mercredi 29 mars 2017
Le huitième Baromètre annuel de la confiance politique du Cevipof (centre de recherches politiques de Sciences Po), publié le 18 janvier, dresse un tableau très noir des relations des citoyens français avec leurs politiques. « La classe politique est perçue comme non empathique, corrompue, parlant de manière abstraite, ne se souciant que des riches et des puissants, qui n’inspire que peu le respect et ne tient pas ses promesses », a indiqué au journal « Les Échos » Bruno Cautrès, chercheur CNRS au Cevipof et enseignant à Sciences po. En revanche, ils manifestent beaucoup d’intérêt pour le débat public et le vote, ce que confirme la participation aux primaires et aux meetings pré-présidentiels, ainsi que leur intérêt pour les débats télévisés.
Le Cevipof poursuit une œuvre utile
Le Baromètre de la confiance politique du CEVIPOF est la référence pour mesurer la valeur cardinale de la démocratie : la confiance. Depuis 2009, il dévoile les niveaux de confiance accordée aux acteurs politiques, sociaux et économiques par les Français. Il révèle les degrés de confiance personnelle et interpersonnelle. Il divulgue enfin les perceptions de l’avenir articulées entre optimisme personnel et pessimisme collectif.
Les chiffres de la défiance envers le personnel politique
L’étude a été réalisée durant la deuxième quinzaine du mois de décembre 2016 par OpinionWay auprès d’un échantillon de 2 044 personnes.
Le constat est implacable :
Les classes populaires les plus exposées aux conséquences de la mondialisation sont les plus sévères. Les causes de cette défiance sont multiples selon le CEVIPOF : un contexte macroéconomique incertain, le maintien d’un climat politique de défiance à l’endroit des représentants politiques, surtout nationaux, et une menace terroriste toujours active sur le territoire national. Le centre introduit une nuance. En effet, ces niveaux sont comparables à ceux observés en octobre 2011, à quelques mois de l’élection présidentielle de 2012.
Une forte demande de renouvellement démocratique
Paradoxe, malgré ce lien abimé entre les citoyens et les politiques, les Français considèrent, à 46 %, que le vote est leur moyen préféré, et de très loin, pour peser sur les décisions que prendront les politiciens.
56 % d’entre eux déclarent s’intéresser à la politique. Ils sont insatisfaits du fonctionnement de la démocratie à 70 % et certains réclament même un renouvellement des pratiques politiques, qui attaque le principe de la démocratie. Ainsi, 17 % aimeraient que « l’armée dirige le pays » et 49 % souhaiteraient que ce soit un « homme fort qui n’a pas à se préoccuper du Parlement ni des élections ».
Jusqu’ici tout va bien ? La démocratie de la défiance en année électorale
Tel est le titre d’un chapitre du rapport du CEVIPOF. Ce titre nous amène à réfléchir aux raisons de cette insatisfaction et à penser à demain. Ainsi, dans son ouvrage, « Pourquoi nous n’aimons pas la démocratie », la philosophe Myriam Revault d’Allonnes estime que l’insatisfaction vis-à-vis de la démocratie est due aussi aux ressorts mêmes de la démocratie représentative, créatrice d’incertitude. D’autres évoquent une forme de « déclinisme français » et d’autres encore un épuisement de nos pratiques actuelles.
Quoiqu’il en soit, les données du Baromètre montrent que derrière l’expression de cette défiance se trouve une aspiration profonde au renouveau de notre vie démocratique comme le montrent de nouvelles formes de mobilisation et de participation au sein de la société civile. L’époque devrait se prêter à cet exercice. Il est plus que temps !
Sources
Références bibliographiques