal d’aides-soignants, la Savoie de boulangers, le Rhône et l’Ain de carrossiers, alors que la tension est moindre pour les coiffeuses.
En conclusion
La réorientation des jeunes et demandeurs d’emploi vers les métiers tendus semble efficace, même si on n’est pas sûr que l’entretien débouchera sur un emploi, mais elle est largement facilitée par une formation longue de reconversion, qui permet de rapprocher offres d’emplois et compétences. La question que posent les auteurs est : est-ce aux fonds publics à prendre en charge cela alors que ces longues formations ont un coût élevé pour les budgets publics ? Les entreprises ne pourraient-elles former leurs nouveaux embauchés ?
Source
- Effet de la formation professionnelle sur la demande de travail des entreprises – Dares Rapport d’études n° 63 – janvier 2025 :
– https://dares.travail-emploi.gouv.fr/.../Effetdelaformationprofessionnellesurlademandedetravaildesentreprisespour....pdf