Quelques chiffres
- Les 10 % les plus pauvres ont une empreinte carbone 2 à 2 fois et demie plus faible que les 10 % les plus aisés.
- Mais leurs dépenses contraintes sont plus lourdes que pour les ménages aisés :
- L’énergie et l’eau à domicile représentent 9 % de leur budget, contre 5 % pour les plus aisés.
- Ils consacrent 17 % à leur alimentation, contre 12 %.
- Ils consomment 2,1 fois moins de carburant que les 10 % les plus aisés.
L’exposition des plus fragiles aux risques sociaux et environnementaux
Mais les plus modestes sont particulièrement exposés aux conséquences du changement climatique, pollution et risques environnementaux. Ils ont beaucoup moins de marges de manœuvre que la population plus aisée, en particulier pour effectuer une rénovation énergétique de leur logement, pour passer à une mobilité verte et à une alimentation moins impactante.
Cela tient d’abord à leurs contraintes budgétaires en raison de leur faible niveau de vie essentiellement utilisé pour les dépenses contraintes - beaucoup d’alternatives écologiques des postes de consommation leur sont financièrement inaccessibles - mais aussi au fait qu’ils ont moins d’information sur les aides, les normes et les restrictions existantes ou prochaines (appartements F et G, zones ZFE…).
Rendre acceptable et accessible la transition écologique pour les plus modestes
Aussi le rapport du CNLE propose-t-il de construire un « Nouveau pacte social et environnemental », avec 14 propositions, qui fasse de la transition écologique un levier d’inclusion sociale.
Les principes de fond consistent à tenir compte des contributions aux émissions carbone et aux capacités d’adaptation de chacun et d’accompagner les personnes pauvres et modestes. Anticiper les risques sociaux et les freins aux changements de comportement des personnes dans l’objectif d’arriver à 2 tonnes d’équivalent CO2 par an et par personne (9,3 tonnes actuellement). Ils demandent pour cela une action publique « équitable et séquencée » qui offre d’abord des alternatives avant des contraintes ou des hausses de prix des produits carbonés et des aides financières pour les plus fragiles et qui sollicite d’abord les plus aisés pour qu’ils agissent au niveau de leurs émissions. Sans oublier de tenir compte des différents territoires et de leurs différences de situations sociales et environnementales dans la gouvernance de la planification.
Parmi les solutions concrètes, 4 pistes sont privilégiées afin de lier transition écologique et réduction des inégalités sociales et environnementales :
- Développer des alternatives écologiques moins impactantes et accessibles ;
- Renforcer les aides à la rénovation thermique et investir dans les transports publics ;
- Diffuser largement les informations sur les politiques publiques ;
- Faire évaluer en amont les retombées sociales des mesures de transition, car les plus pauvres sont les plus touchés par les augmentations de prix des consommations, qu’elles soient carbonées ou vertes.
En conclusion
Beaucoup reste à faire pour rendre acceptable la transition écologique pour les plus modestes, en particulier par l’absence d’évaluation préalable des conséquences sociales d’une mesure écologique qu’on veut lancer. Sans compter le besoin de nouvelles compétences, de formation pour la sécurisation professionnelle de toutes ces personnes. On voit ainsi la nécessité d’une politique publique qui intègre réellement tous ces enjeux.
Source
- Rapport du CNLE – Faire de la transition un levier de l’inclusion sociale – L’impact social de l’écologie- 28 juin 2024 :
https://solidarites.gouv.fr/publication-du-rapport-faire-de-la-transition-ecologique-un-levier-de-linclusion-sociale...