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Les clés du social : Pauvreté et réussite scolaire

Pauvreté et réussite scolaire

Publié le 20 mai 2015 / Temps de lecture estimé : 2 mn

La réforme du collège déchaîne le débat, ou plutôt les réactions politiciennes. Une facette essentielle, rarement formulée, pose la question des possibilités de réussite pour les enfants pauvres dans l’école et le collège d’aujourd’hui : une autre façon de poser la problématique et d’avancer sur la question du collège !

La situation

Or, pourtant, Eurostat estime qu’il y a en France 1,2 million d’enfants et d’adolescents très pauvres, c’est-à-dire en-dessous du seuil de 50 % du revenu médian en France. Alors que « la corrélation entre le milieu socio-économique et la performance (est bien plus marquée en France) que dans la plupart des autres pays de l’OCDE », selon Pisa (OCDE), cité par le rapport de l’Inspection générale de l’Éducation nationale [1]. Il continue de citer : Le système d’éducation français « est plus inégalitaire en 2012 qu’il ne l’était 9 ans auparavant (…). En France, lorsqu’on appartient à un milieu défavorisé, on a clairement aujourd’hui moins de chances de réussite qu’en 2003 ». Et le problème était déjà clairement posé bien plus tôt : en 1992, un rapport Joutard s’intitulait « Grande pauvreté et réussite scolaire, changer de regard ».

La question est sociale, quand on vit dans une famille pauvre, avec des difficultés de logement, de nourriture, de santé, d’accès à la culture… Or, les fonds sociaux pour les élèves pauvres ont été divisés par 2 entre 2001 et 2014 (de 75 M à 40 M entre 2001 et 2007 ; de 40 M à 32,1 M entre 2008 et 2013 ; 34,6 M en 2014 et 45 M en 2015).

Mais la question est aussi pédagogique, avec un système scolaire peu inclusif, qui ne permet pas la réussite de tous, concentré sur la sélection des meilleurs. Les rapports successifs de Pisa insistent sur l’accroissement des inégalités par le système éducatif français.

Comment progresser pour la réussite de tous ?

« C’est à partir des progrès des enfants des familles les plus défavorisées que nous pourrons mesurer la capacité de l’école à les faire réussir tous », affirme l’avis du Cese, présenté le 12 mai [2]. Et c’est bien de cela qu’il s’agit dans la nécessaire réforme du système éducatif.

Les deux rapports, élaborés de façon concertée et rendu publics le même jour, n’ignorent pas les innovations mises en œuvre par une partie des enseignants, mais aujourd’hui isolées et non démultipliées. L’un et l’autre ont de multiples propositions, qui vont d’une meilleure connaissance de la grande pauvreté, la concentration des efforts et des moyens sur ceux qui en ont le plus besoin (fonds sociaux, postes enseignants…), la réalisation de la mixité scolaire, l’accompagnement du travail personnel des élèves, le développement d’une pédagogie attentive à la compréhension et d’une pédagogie de la coopération, la réduction des inégalités dans l’orientation, la formation des enseignants et des personnels de direction, le soutien et l’organisation de l’essaimage des innovations pédagogiques réussies, l’ouverture de l’école aux parents pour réussir l’intégration …

…Et permettre à tous d’atteindre le socle fondamental de connaissances et compétences à la fin de l’école obligatoire. C’est tout cela qui se joue dans la réforme du collège !


[1(*) Rapport IGEN – Grande pauvreté et réussite scolaire – Le choix de la solidarité pour la réussite de tous : http://cache.media.education.gouv.fr/file/2015/52/7/Rapport_IGEN-mai2015-grande_pauvrete_reussite_scolaire_421527.pdf

[2(**) Avis du Cese (Comité économique, social et environnemental) - Une école de la réussite pour tous : http://www.lecese.fr/travaux-publies/une-cole-de-la-r-ussite-pour-tous