Une population très hétérogène et socialement marquée
Comme souligné déjà dans une étude de la DARES [4] publiée en février 2020, les NEET constituent une catégorie très hétérogène. Celle-ci va bien au-delà des décrocheurs ou des jeunes en difficulté à laquelle elle est souvent réduite. « Un tiers des jeunes sont sans emploi ni formation depuis trois mois ou moins. À l’inverse, près de la moitié sont dans cette situation depuis au moins un an », constituant ce que l’on pourrait appeler des « Neet de longue durée ». Les peu ou pas diplômés sont les premiers concernés : deux jeunes sur trois ayant un niveau de diplôme inférieur au CAP ou au BEP sont dans cette situation. Ceux dont les parents sont chômeurs ou inactifs sont aussi davantage concernés que les enfants de cadres ou de professions intermédiaires. Ainsi que ceux qui sont nés à l’étranger.
En 2019, en France (hors Mayotte), on dénombre environ 1,5 million de NEET, soit 12,9 % des 15-29 ans. Comme le précise la note de l’INSEE, « s’ils partagent le fait de ne pas être en emploi, leur position sur le marché du travail peut être variée : parmi eux, 47 % sont au chômage » (au sens du Bureau International du travail : voir note 3), « 20 % sont inactifs et souhaitent travailler mais ne remplissent pas les critères de disponibilité ou de recherche d’emploi pour être considérés comme chômeurs et appartiennent donc au halo autour du chômage et 33 % sont inactifs et déclarent ne pas souhaiter travailler, pour des raisons diverses (s’occuper d’enfants, problèmes de santé, etc.) ».
Ces chiffres sont à comparer avec ceux des jeunes « non NEET » : 51 % sont en emploi, 43 % sont sans emploi mais poursuivent leurs études initiales et 6 % ont repris des études ou suivent d’autres formes de formation.
Fait important, les NEET sont majoritairement des femmes : 13,7 %, contre 12,1 % pour les hommes. Cet état de fait dépend toutefois de l’âge. Jusqu’à 21 ans, les femmes, plus fréquemment scolarisées, sont moins souvent NEET que les hommes. À partir de 22 ans, la tendance s’inverse, pour divers facteurs liés au marché du travail et à la maternité : « les femmes, malgré une scolarisation plus longue et un taux de chômage globalement plus faible, ont un taux d’emploi qui progresse moins avec l’âge ; elles sont en effet plus souvent inactives, souvent en raison de la naissance d’un enfant. En moyenne, entre 2015 et 2019, parmi les NEET, près de deux femmes sur trois âgées de 25 à 29 ans sont mères, soit deux fois plus que parmi celles en emploi, en études ou en formation ».
À noter que cet écart de 1,6 point entre les femmes et les hommes est plus faible que la moyenne européenne (3,7 points). Cependant, à tout âge, la part de NEET reste plus élevée en France que dans la moyenne européenne.
Une évolution importante entre 2003 et 2020
La part des NEET parmi les 15-29 ans a évolué depuis une vingtaine d’années. Aux alentours de 13 % entre 2003 et 2008, elle s’est élevée de 14,7 à 15,1 % de 2009 à 2012. Cette année-là, dans le cadre de sa stratégie UE 2020, l’Union européenne a placé la lutte contre le décrochage scolaire dans ses priorités. La France a alors mis en place une politique volontariste de lutte contre les sorties sans diplôme du système scolaire, politique qui a porté ses fruits (13,8% en 2013, 12,4 en 2019), même si le décrochage scolaire ainsi que le nombre de jeunes sans formation ni emploi demeurent encore trop forts et inacceptables. La crise sanitaire a marqué un arrêt brutal de cette tendance positive à la baisse et une augmentation forte de la part des NEET (13,5 % en 2020, hausse moyenne sur l’année surtout due à un bond sur le deuxième trimestre, pendant le premier confinement), augmentation qui risque malheureusement de se poursuivre en 2021.
Dans ce contexte, les diverses réflexions et consultations menées sur les conditions de vie et d’emploi des jeunes, ainsi que le projet d’évolution d’une garantie jeunes vers une garantie jeunes universelle prennent totalement sens.