samedi 24 avril 2021
Alors que la France renoue avec un nouveau confinement et ses contraintes, de nombreux rapports alertent sur le fait que la crise sanitaire risque de faire reculer les progrès en cours et les objectifs d’égalité entre femmes et hommes. Les femmes au travail, plus que les hommes, pourraient être les grandes perdantes si les entreprises et les pouvoirs publics ne traitent pas de cette question. D’ores et déjà les syndicats français se battent pour les salariés de la deuxième ligne, très majoritairement des femmes, et se sont exprimés collectivement sur cet enjeu. Mais ce problème ne se limite pas à la France, il est mondial. Explications.
Un an de crise accentue les inégalités femmes-hommes
Les femmes sont les premières touchées par les impacts économiques de la crise engendrée par la pandémie de Covid-19, du fait de leur surreprésentation dans les métiers les plus précaires et trop souvent peu valorisés. Une injustice et un paradoxe alors même qu’elles sont en première ligne de la réponse à la crise sanitaire, occupant la majorité des emplois du secteur du soin et ceux de la deuxième ligne (caissières, aides à domicile…). Dans ce contexte, les mères isolées sont dans une situation d’encore plus grande vulnérabilité.
Le problème est mondial
D’après le cabinet Equileap qui a recueilli des données sur plus de 3 700 entreprises d’une capitalisation supérieure à deux milliards de dollars dans 23 pays développés, l’impact sur les femmes se lit à travers toutes les facettes de leur vie professionnelle et personnelle :
Dans ce rapport publié le 4 mars 2021, les femmes indiquent qu’en 2020, elles ont dû s’occuper davantage des enfants à cause de la fermeture des établissements qui les accueillent et ont subi une hausse des violences conjugales. En conséquence, une femme sur quatre aux États-Unis envisage de revoir à la baisse ses ambitions professionnelles ou de ne plus travailler. En France, pendant le premier confinement, les femmes ont, deux fois plus souvent que les pères, renoncé à travailler pour garder les enfants d’après l’INSEE.
Un rapport récent du Forum économique mondial sur les inégalités de genre confirme que les femmes ont perdu leur emploi davantage que les hommes (5 % contre 3,9 % chez les hommes, selon l’OIT) et ont subi plus fortement les conséquences psychologiques de la pandémie. Les données du Forum concernent 156 pays. Le rapport s’inquiète du recul qu’il évalue à une génération. Pour Saadia Zahidi, membre du comité exécutif du Forum économique mondial, et s’appuyant sur les chiffres de l’Organisation internationale du travail, « la pandémie a eu un impact fondamental sur l’égalité femmes-hommes, tant sur le lieu de travail qu’à la maison, faisant reculer des années de progrès ».
Comment lutter ?
L’ONG Oxfam, l’ONU Femmes comme les syndicats français réclament des plans de relance prenant en compte les questions de genre pour lutter contre ces inégalités.
Pour Oxfam, des solutions existent :
En France, sept syndicats, la CFDT, la CFE-CGC, la CGT, FO, la FSU, Solidaires et l’UNSA ont interpellé gouvernement et patronat à l’occasion du 8 mars.
Ils réclament en particulier que :
Pour ces organisations, « l’égalité entre les femmes et les hommes est l’un des leviers de sortie de crise indispensable ».
Sources