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De plus en plus d’infirmiers/infirmières abandonnent leur formation

samedi 10 juin 2023

Pour la plupart des formations sanitaires, le taux d’abandon en première année augmente par rapport aux années 2010. Pour les formations d’une durée de 3 ou 4 ans et dans certaines spécialités, le taux d’abandon sur toute la scolarité a doublé au cours des années 2010. Les étudiants en formation d’infirmiers/infirmières sont trois fois plus nombreux à abandonner en première année en 2021 qu’en 2011, mais le nombre d’étudiants en première année progresse fortement : 35 000 en 2021, stable dans les années 2020 (autour de 31 000). Ces abandons sont plus fréquents en Normandie et dans les Pays de la Loire, ainsi que parmi les hommes.

En raison des tensions pesant sur les ressources humaines en santé mais aussi du vieillissement de la population, les besoins en recrutement pour les postes d’infirmiers devraient rester importants dans les années à venir. Pour répondre à ces besoins, les quotas de places dans les instituts de formation en soins infirmiers augmentent régulièrement (+4 % en 2020, puis 6 % en 2021 comme en 2022).

Depuis la loi de 2009, le diplôme d’infirmier est reconnu au grade de licence, il est intégré au système européen. Depuis 2012, la formation s’étend sur 3 ans contre 4 auparavant. Les étudiants sont également inscrits à l’université depuis 2018.

L’âge moyen des étudiants infirmiers diminue depuis 2014. 73 % des nouveaux inscrits en première année ont 22 ans au moins. Parmi les nouveaux étudiants en 2017, un sur trois était en formation préparatoire à l’entrée dans la formation d’infirmier avant le début de sa formation, un sur quatre était en emploi et un sur cinq était dans le secondaire. 19 % des nouveaux inscrits dans un institut IFSI (institut de formation en soins infirmiers) étudient dans une autre région que celle où ils résidaient un an plus tôt. Les mobilités par département sont deux fois plus nombreuses.

Selon l’étude faite en 2017, la moitié des étudiantes infirmières avaient leur mère dans la catégorie socioprofessionnelle « employée » pendant leurs études secondaires et 23 % avaient leurs deux parents employés. Seulement 7 % avaient leurs deux parents cadres ou dans une profession intellectuelle supérieure : c’est deux fois moins que pour les étudiantes des autres formations de santé de même niveau (hors infirmière), mais 87 % de ces dernières ont déjà un diplôme d’aide-soignant et 5 % un diplôme d’auxiliaire de puériculture. Deux étudiantes infirmières sur trois perçoivent au moins une aide financière pour suivre leur formation. La moitié de ces financements proviennent du Conseil régional et un tiers de Pôle emploi.

Face à la crise sanitaire COVID, certaines régions, grâce à la mobilisation de crédits du Pacte régional d’investissements dans les compétences (2019-2022), ont renforcé les financements pour les étudiants en soins infirmiers et aux élèves aides-soignants (Ex : 1 200 euros en Occitanie, cumulable avec les autres aides) à celles et ceux qui effectuent pendant leurs parcours de formation un stage dans des établissements de santé en proximité de malades atteints du virus Covid.



Les infirmiers/infirmières diplômées en 2021 représentent 81 % des inscrits en première année trois ans plus tôt (30 182 la première année et 24 557 diplômées 3 ans plus tard). L’écart ne s’explique qu’en partie par l’échec au diplôme. Il ne tient pas compte des évènements individuels de scolarité : césure, arrêt maladie, congé maternité, passerelle ou équivalence, redoublement, etc…

Le nombre d’abandons en première année de formation des promotions 2019 et 2020 progresse fortement : +52 % pour la promotion 2019 et +18 % pour celle de 2020. (1 588 abandons en 1ère année en 2018 et 2 844 en 2020). Au total, le taux d’abandon observé sur les deux premières années de scolarité de la promotion 2019 atteint déjà le taux d’abandon 2018 observé sur l’intégralité de sa scolarité. L’augmentation des abandons de la promotion 2019 s’amorce avant la crise sanitaire. La part des femmes en formation d’infirmière progresse de trois points de pourcentage entre 2011 et 2021. Elles représentent 87 % des personnes scolarisées en 2021. Les hommes en formation d’infirmier abandonnent plus fréquemment leur scolarité que les femmes (19 % contre 13 %). Ainsi, le taux d’abandon des hommes de la promotion 2018 atteint 19 %, contre 13 % pour les femmes et 14 % pour l’ensemble de la promotion

En comparaison, en 2021 les taux d’abandon en première année dans les formations aux professions de santé varient entre 0,2 % (préparateurs en pharmacie hospitalière) et 19 % (techniciens de laboratoire médical). Il atteint 10 % pour les infirmières, 10 % pour les aides-soignantes et 9 % pour les manipulatrices d’électroradiologie.

Les raisons d’abandon sont multiples : la précarité est de plus en plus grande chez les étudiants ; il est difficile de trouver des stages disponibles près du lieu de formation, d’où une augmentation des coûts ; la formation théorique n’est plus adaptée et certaines techniques d’enseignement ne correspondent plus aux attentes, les salaires sont sous-valorisés et le travail devient de plus en plus exigeant. « Il faut travailler les modalités de formation des infirmiers/infirmières et des aides-soignantes en offrant plus de places, améliorer l’évolution des compétences et de la carrière, revaloriser significativement les salaires et adopter une véritable politique concernant les conditions de travail » affirme la Fédération Hospitalière de France.


Références